lundi 29 décembre 2014

Causerie du lundi de Philippe Gandillet : Prise illégale d’intérêts…


On me fait assez souvent l’honneur de déposer des courriers à la boutique de Pierre, le lundi quand j’assure la permanence de la librairie ; on m’envoie des lettres de recommandations, on me pose des questions pertinentes, on me demande conseil,  je reçois des réclamations,  des manuscrits, des poèmes…  J’emmagasine tout du mieux que je peux, c’est-à-dire dans le fond de mes poches, me promettant à chaque fois  - avec toute la sincérité dont je suis capable - de répondre aux lecteurs du blog dans les plus brefs délais. Puis je vais me promener dans la campagne qui entoure ma bastide provençale...

Dame !  Quand on a travaillé toute l’année à l’Académie à faire un dictionnaire, quand on a tenu toute la journée la librairie de Pierre en distillant à chaque client un peu de son savoir, on aspire à un légitime repos. Devine-t-on ce qui arrive ensuite ? C’est que ces lettres demeurent quelquefois au fond de mes poches, gouffres insondables et qui rendent rarement leur proie. C’est que mes projets épistolaires s’en vont au premier souffle qui passe et que le Mistral est un vent fort…  C’est que j’oublie, de la meilleure foi du monde, les engagements solennels que j’ai pris vis-à-vis de Pierre et de son remarquable blog.  

J’en suis, bien évidemment, le premier à m’en désespérer et à déplorer cette fatale étourderie qui doit  me valoir le ressentiment de quelques lecteurs. Mais qu’y faire ? Je ne suis qu’un dilettante à tendance schizophrénique. Je ne suis qu’un homme de rêverie et de frivolité. On aurait bien tort de me prendre au sérieux… Ô mes chers lecteurs ! Tachez de m’excuser et de me prendre tel que je suis !

Cependant, entre tous les désagréments que je dois à ce regrettable penchant, il en est un qui se reproduit quelquefois et qui me cause des scrupules bien plus lancinants. Certains de mes correspondants, flairant ma négligence et mesurant fort judicieusement les limites de ma probité, jugent à propos de joindre une petite coupure de monnaie (le billet de 50 € est la règle) à leur message. Ils espèrent, par ce moyen, m’obliger à répondre. C’est très adroit, peut-être, mais c’est un peu humiliant pour celui qui le reçoit, tout de même… On m’affirme pourtant que ce serait un usage très répandu chez les contributeurs du blog de Pierre.

Usage ou non, je trouve cette pratique condamnable dans son principe mais recevable au vu des résultats escomptés. Ces explications fournies, j’en donnerai pour preuve la célérité avec laquelle je vais répondre, ce matin, à une honnête proposition commerciale déposée dans la boite aux lettres de la librairie.


Cher Maitre,

Il m’arrive de plus en plus fréquemment, en me lavant le matin, d’hésiter entre les innombrables savons, crèmes et autres produits d’hygiène intime qui sont disposés sur les étagères de la douche. Un triste constat m’est alors apparu, ce matin : on n’a jamais proposé aux hommes de produits d’hygiène spécifiques à leur nature. Je souhaite me lancer dans ce créneau inexploré et compte faire fortune rapidement. Accepteriez-vous un droit à l’image ?  Christophe B**


Cher Christophe,

On s’éloigne de la bibliophilie mais votre idée me semble judicieuse. Je vous autorise à mettre mon portrait sur les flacons qui serviront à la toilette des membres qui en bénéficieront. Votre dévoué. Philippe Gandillet

2 commentaires:

christophe a dit…

merci maitre.

Anonyme a dit…

Vous voyez bien, Christophe, que je n'oublie pas la teneur de nos conversations de comptoir... ;-) Ph Gandillet