Longtemps a persisté l'image traditionnelle d'un français si jaloux de préserver la pureté de sa langue maternelle qu'il refusait d'en apprendre aucune autre… Il est clair que ce portrait doit subir à présent quelques retouches. D'un côté, les enfants des regroupements familiaux parlent, entre-eux, leur langue maternelle dans la vie courante et le français n'est utilisé à l'école que comme un utile moyen d'échange. De l'autre côté, les enfants d'origine française délaissent leur propre langue pour utiliser le tremplin que leur offre les langues étrangères dans leur cursus professionnel. C'est dire si la traduction, en français, d'ouvrages d'origine étrangère devient de plus en plus une niche littéraire…
Voici cependant à la vente, aujourd'hui, la traduction d'un
ouvrage de Makepeace Thackeray (1811/1863) qui a fait, en 1846, un véritable coup d'état
dans le royaume des vocables britanniques et avec un tel succès que le mot
"snob" qui désignait en 1781 un savetier allait dorénavant devenir
dans tous les pays, le nom patronymique d'une variété de gens de la bonne
société : les snobs ; personnes admirant platement les choses vulgaires…
Vulgaire étant pris dans un sens large puisque le snob manquerait de sens critique.
Mais qu'est-ce donc qu'un snob aujourd'hui ? Si l'on en
croit M. Larousse, il s'agit d'une personne qui affecte et admire les manières,
les opinions qui sont en vogue dans les milieux qui passent pour distingués et
qui méprise tout ce qui n'est pas issu de ces milieux…
Il faut donc dénoncer cette équivoque qui fait que le
snob serait justifié s'il n'était qu'une personne dont le concours est
indispensable pour imposer, par exemple, Debussy ou Picasso contre une opinion
générale aveugle ou sourde. Thackeray va plus loin : il accuse de snobisme tous
les hommes qui aiment aveuglement les valeurs factices – Bourgeois,
gens d'église ou militaires, dignités héréditaires, puissances d'argent,
opinions reçues sans contrôle, etc…
Cet ouvrage est donc un ouvrage d'avant-garde qui peut
encore se lire 150 ans plus tard sans qu'il ait pris une ride. C'est une vaste
fresque sociale puisée dans la foire des vanités… Et je me demandais alors si
l'on pouvait considérer les bibliophiles comme des snobs ? Pierre
Le livre des snobs. Traduit
de l'Anglais avec l'autorisation de l'auteur par Georges Guiffrey. Paris, Librairie L. Hachette et Cie, 1867.
1 volume in-12 (18,5 x 12 cm). Reliure demi-chagrin noir, dos à nerfs, caissons
fleuronnés, titre encadré d'un filet doré, lettres dorées, gardes colorées. 248
pp. Très bon état. 35 € + port
Le livre
des snobs. Traduction nouvelle et intégrale de Eugène Rocart. Bruxelles, la Boétie, sd (1945). In-8 Carré. Broché à couverture
illustrée. 142 pages. Bon état. 13 € + port
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