lundi 7 novembre 2011

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : La femme française…


J'en veux à Lorédan Larchey d'avoir dévoilé un peu de ma vie privée dans un ouvrage singulier et à Pierre d'en avoir parlé sur son blog. Les gens oublieront vite mais, subséquemment, une foule d'admiratrices exaltées m'attendaient, ce matin, à la librairie pour des autographes à même la peau. Saperlotte ! Moi qui croyais le portrait peu flatteur... Il ne me restait plus qu'à fermer, dans un sourire, la porte de la boutique pour retrouver la nécessaire sérénité qu'impose la tenue d'une librairie ancienne [dont le fragile équilibre financier ne tient qu'à un bibliofil, mais vous le savez déjà si vous avez lu le B.D.B, hier soir].


Qu'on le veuille ou non, les Françaises sont bien jolies ! C'est en tout cas le constat que je fais, en ce moment, en jetant un regard discret à travers la vitrine alors qu'elles me regardent écrire ma fameuse chronique du lundi, à l'origine de ce sympathique attroupement. Prenons, pour le principe, un livre au hasard sur les rayonnages : Les grandes femmes de l'Europe par Albert Laporte.


Elles sont complexes, les Françaises… Comme la Provence elle-même, pays tempéré qui subit les plus ardentes sécheresses de l'été ou les pluies diluviennes de l'automne. Et qui de plus différent de la Tourangelle enjouée et calme que la Marseillaise exubérante, l'Arlésienne dévote et coquette, la Lorraine aux chairs rosées ou la Bretonne des côtes, brunie par la mer, âpre au travail mais remplie de rêves muets et de silencieuse activité ?


Donc, françaises mais disparates ; sœurs mais à peine cousines. De ce mélange est sorti cet être séduisant qui attend que je sorte de la librairie pour que je lui dise un mot, pour que je laisse tomber un compliment ou que j'effleure une main… Plus instruite que par le passé mais aussi sensible et intuitive qu'avant, et toujours attentive à tenir son ménage, nous le constatons chaque jour.


Car la femme Française, sait mener sa maison, sa famille, d'une main souple sans pour autant négliger le tour élégant de sa phrase ou de son corsage. L'élégance ! Encore une qualité bien française qu'il m'est donné d'admirer à travers la devanture, aujourd'hui. L'assortiment harmonieux des tissus, des couleurs, la simplicité à notes vives, nulle part dans le monde vous ne retrouvez ce goût expert pour la toilette. Cet amour du luxe est d'ailleurs le seul écueil à sa raison car si ce perpétuel renouvellement de séduisants chiffons est la cuirasse de la femme, il est aussi son point faible.


Les romanciers ont, à travers les siècles, tenté de rendre cette physionomie fine et sérieuse, variée comme le flot, sensible comme lui aux courants et aux brises. Bien peu l'ont figurée telle qu'elle est ; peu ont su deviner, dans la maîtresse du soir, la ménagère du matin, la maman toute la journée, cet être exquis mais complexe qui vous tend la main ; cette main fine et manucurée qui a coiffé les enfants, arrangé les fleurs dans le vase, feuilleté quelques livres ou tapé des rapports interminables au bureau avant d'être l'irréprochable compagne qui conduit son fils au catéchisme, téléphone pendant des plombes à sa meilleure amie divorcée, prépare le délicieux repas, déambule en nuisette affriolante avant de se coucher et comble d'épuisement amoureux un mari harassé par une journée de travail…


Mon succès vient peut-être de là. Je ne les idéalise pas mais je les regarde, je les écoute et les comprends. Il m'arrive même de leur vendre des livres sur elles-mêmes… Comme celui-ci. Votre dévoué. Philippe Gandillet


LAPORTE (Albert). Les grandes femmes de l'Europe. Paris, Théodore Lefevre éditeur, sd (1895). Reliure signée Charles Magnier, demi chagrin lie de vin, plat de percaline estampée, dos à 4 nerfs, filets dorés et cadres estampés entre les nerfs, titre en lettres dorées. Toutes tranches dorées, pages de garde en papier moiré. Format in-8. Fort volume de 371 pages. Biographies de : Isabelle d'Espagne, Catherine II de Russie, Elisabeth, les trois Marguerite, Catherine de Sienne, les deux Anne, Christine de Suède, Marie-Thérèse. Peu de rousseurs pour cet exemplaire en très bel état orné de 8 gravures hors texte et d'autant de vignettes en début de chapitre. Apologie de quelques grandes femmes qui ont marqué l'histoire. 54 € + port

21 commentaires:

Anonyme a dit…

Notre académicien a de nombreuses qualités, complaisamment décrites par Loredan Larchey, mais il faut y ajouter celle du serpent à sonnette qui hypnotise ses proies avant de se jeter dessus pour leur vendre un livre…

Textor

Anonyme a dit…

Les femmes sauront reconnaitre les accents de la sincérité chez votre serviteur et les signes de la jalousie chez tous les autres ;-))

J'ai oublié de préciser que cet ouvrage pouvait aussi être réservé par des hommes chérissant leur épouse. Ph Gandillet

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Moi, aujourd'hui je ne dis rien, hier m'a suffit, mais je n'en pense pas moins.

B.

Anonyme a dit…

Bon, bien, moi je dis quelque chose.
Les superwomen, y'en a marre.
Au 21ème siécle, le mari, l'amant, le petit copain, j'en passe et des meilleurs prend sa femme comme elle est, avec ses doutes et ses survétements déformés, fatiguée d'avoir couru tout le jour pour boucler son organisation, loin d'être impec. Elle a fait ce qu'elle a pu pour être à la hauteur de ses propres exigences, et quand , fatiguée, le soir, après avoir torché les marmots, elle s'entend dire, Deux points, ouvrez les guillemets,

mon amour, tu n'as jamais été aussi belle que ce soir, complétement affalée dans le fauteuil. Repose toi, comme gloire à ta beauté intérieure, je vais te mitonner un petit repas.

un point, fermez les guillemets.

Ha, un doux rêve que de croire cela.
je me reveille et vais de ce pas continuer ma journée.
Je ne m'en sens pas moins une grande femme.
Qu'à cela ne tienne, j'ai cru entendre ces doux mots.
;-))

Bien à vous,
Sandrine.

Nadia a dit…

J'adhère, bien sûr...
(pas plus pour ce soir, trop crevée, moitié malade, et c'est quand même moi qui ai préparé le repas..).

Pierre a dit…

Sandrine, j'adore votre commentaire ;-))

Je crois que les femmes ont mis, depuis quelques années, la barre trop haut pour elles et leur compagnon. Beaucoup de couples n'ont pas tenu face à cette idéalisation comme le dit (si bien) Ph Gandillet.

Toutes les femmes qui ont eu de grands destins, ont fait de grandes découvertes ou ont changé le monde l'ont fait au détriment de leur vie privée ou étaient très très bien entourées. Quand on est seule, c'est plus difficile.

Et je demande à ce que des petits moments de médiocrité soient aussi accordés aux hommes ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Soignez-vous bien, Nadia. Soirée Pilou jusqu'au menton et mouchoir dans la manche ? Et puis, entre nous, Philippe Gandillet, n'existe pas ;-)) Pierre

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Boîte de Mont d'Or chaud au Meursault blanc 1999 ce soir pour nous... Ma femme était à la gym... j'ai donné le bain aux deux marmots comme vous dites. Ah oui ! j'oubliais, j'ai aussi emmené cet après-midi le petit dernier (10 mois demain) chez le médecin pour un petit soucis de pas grand chose. Ma femme se reposait à la maison. Pour une fois. Je sais, ce n'est pas grand-chose mais l'homme progresse, je vous assure. Si si ! (sourire).

Bon, allez, je fais une fiche pour la librairie et je file au lit car demain matin c'est école pour l'une, nounou at home pour l'autre... ou de l'avantage d'être libraire-papa à domicile.

Sinon j'aime bien cette phrase d'Alexandre Dumas fils, extraite de sa pièce Francillon (que j'ai cataloguée hier soir ... d'où le lien...) :

"Les hommes sont lâches, les femmes sont bêtes ..., faites donc un monde avec cela !" (Dumas fils). Oui je sais... pas grand chose à voir mais j'avais envie de la placer.

Bonne nuit !

B.

Anonyme a dit…

Non, stupéfaction! C'est Dumas fils qui a dit ça? Où donc, son père a-t-il chuté pour que le fils dise cela? La mère, alors?
@ Bertrand, un papa moderne. Quelle chance pour cette petite famille.
@Pierre, merci pour ce compliment. Totalement d'accord avec vous.
@ Ah! Nadia, nous allons changer le web, à nous deux. J'ai bon espoir en tant qu'utopiste.
;-)
Prenez soin de vous.

Conseil qui vaut pour tous.
Bomme journée,
Sandrine.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

"Les utopies d'aujourd'hui sont les réalités de demain" (Victor Hugo)

En tant qu'utopiste procrastinateur je ne peux qu'adhérer.

Allez, je retourne à la comptabilité (je suis en train de faire les comptes du G20 de Cannes... j'en suis déjà à plus de 80 millions d'euros... va falloir se serrer la ceinture c'est moi qui vous l'dit !!)

B.

Pierre a dit…

Bertrand, vous êtes (nous sommes) un mari attentionné, un père aimant et un compagnon fidèle, nous nous en doutions.

Votre façon de désacraliser, avec humour, les ornements de l'amour peut surprendre les profanes, j'en conviens, mais amuse vos fans, cela compense...

Méfiez-vous cependant, comme moi, des dangers de la perfection. Les femmes vous leur donnez ça, elles vous prennent ça ! Pierre

(humour visuel)

Pierre a dit…

Deux remarques :

Victor Hugo m'ennuie... mais m'ennuie... De plus, c'est un auteur invendable !

Une boite (Mont d'or) à température ambiante, dont la pâte est étalée à la cuillère sur une tranche de pain dorée, servie avec un vin lourd un peu tannique compense l'accès au nirvana conjugal. Pierre

Anonyme a dit…

Ah! oui, cela ne fait pas de doute,
ici, il fait bon vivre, pour l'esprit.
Et je propose une autre mesure: qu'on crée un ministére des ornements sacrés de l'amour, qui comme les autres, ne servira à rien, sauf à faire de la comptabilité et préléver, de fait, des impôts.
Comme nous serons à l'origine de cette création, nous changerons certainement les régles en ce bas monde, pour plus d'égalité et de partage. L'amour pour tous. à intérêts multiplicateurs et croissants. Parce que, nous,(les femmes), nous le valons bien....

:)
Personne n'a rien dit sur cette superbe image d'Emmanuelle Béart.
S.

Anonyme a dit…

Je constate aussi, au fil de ces pages, qu'il y a beaucoup de tendresse sur ce blog. Elle se manifeste de différentes façons, même déguisée sous la taquinerie, mais c'est la marque d'un endroit où il fait bon se retrouver.

Nadia

Anonyme a dit…

Pour S. (Sandrine, j'imagine) :
Moi, moi : Elle a un beau chapeau...
Pour le reste j'ai dit par ailleurs ce que j'en pensais. :-)

Jean-Michel

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

En ce qui concerne Emmanuelle B., je me suis arrêté à Manon des sources... je sais ça date... mais voilà où j'en suis avec elle (sourire).

B.

Anonyme a dit…

C'est sûr cela date, mais quel souvenir, et quelle fraicheur.
Je relis le billet et remarque qu'il y avait un chagrin compris dans le lot, lie de vin, qui plus est.
Très joli livre, remarquablement paré d'une robe chagrinée lie de vin. Assorti à la robe de percaline qui ne se vend qu'à Paris, auprés de fins connaisseurs. Allez messieurs, n'hésitez plus sur cet article qui fera le bonheur de votre dame.
;-)
S.

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…
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Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Sandrine, ma femme vient de m'annoncer sur un ton guilleret qu'elle allait au Hammam Sauna pour finir par un petit resto ...

L'homme moderne va se remettre à la culture Zen (sourire).

B.

Nadia a dit…

Bertrand essaierait-il de nous dire (si d'aventure, nous ne l'avions pas compris toutes seules) qu'il est un époux parfait ?

Librairie L'amour qui bouquine Livres Rares | Rare Books a dit…

Oh non Nadia ! Loin de moi cette idée, vraiment. Mais j'y travaille ! (sourire)

PS : et je vous jure que mes papiers sont en règle et que je paye mes contraventions. (sourire)

B.