C'est un article dans La Provence qui m'a fait choisir l'ouvrage à présenter aujourd'hui. En effet, la demeure familiale de Charles Maurras léguée par la famille à la ville de Martigues est comme la dernière chausse-trappe tendue par cet archéo-royaliste à une cité archéo-communiste…
" Le lys et la faucille
(avec le marteau) ne font pas bon ménage. Cette alliance contre-nature et
inédite a pourtant été scellée à Martigues... Il ne s'agit certes pas d'un
mariage politique mais d'un accord patrimonial. Une mairie communiste qui
hérite d'une bastide ayant appartenu à un royaliste, ultra-nationaliste et
farouchement anti-révolutionnaire, l'histoire n'est vraiment pas banale ! Cette
bastide, c'est la Maison du Chemin de Paradis dont l'ancien propriétaire
n'était autre que Charles Maurras, le célèbre fondateur de l'Action française,
mort il y a un peu plus de soixante ans.
C'est dans cette même bastide qu'en septembre 1997, s'était
déroulée une cérémonie officielle : feu Jacques Maurras, le neveu et fils
adoptif du penseur de droite droite, remettait les clés du domaine au
maire Paul Lombard pour 1 franc symbolique. "Mon mari n'avait fait
qu'appliquer les dernières volontés de son père, raconte Nicole, l'épouse
de Jacques Maurras, qui est décédé en 2004. Charles Maurras avait lui-même
entrepris les démarches, au sortir de la guerre, pour que le domaine familial
soit cédé à la Ville de Martigues mais à l'époque, le conseil municipal avait
refusé". Il faut dire que le contexte n'était pas du tout favorable à
une telle offre ! Le 28 janvier 1945, Charles Maurras, qui fut un soutien
inconditionnel du régime de Vichy, venait d'être condamné pour intelligence
avec l'ennemi à la réclusion criminelle à perpétuité ; l'écrivain perdait par
la même occasion son fauteuil à l'Académie française...
Il aura donc fallu attendre plus d'un demi-siècle pour que
le "voeu sacré" et testamentaire de l'ancien propriétaire
des lieux, mort en 1952, soit exaucé. Charles
Maurras était un amoureux de Martigues, il a glorifié la ville et c'est au nom
de la sauvegarde du patrimoine, architectural et littéraire, qu'il a souhaité
en faire don à la collectivité.
Mais pour la municipalité actuelle, avoir hérité de cette
bastide n'en reste pas moins, d'un point de vue idéologique, encombrant. Elle en fait une promotion à
contre-cœur. A l'entrée du domaine,
aucune plaque officielle rappelant le nom du donateur n'est accrochée. Et il ne
s'agit pas d'un oubli ! C'est aussi à titre exceptionnel, qu'elle ouvre ses
portes aujourd'hui à une centaine de royalistes, admirateurs du fondateur de
l'Action française.
Le plus grand laudateur de la ville fut pourtant Charles
Maurras. Le prestigieux ouvrage que je propose à la vente aujourd'hui en est
une preuve tangible. Parfaitement illustré, il est étayé d'une remarquable
étude historique et sociologique de la ville. Un livre qui appartient donc au
patrimoine provençal et qui dépasse de beaucoup les conflits politiques des
intervenants actuels…
D'un autre côté, nous sommes très mal placés pour donner des
leçons à Martigues, nous qui faute d'assumer notre passé, n'avons toujours
érigé de statue de Tartarin à Tarascon…
Pierre
MAURRAS (Charles). La République de Martigues. Paris,
Editions du Cadran, s.d. (1929). Un volume in-folio de 109 pp. Ouvrage broché,
couverture rempliée illustrée. Edition de luxe, tirée à 1000 exemplaires numérotés,
celui-ci est l'un des 950 sur vélin d'Arches. Texte illustré à chaque page de
reproductions photographiques d'après les clichés de Saint-Marc Jaffard, et de
bandeaux et lettrines gravées sur bois par Robert Joël. Menus défauts, quelques
piqûres sur la couverture. Bel état intérieur. Vendu
3 commentaires:
A Martigues tout est possible ; C'est en pensant à ses habitants qu'a été créé le mot "martingale", pour désigner une absurdité naïve.
Jean-Michel
Oui, mais alors quid de la martingale du vêtement ? Un accessoire absurde ? Dans cet ouvrage Maurras fait un sort à la tradition qui ferait du nom de la cité Martigues un dérivé du culte de Sainte Marthe - Marticum - Martigues... Pierre
S'il faut en croire les étymologistes, cet embryon de ceinture fixé sur le derrière d'une veste se nomme martingale par analogie avec les anciennes "chausses à la martingale" dont le pont est à l'arrière, d'une manière qui semble bizarre.
Jean-Michel
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