Hermann-René-Georges Paul, dit Hermann Paul, est né à Paris en 1864. Fils et petit-fils de médecins d'origine provençale, il abandonne rapidement des études scientifiques pour entrer à l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris, puis à l’Académie Julian. A partir de 1890 il réalise ses premières lithographies aux côtés de Bonnard, Vuillard et Toulouse-Lautrec.
Très engagé durant l'affaire Dreyfus, il travaille notamment
pour le Figaro, le Sifflet, le Cri de Paris, l’Assiette au Beurre et de très
nombreuses revues satiriques. Il développe dans ses dessins deux thématiques
qui lui sont chères : la dénonciation des atrocités commises par les
colonisateurs et toujours la laideur de la bourgeoisie. Ces idées l'amènent
tout naturellement à collaborer à la presse anarchiste et libertaire. Outre le fait d'avoir illustré de nombreux ouvrages comme
Don Quichotte de Cervantès, Carmen de Mérimée, l’Enfer de Dante, les Bestiaires
de Montherlant, La Caraco et La bête du Vaccares de Joseph d’Arbaud, les œuvres
de François Villon, il édita lui-même plusieurs albums, comme La Vie de
Monsieur Quelconque et La Vie de Madame Quelconque que je propose aujourd'hui à
la vente.
Raymond Geiger sut parfaitement résumer le talent singulier
d’Hermann Paul dans une étude qu’il lui consacra en 1929 : " Il a
l'honneur d'être de ces artistes qui ne font rien pour flatter le goût du
public, de ce public qui veut toujours être du dernier bateau. Il ne cherche
pas à plaire […] Pendant de longues années c'est du dessin qu'il usera pour commenter
le spectacle de la comédie humaine. Comment une âme bien née et jeune
accepterait-elle sans protester ce qu'elle voit des hommes et de leurs passions
? Emporté par un idéalisme sans faiblesse, il s'attaque à tout ce qui est
mesquin, vulgaire et bas. La grossièreté de la foule, la bêtise des corps
constitués, le grotesque et l'odieux des petits bourgeois, la vilenie des
politiciens, la turpitude des financiers, l'imbécillité des amateurs d'art, la
canaillerie des marchands, la bassesse, la cupidité et l'avarice des gens
riches, la niaiserie des boutiquiers, l'esprit borné et la férocité des
militaires, l'hypocrisie des prêtres, la vanité des mondains, n'ont pas de plus
cruel ennemi que lui ".
En 1905, il est élu professeur aux Beaux-Arts. Il préside la
société des dessinateurs humoristes, dont le siège se trouve à la tour de
Villebon, à Meudon dans les Hauts de Seine. Antimilitariste et pacifiste convaincu, il collabore à
« La Guerre Sociale » de Gustave Hervé. Au début du premier conflit mondial, il
se rallie à l'idée d'Henri Guilbeaux de lancer un journal pacifiste avant de
basculer, comme beaucoup d'autres, dans le camp des bellicistes. C’est probablement après avoir touché à la politique, qui
lui inspire finalement une grande répugnance, qu’il décide de passer la fin de
sa vie loin de Paris. Après avoir hésité entre différents lieux de séjour, il
décide de s’installer aux Saintes Maries de la Mer où il acquiert une maison
sise au numéro 6 de la rue Victor Hugo.
Son ascendance provençale explique sans doute son attirance
pour la Camargue où il vécut le dernier quart de sa vie en compagnie de ses
amis Joseph d’Arbaud et Folco de Baroncelli. Sa passion pour la Camargue et la
Provence en fit un des meilleurs peintres et illustrateurs de ce pays dont il a
cherché à nous révéler l’âme et la magie. A 75 ans il montait encore un cheval de sang, comme un jeune
homme et se promenait avec fierté dans son costume de gardian, au pantalon
marron, à la petite veste de velours sur une large ceinture noire, et portait
gaillardement le large feutre plat des Camarguais, qui ne ressemble à nul autre
En 1937, Hermann Paul avait fondé une association libre des
Amis de la Camargue qui regroupait tous ceux qui voulaient sauver son
patrimoine, ses traditions et ses paysages. Il avait fait restaurer, à
proximité du Pont du Mort, la croix qui se trouvait autrefois devant la mer et
dont le piédestal est une belle colonne grecque. Il contribua également à la
création du Musée Camarguais (actuellement Musée Baroncelli) dans l’ancienne mairie. Hermann Paul repose aujourd’hui au cimetière des Saintes
Maries de la Mer, où il mourut le 23 juin 1940 et son tombeau, œuvre de
l’architecte Marcel Bernard, porte, en pleine pierre, la Croix de Camargue
qu’il dessina en 1926. Pierre
HERMANN PAUL : La vie de madame quelconque, 1895. Suite
complète de 10 lithographies originales conservées dans leur couverture
imprimée d'origine. 1- Son enfance est heureuse. 2-Elle reçoit la meilleure
éducation. 3- Elle s'occupe de bonnes œuvres. 4- Elle a des succès dans le
monde. 5- Et ne tarde pas à goûter les extases de la lune de miel. 6- Puis les
joies de la maternité. 7- Et les ivresses de l'adultère. 8- Après quoi elle
revient aux charmes de la vie de famille. 9- Devient grand-mère. 10- Et
disparaît. (420 mm/330mm environ chaque planche). Lithographies. Épreuves sur
papier de Chine. Toutes avec un numéro et signées du monogramme dans le sujet.
Ensemble complet sans défauts. Peu fréquent à la vente dans cet état. 880 € +
port
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire