Feria d'Arles |
J'ai regardé à la boutique, ce matin, si des artistes qu'on
ne pouvaient taxer d'être des brutes primitives s'étaient intéressés à ce combat à l'issue duquel le taureau est mis à mort. J'ai pensé que
Lucien Clergue, célèbre photographe, avait bien traduit cet instant à travers
ses photographies prises à Arles, Nîmes et Beaucaire.
Il est d'autant plus courageux de présenter
ce florilège photographique que l'artiste ne s'est pas intéressé au spectacle
avec ses instants flamboyants et riches en couleurs où l'on immortalise le
torero en habit de lumière, cambré à l'excès, narguant le taureau au péril de
sa vie (la place est plus dangereuse que sur les strapontins des arènes). Non !
Ici, c'est le taureau mourant qui est immortalisé. Il y a dans ces clichés un côté voyeur assez
malsain, je trouve. Mais n'est-ce pas là, le socle du métier de journaliste que
de remuer la fange ? Les clichés de guerre valent-ils mieux ?
On pourrait faire preuve d'un angélisme béât
en affirmant que l'homme serait une libellule butineuse vivant d'amour et d'eau
fraîche si la société ne le corrompait pas… Foutaise. Apprenons à vivre avec
nos contradictions et ne cédons pas au découragement ! La libellule,
elle-même, est sujette au harcèlement sexuel des mâles qui la prennent de force,
même pendant la ponte ! Le gang bang, à côté, c'est une réunion de catéchèse…
Réalisée par Jean Petit, cette plaquette, publiée à Paris aux
Éditions Editec en 1963, réunit vingt-huit photographies de Lucien Clergue
et s’achève par les postfaces de Jean Cocteau et de Jean-Marie Magnan, tous
deux proches de Clergue et aficionados comme lui.
À ce propos, Cocteau écrit : « Il m’est arrivé,
aux arènes de Nîmes et d’Arles, au lieu de regarder le duel central, de suivre
Clergue en chasse autour de la piste. Rien de plus singulier que ce spectacle
d’un merle à qui le bec jaune d’une casquette ajoute une ressemblance,
sautillant et vif, son œil rond tendu vers les moindres manifestations de
l’extraordinaire ». Je vous propose, bien évidemment, l'édition
originale. Il y a eu des rééditions. Pierre
CLERGUE (Lucien). Toros muertos. Éditions Editec, collection
Forces vives, Paris, 1963 [postfaces de Jean Cocteau et Jean-Marie Magnan]. Relié,
Cartonné toilé, avec sa jaquette en rhodoïd. Livre de format 27,5 cm carré. 52
pages, 30 Photographies en noir et banc. Bon État. Rare en édition originale. Vendu
6 commentaires:
hum... j'aurais peut-être dû accepter de participer à ces réunions de catéchèse...
C'était une image (pieuse)... Pierre ;-))
Et surtout les libellules sont des prédatrices carnivores hors pairs. :)
Les carnivores ont-ils le privilège de la cruauté ? Bonne question : je pars à la chasse des herbivores cruels... Pierre
le taureau espagnol, lui même, qui est herbivore ne vous laissera pas entrer dans son territoire. Quand il vous charge, il vaut mieux se mettre à l'abri d'une barrière.
Le taureau de combat est en effet brave et noble, c'est-à-dire qu'il charge tout ce qui le dérange, fût-ce une libellule, et toujours droit devant lui, sans dévier, les mêmes qualités que se devaient de posséder les soldats des armées napoléoniennes.
Aujourd'hui on dirait plutôt qu'il est susceptible et idiot. :-)
Jean-Michel
Vu sous cet angle, pas étonnant qu'il soit piqué au vif ! Pierre
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