mercredi 6 novembre 2013

L'oeuvre poétique de Théodore de Banville : aimée des plus grands. Pourquoi pas de vous ?


On peut me reprocher de faire parfois la promotion d'auteurs injustement oubliés avec des billets qui les enterrent un peu plus… Mais on taira aujourd'hui ces critiques puisque je fais appel aujourd'hui, pour mettre en valeur l'écrivain que je présente ici, à un admirateur dont le talent est incontesté…


Cher Maître,
Nous sommes aux mois d'amour ; j'ai presque dix-sept ans. L'âge des espérances et des chimères, comme on dit, - et voici que je me suis mis, enfant touché par le doigt de la Muse, - pardon si c'est banal, - à dire mes bonnes croyances, mes espérances, mes sensations, toutes ces choses des poètes - moi j'appelle cela du printemps. Que si je vous envoie quelques-uns de ces vers, - et cela en passant par Alphonse Lemerre, le bon éditeur, - c'est que j'aime tous les poètes, tous les bons Parnassiens, - puisque le poète est un Parnassien, - épris de la beauté idéale ; c'est que j'aime en vous, bien naïvement, un descendant de Ronsard, un frère de nos maîtres de 1830, un vrai romantique, un vrai poète. Voilà pourquoi, - c'est bête, n'est-ce pas, mais enfin ?...


Dans deux ans, dans un an peut-être, n'est-ce pas, je serai à Paris. - Anch'io, messieurs du journal, je serai Parnassien ! - Je ne sais ce que j'ai là... qui veut monter... - Je jure, cher maître, d'adorer toujours les deux déesses, Muse et Liberté. Ne faites pas trop la moue en lisant ces vers... Vous me rendriez fou de joie et d'espérance, si vous vouliez, cher Maître, faire faire à la pièce Credo in unam une petite place entre les Parnassiens... Je viendrais à la dernière série du Parnasse : cela ferait le Credo des poètes !... - Ambition ! ô Folle !


Si ces vers trouvaient place au Parnasse contemporain ? Ne sont-ils pas la foi des poètes ? Je ne suis pas connu ; qu'importe ? Les poètes sont frères. Ces vers croient ; ils aiment ; ils espèrent : c'est tout. Cher maître, à moi : Levez-moi un peu : je suis jeune : tendez-moi la main....


Monsieur et Cher Maître,
Vous rappelez-vous avoir reçu de province, en juin 1870, cent ou cent cinquante hexamètres mythologiques intitulés Credo in unam ? Vous fûtes assez bon pour répondre !
C'est le même imbécile qui vous envoie les vers ci-dessus, signés Alcide Bava. - Pardon.
J'ai dix-huit ans. - J'aimerai toujours les vers de Banville.
L'an passé je n'avais que dix-sept ans ! Ai-je progressé ?


L'auteur de ces deux lettres est Arthur Rimbaud. Le destinataire est Théodore de Banville. Son buste, sculpté par Julles Roulleau est exposé dans le Jardin du Luxembourg… Pierre  


BANVILLE (Théodore de). Œuvre poétique. Paris Alphonse Lemerre éditeur. 7 volumes in-12 édités de 1874 à 1879. Reliure demi veau blond à coins, dos à nerfs, motifs floraux entre les nerfs, pièces de titre et nom de l'auteur en lettres dorées, tranche supérieure dorée, gardes colorées. Portraits frontispices. Parfait état de l'ensemble fort bien relié. Vendu

1 commentaire:

Pierre a dit…

Article recyclé sur FB.

J'ai bien conscience que celui-ci ne fera pas le buzz sur Facebook...

Pierre