samedi 6 avril 2013

Jacques-Henri Lartigue, peintre des femmes...


Jacques-Henri Lartigue réalisa ses premiers clichés à l’âge de 6 ans, photographiant les dames au bois,  mais il ne sera reconnu qu'à 69 ans grâce à une exposition au MoMA de New York.  Ce préambule pour vous dire que tout espoir n'est pas perdu, ni pour vous, ni pour moi  ;-))


Dandy, homme à femmes, amateur de belles cylindrées, qu'on a longtemps pris pour un autodidacte talentueux qui cherchait à s’amuser, Jacques Henri Lartigue (1894-1986) est aujourd'hui reconnu pour la cohérence et la qualité de son œuvre photographique. Hypersensible, angoissé, le petit Lartigue réalise ses premières photos pour figer le temps qui passe. C’est son père qui lui offre son premier appareil, l’initie à la prise de vue (il est lui-même photographe amateur) et lui permet même de développer ses négatifs dans une chambre noire, installée dans la maison familiale. Ses photos ne sont donc d’abord qu’un moyen de se souvenir des choses "jolies, curieuses, bizarres" qui l’entourent, au même titre que le journal intime qu'il tiendra jusqu’à la fin de sa vie. Ses premiers instantanés montrent ses proches : Zisou son frère, Yéyé sa tante… Ce qui frappe dans ses clichés de jeunesse ? L’inventivité et la drôlerie d’un photographe amateur ! La cousine, engoncée dans son costume de la Belle Epoque, l'amie habillée en garçonne, la cigarette aux lèvres, fixée sur la pellicule comme sur une toile peinte. Et c'est vrai que ses photographies de jeunesse sont un peu comme des tableaux de peintre…


La première passion du photographe fut pour la vitesse et les bolides. Sa deuxième passion fut pour les femmes tant il est  vrai que la  douceur et le parfum de la peau féminine rappelle, à s'y méprendre, le plaisir de se blottir dans le cuir Connolly de certaines voitures anglaises*…


L’autre grande passion de Jacques Henri Lartigue, fut donc les femmes... Adolescent, il photographie souvent à leur insu les élégantes du bois de Boulogne, la dame "très attifée, très à la mode, très ridicule... ou très jolie" qui "se voit comme un faisan doré au milieu d’un poulailler".


Mais ces photos, volées ou non, sont l’occasion d’exprimer un regard ironique sur la belle société. Observez par exemple ces parisiennes aux toilettes spectaculaires... Jacques Henri Lartigue a l’intelligence de nous les montrer presque de dos, le visage caché par d’impressionnants chapeaux à plumes. Ces femmes anonymes, aux silhouettes identiques, sont interchangeables comme le sont aussi, les jeunes filles et les jeunes hommes de notre époque, me direz-vous !


Jacques Henri Lartigue n’a pourtant pas toujours la dent dure avec les femmes, surtout lorsqu’il immortalise ses nombreuses conquêtes, Madeleine Messager, la fille du compositeur André Messager (l'escarpolette), surnommée "Bibi", qu'il épouse en 1919, Marcelle Paolucci , "Coco", qu'il épouse en 1934 ou Florette Orméa qui restera sa compagne pendant près de 50 ans… C’est néanmoins son aventure de deux ans avec le mannequin Renée Perle qui lui donne l’occasion de réaliser ses plus beaux portraits. Se détachant en blanc sur le fond noir, la silhouette de la jeune femme, tout en courbes et arrondis, particulièrement harmonieuse, semble une icône de l’élégance des Années folles. La simplicité apparente de l'image révèle, en fait, un sens certain de la composition. Au fond, Jacques Henri Lartigue, artiste complet, photographiait comme un peintre, nous l'avons dit… Pierre

* Ou bien l'inverse ?


LARTIGUE (Jacques-Henri). J.-H. Lartigue & les femmes. Paris, éditions du Chêne, 1973. Un volume petit in-4 (20,5 x 27 cm). Percaline bleue illustrée avec son rare emboîtage jaune orné de clichés du photographe en couleur, l'ensemble très propre. 101 pp. Avant-propos extrait du journal de J.H.Lartigue. Vendu

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