Voici, aujourd'hui, un ouvrage qui fait le bonheur de celui qui le présente. Non pas parce que ce dernier pense avoir des compétences supérieures à ses confrères pour faire sa présentation mais parce que le propriétaire de l'ouvrage, en me confiant sa vente, m'accorde sa confiance.
Pour les nations européennes qui s'étaient engagées au
17eme siècle dans la conquête du monde, dresser l'inventaire des flores locales
constituait un enjeu prioritaire. Assez vite, en effet, les scientifiques s'intéressèrent à la pharmacopée indienne afin de permettre à
des apothicaires de s'installer pour soigner la communauté expatriée. De
volumineux herbiers furent alors préparés par les Portugais, les Hollandais et
les Anglais...
Dans ces eaux tropicales, une
multitude de pathologies jusqu'alors inconnues décimaient alors
les Européens. La gamme de plantes médicinales traditionnellement connues des européens était relativement peu étendue, en tout cas largement insuffisante pour
leur permettre de créer de nouveaux remèdes. De plus, lorsqu'ils arrivaient en
Inde, après de longs mois passés en mer, la plupart des médicaments européens
étaient si altérés qu'ils ne parvenaient même plus à soigner les affections les
plus courantes... Dans ce contexte, la connaissance des plantes non européennes
et leurs propriétés curatives constituent un enjeu vital !
Dès le début du XVIe siècle, les Portugais explorent la
diversité biologique du continent. Les Hollandais emboîtent le pas aux
Portugais quelques décennies plus tard. Dans les années 1610, ils ouvrent une
boutique d'apothicaire à Batavia - l'actuelle Djakarta - puis un jardin
botanique pour y cultiver les plantes médicinales importées de différentes
régions d'Asie du Sud-Est. Mieux implantés dans l'océan Indien que leurs
concurrents anglais, les Hollandais utilisent alors leur connaissance de la
flore tropicale asiatique pour exporter et cultiver les plantes dans des zones
stratégiques de la région, comme au cap de Bonne-Espérance, à Batavia et à
Ceylan.
L'ouvrage que nous proposons aujourd'hui à la vente est
une compilation des plantes référencées sur les cotes de l'Inde. Elle fut menée
par Hendrik Adriaan Rheede
tot Drakestein [vous pouvez l'appeler Henrick Van Rheede], membre de la
puissante Compagnie des Indes Orientales en 1657, puis Commissaire de la cote
de Malabar (portion ouest du littoral de L'Inde) de 1669 à 1676, et enfin
Commandeur Général de l'Inde.
Au cours des années 1670, il entreprend un travail
gigantesque sur la flore de cette région. Il se fait épauler par des
spécialistes indigènes qui identifièrent les plantes avec leur nom local et
décrivirent leurs utilisations. Au total, Avec ses douze volumes in-folio et ses 791 gravures en
noir et blanc, le Hortus indicus malabaricus
deviendra vite la référence en ce qui concerne la flore du sud de la péninsule
indienne.
La pharmacopée de Van Rheede sera publiée à Amsterdam
entre 1678 et 1693, en partie à titre posthume. Le nom des plantes
est donné en quatre langues à savoir : Latine, arabe, Konkani et Malayalam –
deux langues indiennes.
C'est l'une des meilleures publications
en sciences botaniques jamais publiées. Mais, attention ! Ce n'est pas
une présentation synoptique et aucun des auteurs concernés par la description
d'une plante n'avait pour objectif de la classer en fonction de ses caractéristiques
physiques. Pour eux, il s'agissait avant tout de la reconnaitre et de
répertorier ses usages ! Pierre
RHEEDE
TOT DRAAKESTEIN (Henrik Adrian van). Hortus Indicus malabaricus, continens Regni malabarici apus Indos celeberrimi
omnis generis Plantas rariores, Latinis, Malabaricis, Arabicis, & Bramanum
Characteribus nominibusque expressas, [...] Notes et commentaires de Arnold
Syen. Amsterdam: Johannis van Someren et Johannis van Dyck, 1678. Premier
volume in-folio sur les douze de l'édition complète (38 x 27cm). Frontispice
gravé, 57 planches de botanique montées sur onglet. Édition originale. Reliure
contemporaine pleine basane cerise, plat estampé et orné en son centre d'un
motif végétal doré, dos à nerfs, pièce de titre et lettres dorées, tranche
supérieure dorée. Restauration récente, toutes les planches ont été remontées
sur onglet. Tête de série de la
collection complète en 12 volumes dont le dernier fut publié en 1703. Brunissement
des planches. Bon état général. Extrême rareté. 8400 € + port
1 commentaire:
Un ouvrage qui ne démériterait pas dans les vitrines exposées pour le salon du livre ancien, au Grand Palais... Pierre
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