Il y a plusieurs approches possibles pour faire la promotion d'un ouvrage, d'un auteur, d'un illustrateur ou d'un éditeur sur un blog bibliophile.
L'ouvrage que je vous présente aujourd'hui est illustré par Louis Jou ; vous connaissez déjà cet admirable artiste dont je vous en ai parlé maintes fois dans des billets précédents, ici, ici, ici, et encore ici : Soyons novateurs ! L'exemplaire proposé est une compilation de plusieurs auteurs de la Renaissance ; difficile de faire la biographie d'un écrivain sans blesser les autres… J'avais pensé à mettre en avant un texte ; celui de G. Morlini raconte l'histoire d'un jeune garçon qui, pris en flagrant délit d'adultère, fut sodomisé… sujet douloureux s'il en fut. Ce sera pour une autre fois ! Il me restait donc la possibilité de vous présenter l'histoire de la Maison Crès qui compte parmi les plus belles cartes de visite de l'édition française du début du XXe siècle.
Georges Crès est né avec la passion du livre. Il fut employé à 13 ans comme commis libraire à la librairie d'Augustin Challamel, et avait pour principale mission d'aller chercher chez les éditeurs les "rassortiments". Il y apprit pendant dix-sept ans en parfait autodidacte le métier d'éditeur. À l'âge de 18 ans, il collabore et publie quelques articles au Mercure de France sous le pseudonyme de Jean Serc. En 1908, soucieux de procurer à un public assez vaste de lettrés, mais aux moyens limités, des éditions d'œuvres convenables, bien imprimées, sur un papier solide, il a l'idée de créer la collection "Les Maîtres du livre" en collaboration avec Van Bever qui est d'ailleurs le traducteur de ces contes galants.
Ainsi, en se spécialisant dans l'édition bibliophilique de beaux livres, de quelques chefs d'œuvre de la littérature, véritable succès à l'époque, naquit l'aventure éditoriale de Georges Crès. Il fonda en 1913 une première maison d'édition Crès & Cie, puis en 1918 une nouvelle société sous la dénomination Éditions G. Crès et Cie qu'il dirigea à titre, entre autres, d'administrateur délégué.
Entre temps, en juillet 1916, il fonde et ouvre à l'instigation du ministère français des Affaires Étrangères, la première librairie française à Zurich "Les Éditions françaises", puis à Berne. En 1925, Georges Crès démissionne de sa propre maison d'édition (les manuscrits de sa correspondance juridique appartiennent au fond IMEC d'où j'ai tiré ces informations) et fonde une petite firme d'éditions sous le nom Les Arts et le Livre, puis Les Œuvres représentatives.
Vous comprendrez donc, maintenant, que ce blog - de haute réputation morale et destiné à un large public bibliophile - se devait de privilégier la carrière de Georges Crès, ce grand éditeur qui brille de son nom au fronton de l'édition française plutôt que l'histoire pathétique de cet infortuné galant, bien mal inspiré dans ses relations adultérines, qui fut sodomisé et donc doublement frappé de verges par le mari… Pierre (ça sent quand même la fin de semaine…)
VAN BEVER (Ad). Œuvres galantes des conteurs italiens de la Renaissance. Traduites en langage francois par Ad. Van Bever, avec la collaboration de Ed. Sansot-Orland. Édition décorée de quarante compositions originales dessinées et gravées par Louis JOU. Paris, G. Cres, 1921. In-8 broche, couverture rempliée. VI-200 pages, nombreuses illustrations gravées sur bois dans le texte et a pleine page. Exemplaire numeroté sur vélin de Rives. (N°312) 10 contes : Giovanni Fiorentino, Le marchand de Venise (et) La Nicolosa. - Masuccio, Le pape dans Rome. - Bandello, Le maître cocufie et le naïf serviteur. - A.-Francesco Grazzini, Le mort vivant. - Giraldo Cinthio, Le more de Venise. - A.-Francesco Doni, Le magnificat. - Pietro Fortini, Le moine mendiant. - Sabadino, La bonne nouvelle. - G. Morlini. Exemplaire en parfait état avec son cristal d'origine. Vendu
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4 commentaires:
Allez, je vais jouer un peu les râleurs, pour une fois. Je ne suis décidément pas trop amateur du travail de Louis Jou. En fait je n'aime ni ses personnages ni sa technique pseudo-seizième siècle. Et en fait de pseudo, je voudrois qu'on m'explique ce que viennent faire des imparfaits en -oi dans une tradoc de 1920. N'y pourroit-on point déceler comme une manière d'affectation ?
Son travail de dessinateur, de graveur et de typographe rappelle, par le style, la manière de faire des artistes de l'époque Renaissance. C'est pourquoi les éditeurs ont souvent fait appel à lui pour illustrer des textes de cette époque. Cela manque de légèreté mais c'est aussi sa marque si particulière. Dans ce cas, c'est l'éditeur qui a choisi une traduction françoise, sans doute un peu affectée, j'en conviens. Elle permet de prendre de la distance par rapport à un propos un peu grivois ;-)) Pierre
Un propos grivais ?…
:-D
Louis Jou est surtout renommé comme artisan du Livre, et sur ses plus belles réalisation il a tout conçu, du choix du papier aux fontes, du choix de l'encre à l'illustration, de la mise en page à l'impression. Ce n'est bien sûr pas le cas ici, mais ce livre reste cher aux amateurs, comme étant un rare témoignage d'un aspect plus léger de l'art de Louis Jou (qui a donné assez peu dans le curiosa...)
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