lundi 1 avril 2013

Toros muertos de Lucien Clergue. La mort en habit de lumière...

Feria d'Arles
Pas plus aficionados que ça, mais conscient que la tradition tauromachique, ancrée dans le pourtour méditerranéen, est autre chose que la simple boucherie que les "anti" nous présentent, j'ai rencontré, ce dimanche à la maison, des jeunes qui revenaient d'une corrida à Arles. Pas vraiment le type de tueurs sanguinaires qu'on veut nous montrer ; des jeunes qui vous parlent en connaisseur de la corrida, sans bave au coin des lèvres...


J'ai regardé à la boutique, ce matin, si des artistes qu'on ne pouvaient taxer d'être des brutes primitives s'étaient intéressés à ce combat à l'issue duquel le taureau est mis à mort. J'ai pensé que Lucien Clergue, célèbre photographe, avait bien traduit cet instant à travers ses photographies prises à Arles, Nîmes et Beaucaire.


Il est d'autant plus courageux de présenter ce florilège photographique que l'artiste ne s'est pas intéressé au spectacle avec ses instants flamboyants et riches en couleurs où l'on immortalise le torero en habit de lumière, cambré à l'excès, narguant le taureau au péril de sa vie (la place est plus dangereuse que sur les strapontins des arènes). Non ! Ici, c'est le taureau mourant qui est immortalisé. Il y a dans ces clichés un côté voyeur assez malsain, je trouve. Mais n'est-ce pas là, le socle du métier de journaliste que de remuer la fange ? Les clichés de guerre valent-ils mieux ?


On pourrait faire preuve d'un angélisme béât en affirmant que l'homme serait une libellule butineuse vivant d'amour et d'eau fraîche si la société ne le corrompait pas… Foutaise. Apprenons à vivre avec nos contradictions et ne cédons pas au découragement ! La libellule, elle-même, est sujette au harcèlement sexuel des mâles qui la prennent de force, même pendant la ponte ! Le gang bang, à côté, c'est une réunion de catéchèse…


Réalisée par Jean Petit, cette plaquette, publiée à Paris aux Éditions Editec en 1963, réunit vingt-huit photographies de Lucien Clergue et s’achève par les postfaces de Jean Cocteau et de Jean-Marie Magnan, tous deux proches de Clergue et aficionados comme lui.


À ce propos, Cocteau écrit : « Il m’est arrivé, aux arènes de Nîmes et d’Arles, au lieu de regarder le duel central, de suivre Clergue en chasse autour de la piste. Rien de plus singulier que ce spectacle d’un merle à qui le bec jaune d’une casquette ajoute une ressemblance, sautillant et vif, son œil rond tendu vers les moindres manifestations de l’extraordinaire ». Je vous propose, bien évidemment, l'édition originale. Il y a eu des rééditions. Pierre


CLERGUE (Lucien). Toros muertos. Éditions Editec, collection Forces vives, Paris, 1963 [postfaces de Jean Cocteau et Jean-Marie Magnan]. Relié, Cartonné toilé, avec sa jaquette en rhodoïd. Livre de format 27,5 cm carré. 52 pages, 30 Photographies en noir et banc. Bon État. Rare en édition originale. Vendu

6 commentaires:

calamar a dit…

hum... j'aurais peut-être dû accepter de participer à ces réunions de catéchèse...

Pierre a dit…

C'était une image (pieuse)... Pierre ;-))

sebV a dit…

Et surtout les libellules sont des prédatrices carnivores hors pairs. :)

Pierre a dit…

Les carnivores ont-ils le privilège de la cruauté ? Bonne question : je pars à la chasse des herbivores cruels... Pierre

le taureau espagnol, lui même, qui est herbivore ne vous laissera pas entrer dans son territoire. Quand il vous charge, il vaut mieux se mettre à l'abri d'une barrière.

Anonyme a dit…

Le taureau de combat est en effet brave et noble, c'est-à-dire qu'il charge tout ce qui le dérange, fût-ce une libellule, et toujours droit devant lui, sans dévier, les mêmes qualités que se devaient de posséder les soldats des armées napoléoniennes.
Aujourd'hui on dirait plutôt qu'il est susceptible et idiot. :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Vu sous cet angle, pas étonnant qu'il soit piqué au vif ! Pierre