mercredi 16 novembre 2011

Voyage d'une parisienne dans l'Himalaya occidental par Mme Ujfalvy-Bourbon. 1867...

Avant Alexandra David-Neel, la France connaît mal ses grandes voyageuses. Pourtant, aventurières, artistes, expatriées, touristes, colon(e?) s, militantes, premières femmes journalistes, ethnologues de terrain ou missionnaires, elles sont nombreuses à avoir pris la route avant 1900 pour la Sibérie, le Sénégal, la Chine, le Brésil ou la Perse et souvent triomphé d'épreuves impressionnantes.


Les récits des premières voyageuses françaises s'inscrivent dans l'histoire du XIXe siècle, ce siècle d'expansion des connaissances et des territoires, de prosélytisme culturel, social et religieux. Destinées par les mentalités de l'époque plutôt à une vie domestique qu'à l'aventure, ces auteur(e?) s fonderont les prémices d'une littérature féministe…


Françoise Lapeyre dans un ouvrage consacré à ces voyageuses du XIXe siècle nous dit dans sa préface : Au XIXe siècle, on court le monde, on explore, on conquiert, on découvre le proche comme le lointain, on crée des sociétés savantes, des musées, on dresse des inventaires et des cartes, on mesure, on défie si bien l'inconnu qu'entre faire la guerre, coloniser, évangéliser, étudier, explorer, commercer, émigrer et visiter, nombreuses sont les raisons de prendre la route. S'il y a des hommes pour partir au loin, il y a aussi des femmes même au début du siècle quand le déplacement est terriblement périlleux et inconfortable.


En 1812, par exemple, l'actrice Louise Fusil, surprise dans l'incendie de Moscou, n'a pas d'autre choix que de refluer vers la Bérézina avec l'armée napoléonienne. En 1817, Rose de Freycinet, embarquée clandestinement sur un navire de la Marine Royale, entreprend un tour du monde de trois années. Charlotte-Adélaïde Dard, en 1816, survit au naufrage de La Méduse. En 1840, tout auréolée de la gloire de son aventure, Léonie d'Aunet rentre du monde glacial du Spitzberg pendant que Louise Bachelet traverse le Paraguay en guerre pour rejoindre une petite société française au Brésil.


Les voyageuses parties faire l'expérience du monde, entraînées elles aussi dans la dynamique générale de l'expansion des connaissances, se sentent en mission pédagogique et, au retour, publient le récit de leurs aventures. Partir et écrire : double émancipation dans une société (d'alors) qui veut limiter le territoire des femmes à la vie domestique.


Cet engouement pour les relations de voyage, de naufrages, d'exploration, va d'ailleurs bénéficier tout naturellement à la diffusion des témoignages qu'elles rapportent sous forme d'ouvrages, comme ici, ou dans des articles. À côté de périodiques qui visent la culture du lecteur comme la Revue des deux mondes, Le Musée des familles, Le Magasin Pittoresque, la publication du voyage, par excellence, c'est Le Tour du Monde, fondé par Édouard Charton.


Ce dernier, qui croit à l'image autant pour sa qualité esthétique que son pouvoir d'information, recrute les meilleurs graveurs de l'époque, Gustave Doré ou Riou si bien que l'extraordinaire iconographie de sa revue en fait un titre très apprécié dès sa sortie et de nos jours un objet de collection. Sur les cinq cents auteurs publiés, vingt-cinq sont des femmes. C'est peu, mais cette reconnaissance, a été le chemin vers l'égalité et la parité actuelle, vous l'admettrez !


Dans l'ouvrage que je propose aujourd'hui à la vente, Marie de Ujfalvy-Bourdon (1845-?) accompagne son mari en mission jusqu'en Sibérie et en Himalaya. Elle partage ses travaux d'ethnologue et de linguiste dont elle rend compte comme de tout l'univers de son voyage. Le texte s'appuie sur de remarquables gravures sur bois comme dans la revue de Charton. Un voyage à 65 €, c'est une opportunité à ne pas laisser passer, non ? Pierre


UJFALVY-BOURDON Mme de (Officier d'Académie). Voyage d'une parisienne dans l'Himalaya occidental. Paris, Librairie Hachette et Cie, 1887. Reliure demi-basanr lie de vin, dos à quatre nerfs titre en lettres dorées, filets noirs et dorés. Page de garde en papier coloré. Format in-12°. 452 pages. Ouvrage illustré de 64 gravures sur bois in et hors-texte, dont le portrait de Mme de Ujfalvy-Bourdon en frontispice par E. Ronjat et une carte dépliante en fin d'ouvrage. Voyage dans l'Himalaya occidental jusqu'aux monts Karakoroum : De Trieste à Bombay - De Bombay à Simla - Simla - Le Koulou - Les vallées de Mandi et de Kangra - Le Tchamba - Le Badhrawar et le Kichtwar - Le Cachemire - Srinagar et ses curiosités - Le Baltistan - Les environs de Srinagar - De Srinagar à Marri - Retour à Bombay. Rousseurs sur tranches et sur certaines pages. Cahiers bien solidaires. Bon état. Vendu

11 commentaires:

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

A l'époque où l'on vit, quand ont voit ce qu'on voit et qu'on entend ce qu'on entend, que les cahiers soient bien solidaires, c'est déjà énorme ! (sourire)

B.

Pierre a dit…

Ces cahiers sont un exemple pour nous... Pierre

calamar a dit…

les cahiers tous ensemble, tous ensemble, ouais !

Anonyme a dit…

A lire certains blogs, je finissais par penser que les femmes passaient le plus clair de leur temps à se déshabiller dans des bibliothèques. Mais non ! Certaines accompagnent leur mari en Sibérie. C'est énorme !
Textor

bertrand.bibliomane@gmail.com a dit…

Oui Textor ! Et c'est ainsi que des pans entiers de ce qu'on croyait s'effondre ...

vais me coucher tiens ...

B.

Anonyme a dit…

:))
S. qui n'a rien à dire d'autre.
C'est froid la Sibérie...

Anonyme a dit…

Il faut rendre hommage à ces femmes voyageuses qui ont bien plus de mérite que les hommes à effectuer leurs voyages, même de nos jours, eu égard à la précarité et l'insécurité que beaucoup d'endroits dans ce monde déversent à flots, mais qui en plus sont moins égoïstes à faire partager leurs impressions et les rencontres qui ont pu les marquer. Mon épouse a ramené tant de photographies et tant d'amitiés de ses escapades dans les steppes de Mongolie que c'est comme si j'y avais moi-même été ! :-)

Sinon, les réactions sur les cahiers bien solidaires m'ont fait passer un bon petit moment. Ils resteront je pense dans les annales.

Jean-Michel

Nadia a dit…

Y a-t-il seulement dans les voyages que les femmes ont plus de mérite ?




(aïe)...

Pierre a dit…

Jean-Michel a raison d'attribuer aux femmes de la témérité et une grande capacité à diffuser l'information... mais ceux qui en concluront qu'elle sont inconséquentes et bavardes auront tort ;-)) Pierre

(aïe)...

Anonyme a dit…

PFFFF.....
:)
S.

Anonyme a dit…

Certains des récits de ces voyageuses ont été republiés en version numérique chez eForge