lundi 11 novembre 2013

Léon Daudet : Tout ou presque…


Maurras, Bainville, Léon Daudet : mal aimés des lettres françaises, non par manque de talent mais par manque de discernement ! Le troisième en est l'exemple emblématique ; certains ne connaissent Léon Daudet,   le "gros Léon ", ce médecin manqué, cet orateur de talent, ce patriote convaincu que par ses provocations et ses dons de polémiste ! Je vous parlerai aujourd'hui de l'homme.


Il y a maintenant cinquante neuf ans (mon age, aujourd'hui), Léon Daudet partait, victime d'une "attaque". Quoi de plus normal pour le redoutable bagarreur, le meneur d'homme qu'il était !
Il était rancunier : A 18ans, pendant ses années de philosophie, il s'est nourri des pensées de Schopenhauer car il parle allemand, non pas parce que c'est la langue de la raison mais parce qu'il faut connaître la langue de ses ennemis, en l'occurrence, "les boches" qui viennent de nous prendre l'Alsace et la Lorraine.
Il était xénophobe : Il s'inscrit à la faculté de Médecine en 1885 mais sa sensibilité résiste mal aux odeurs, au pus, aux autopsies et à l'examen d'internat. C'est donc sans trop de regret qu'il fait son service militaire dès la troisième année et qu'il rentre en politique en adhérant à un journal antisémite dirigé par Drumont dont son père avait financé la publication de sa "France Juive". On pourrait invoquer une foi catholique exacerbée. Il n'était pas croyant à cette époque. Il croyait simplement aux histoires colportées sur les juifs...


Il était volage : Il épouse en première noce Jeanne Hugo, petite fille du Grand Victor. Après deux ans de brouille et de réconciliation, ils divorcent en janvier 1995.
Il était anticlérical : Son roman "Suzanne" nous fait découvrir des curés devenus des satires en soutane qui ne trouvent d'ailleurs guère plus de valeurs à ses yeux que les "maçons" ou les "dreyfusards"…
Il était influençable : Comme son père, il épouse en 1903 une "Demoiselle Allard", plus jeune que lui. Sous l'influence de cette jeune femme catholique, royaliste, Léon Daudet à 35 ans fait un revirement complet. A la sortie du mariage, religieux cette fois, les mariés sont ovationnés au cri de "Vive le Roi". Léon est entré dans l'église républicaine, il en ressort, royaliste, monarchiste et catholique convaincu. Il le restera toute sa vie.


Il était arrogant : En devenant Directeur de la revue "l'Action Française", quotidien qui fera parler de lui jusqu'en 1944 et qui tirera jusqu'à 100.000exemplaires, il va posséder un pouvoir de nuire qu'il va mettre au service de la lutte contre la république, les boches et les juifs ! L'affaire Thalamas, agrégé d'histoire "Anti-France" qui mit en cause la virginité de Jeanne d'Arc fera de notre Sainte, la représentante des valeurs de la "ligue d'Action française" et de ses Camelots du Roy. On ne s'en souvient plus de nos jours…
Il était veinard : Après l'assassinat de Jaurès qu'il avait appelé de ses vœux, il s'enfuie en Touraine et est pris dans une collision frontale, en voiture, qui le rend provisoirement hémiplégique. Il est donc réformé et ne mourra pas dans les tranchées pendant la guerre 14/18 !
Il était inconsolable : La mort de Philippe, son fils aîné, lui brouille le jugement. Il y voit une machinerie politique sans jamais accepter le suicide d'un adolescent fragile. Il finira en prison pour diffamation, s'enfuira dans des conditions rocambolesques et écrira de Bruxelles un roman d'amour "Cœur brûlé" qui témoigne d'une réelle sensibilité.


Il a été trahi par les siens : En 1926, le Pape Pie XI condamne "l'Action Française" et demande aux catholiques de ne pas cautionner cet organe de presse haineux. Ce désaveu, même s'il fut levé en 1939, marqua profondément Léon Daudet qui n'était pas agnostique comme Charles Maurras.
Il était patriote : En 1938, il approuve les accords de Munich par défaut bien qu'il ait toujours mis en garde le pouvoir contre l'arrivée imminente de la guerre. Réfugié en Provence et Pétainiste convaincu, comme la majorité des français, il ne verra pas la dérive du gouvernement de Vichy vers la collaboration. Peut-être eut-il fait un grand résistant ? C'est tout à fait possible.


Quand on est à la fois rancunier, xénophobe, volage, anticlérical, influençable, arrogant, veinard, inconsolable, trahi par les siens et patriote, on ne peut pas être totalement méchant… Pierre


1 - DAUDET Léon : Les bacchantes. Roman contemporain. Flammarion éditeur, 1931.
2 - DAUDET Léon : Le rêve éveillé. Etude sur la profondeur de l'esprit. Grasset éditeur, 1926.
3 - DAUDET Léon : Un amour de Rabelais. Roman. Flammarion éditeur, 1933.
4 - DAUDET Léon : Vers le roi. Paris, Bernard Grasset, 5eme édition, 1934.
5 - DAUDET Léon : Ariane. Roman contemporain. Paris, Flammarion, 5eme édition, 1936.
6 - DAUDET Léon : La femme et l'amour. Paris, Flammarion, trente-huitième mille, 1931.
7 - DAUDET Léon : Vingt neuf mois d'exil. Bernard Grasset, 19eme édition, 1930
8 - DAUDET Léon : La police politique, ses moyens et ses crimes. Denoël et Steele, 26eme édition, 1934
9 - DAUDET Léon : La chambre Nationale du 16 novembre, dessins de Jehan Sennep. Paris, Nouvelle librairie nationale, 1923.
10 - DAUDET Léon : Devant la douleur, souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques et médicaux de 1880 à 1905, deuxième série. Paris, Nouvelle librairie nationale, 1915.
11 - DAUDET Léon : Flammes, Proudhon, Les châtiments et le second empire, Rochefort et Valles, Léon Bloy. 10eme édition. Paris, Grasset, 1930.
12 - DAUDET Léon : L'hécatombe, récits et souvenirs politiques 1914-1918, 24eme mille. Paris, Nouvelle librairie nationale, 1923.
13 - DAUDET Léon : Suzanne, Roman. Paris, collection l'amour, Flammarion, 1936
14 - DAUDET Léon : Le voyage se Shakespeare, roman d'histoire et d'aventures. Paris, Plon,
15 - DAUDET Léon : Le sang dans la nuit, roman contemporain, 10eme mille. Paris Flammarion, 1926.
16 - DAUDET Léon : Le sang dans la nuit, roman contemporain, 10eme mille. Paris Flammarion, 1926.
17 - DAUDET Léon : Un jour d'orage, roman contemporain, 30eme mille. Paris Flammarion, 1925.
18 - DAUDET Léon : La recherche du beau, 10eme mille. Paris Flammarion, 1932.
19 - DAUDET Léon : Salons et Journaux. 8eme édition. Paris Grasset, 1932.
20 - DAUDET Léon : La pluie de sang. 18eme édition. Paris Grasset, 1932.
21 - DAUDET Léon : La tragique existence de Victor Hugo. Paris, Albin Michel éditeur, 1937.
22 - DAUDET Léon : Bréviaire du journalisme. NRF, 8eme édition, Gallimard, 1936.
23 - DAUDET Léon : Paris vécu, 2eme série, rive gauche. 24eme édition, NRF, Gallimard, 1930
Prix sur demande [13gandillet@gmail.com]

4 commentaires:

calamar a dit…

les Daudet étaient apparemment infréquentables, et pourtant tant de gens bien les fréquentaient...

Pierre a dit…

Léon Daudet, comme Maurras à un niveau d'exécration supérieur, trainent une réputation détestable amplifiée par la culpabilisation de leur renommée incontestable entre les deux guerres... Pierre

Anonyme a dit…

Et quel grand humoriste ferait-il aujourd'hui...!!
"L'âme du journalisme, c'est la bonne foi."

Michelp

Pierre a dit…

C'est pas faux ;-))

Il faut être un peu gonflé pour écrire ça. J'aurais plutôt dit : C'est la mauvaise conscience... Mais la bonne foi est un objectif à atteindre ! Pierre