mardi 14 octobre 2014

De Paris à Samarkand par Mme Ujfalvy-Bourbon. La belle édition...


Avant Alexandra David-Neel, la France connaît mal ses grandes voyageuses. Pourtant, aventurières, artistes, expatriées, touristes, colon(e?) s, militantes, premières femmes journalistes, ethnologues de terrain ou missionnaires, elles sont nombreuses à avoir pris la route avant 1900 pour la Sibérie, le Sénégal, la Chine, le Brésil ou la Perse et souvent triomphé d'épreuves impressionnantes.


Les récits des premières voyageuses françaises s'inscrivent dans l'histoire du XIXe siècle, ce siècle d'expansion des connaissances et des territoires, de prosélytisme culturel, social et religieux. Destinées, par la mentalité de l'époque, plutôt à une vie domestique qu'à l'aventure, ces auteurs(e?) fonderont les prémices d'une littérature féministe…


Françoise Lapeyre dans un ouvrage consacré à ces voyageuses du XIXe siècle nous dit dans sa préface : "Au XIXe siècle, on court le monde, on explore, on conquiert, on découvre le proche comme le lointain, on crée des sociétés savantes, des musées, on dresse des inventaires et des cartes, on mesure, on défie si bien l'inconnu qu'entre faire la guerre, coloniser, évangéliser, étudier, explorer, commercer, émigrer et visiter, nombreuses sont les raisons de prendre la route. S'il y a des hommes pour partir au loin, il y a aussi des femmes même au début du siècle quand le déplacement est terriblement périlleux et inconfortable."


En 1812, par exemple, l'actrice Louise Fusil, surprise dans l'incendie de Moscou, n'a pas d'autre choix que de refluer vers la Bérézina avec l'armée napoléonienne. En 1817, Rose de Freycinet, embarquée clandestinement sur un navire de la Marine Royale, entreprendra un tour du monde de trois années. Charlotte-Adélaïde Dard, en 1816, survit au naufrage de La Méduse. En 1840, tout auréolée de la gloire de son aventure, Léonie d'Aunet rentre du monde glacial du Spitzberg pendant que Louise Bachelet traverse le Paraguay en guerre pour rejoindre une petite société française au Brésil.


Les voyageuses parties faire l'expérience du monde, entraînées elles aussi dans la dynamique générale de l'expansion des connaissances, se sentent en mission pédagogique et, au retour, publient le récit de leurs aventures. Partir et écrire : double émancipation dans une société qui voulait limiter le territoire des femmes à la vie domestique.


Cet engouement pour les relations de voyage, de naufrages, d'exploration, va d'ailleurs bénéficier tout naturellement à la diffusion des témoignages qu'elles rapportent sous forme d'ouvrages comme ici, ou dans des articles. À côté de périodiques qui visent la culture du lecteur comme la Revue des deux mondes, Le Musée des familles, Le Magasin Pittoresque, la publication du voyage, par excellence, c'est Le tour du monde fondé par Édouard Charton !


Dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente, Marie de Ujfalvy-Bourdon (1845-?) accompagne son mari en mission jusqu'en Sibérie. Elle partage ses travaux d'ethnologue et de linguiste dont elle rend compte comme de tout l'univers de son voyage. Le texte s'appuie sur de remarquables gravures sur bois et est présenté dans un remarquable écrin en percale illustrée de motifs dorés. Un ouvrage jamais ravalé en salle des ventes... Pierre


UJFALVY-BOURDON (Marie de). De Paris à Samarkand. Le Ferghanah, Le Kouldja et la Sibérie Occidentale. Impressions de voyage d'une parisienne. Paris, Hachette, 1880. Un volume in folio. Reliure plein cartonnage éditeur décoré d'une plaque de Souze sur chaque plat, gardes colorées, tranches dorées. 487 pages. Ouvrage illustrées du portrait de l'auteur en frontispice et de 273 gravures sur bois et de 5 cartes dont une en couleurs. Petit défaut d'usure, quelques rousseurs, pas de cahiers déréglés. Bon état général.  Vendu

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