lundi 29 août 2011
Causerie du lundi de Philippe Gandillet. Detœuf : Propos d'un confiseur de mots…
Un simple message était posé sur le comptoir d'entrée de la librairie de Pierre, ce matin :
Cher Maître,
Je sors épuisé d'une saison estivale bien remplie. Nous prenons donc une semaine de vacances avec mon épouse. Nous passerons trois jours sur les bords du lac d'Annecy puis nous finirons notre semaine de congés dans le Jura où les parents de Brigitte possèdent une maison familiale. Pourriez-vous assurer la permanence à la boutique ? Vous verrez, c'est peu de choses, en fait ! Il faut être courtois avec la clientèle, les prix sont indiqués en première page des ouvrages et je vous enverrai tous les jours un post avec un livre à la vente, déniché sur place.
Je savais que vous me diriez "oui". Il eut fallu de peu que vous ne me le proposassiez en premier ? Comme c'est ballot… Pierre
Vraiment, cet imparfait du subjonctif est d'un ridicule ! Mais comme je suis un brave homme, je rendrai ce service à notre humble boutiquier avant de remonter définitivement sur Paris où le dictionnaire m'attend ; et avec lui, les incessants allers-retours entre la capitale et ma bastide provençale.
Car voici que l'automne approche ! Il me semble parfois en remontant le bord du Rhône que j'entends sur l'autre rive, sonner son pas qui s'approche, et que je vais le voir apparaître. Les poires qui fondent sous les dents, annoncent, elles aussi, la fin de l'été et les décompositions prochaines. On y sent comme un avant-goût d'automne. Ce sera le moment d'aller voir en ce Paris renaissant, la morte saison illuminer la Seine, les quais, le Louvre et le quai Conti. C'est à cette époque que cette noble cité retrouve ses couleurs…
Et c'est aussi à Paris qu'il me faudra écrire ce livre que mes lecteurs attendent depuis trop longtemps et qu'ils réclament à coup de courriels dithyrambiques. Mais écrirai-je jamais un livre ? Je n'aime pas l'effort… Pour écrire un roman, une nouvelle, un propos étincelant, il faut de patients efforts, un dur labeur. Et puis, je suis tout en fusées : Mes projets jaillissent brillamment de mon imagination, décrivent de jolies courbes dans l'espace, et après une pluie d'étincelles, retombent bien vite et s'éteignent sans laisser de traces. Je crois que je n'ai pas la volonté créatrice. J'ai pris le parti de jouir de tout : J'aime manger, rire et dormir et me console ainsi des échecs de mes rêves. C'est pourquoi les romans, les nouvelles ou les propos des autres me suffisent. Encore faut-il qu'ils soient intelligents ! C'est le cas de l'ouvrage que Pierre me demande de vous présenter aujourd'hui.
Connaissez-vous Auguste Detœuf ? Industriel français (1883-1947), fondateur d’Alsthom en 1928, Auguste Detœuf en a été l’administrateur délégué, puis le vice-président, jusqu’en 1940. Ancien élève de Polytechnique, ingénieur général des Ponts et Chaussées l'auteur aura des responsabilités sous le gouvernement de Vichy. Il est vrai que l'on y côtoyait du beau monde. Mais Auguste Detœuf est sans doute plus connu pour son recueil de petits essais, maximes et aphorismes, " Propos d’O.L. Barenton, confiseur ". De manière humoristique, il traite de nombreux thèmes comme la nature humaine, l'économie ou le fonctionnement de l'entreprise.
Cet ouvrage brillant, pertinent, fin et amusant (et je me retiens) ; ciselé à la manière des caractères de La Bruyère, est tout à fait dans le genre du livre que j'aimerais écrire si j'avais de l'ardeur et de la ténacité. Vous pouvez le parcourir en attendant un éventuel chef-d'œuvre de ma part… En cliquant sur les clichés qui accompagnent cette causerie, vous pourrez même lire quelques pages.Votre dévoué. Philippe Gandillet
DETOEUF, Auguste. Propos de O.L.Barenton confiseur. Les Éditions d'Organisation. Grand in-8, broché, couverture rempliée illustrée. 230 pp. Une illustration hors texte, portrait de l'auteur par R. Wild. Préface de Pierre Brisson. Bon état. Vendu
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5 commentaires:
Je connais, j'adore, pour l'avoir relier deux fois. Et l'avoir lu, je l'avoue, en même temps, ce qui ralentissait considérablement mon délai. mais ainsi, je pouvais en discuter avec les propriétaires de ces livres, ingénieurs tous les deux.
Je croyais même que c'était vous, M. Gandillet, qui étiez l'auteur de ce livre.
Bien à vous.
Sandrine.
Il m'a l'air très bien ce livre...
Que Pierre se repose bien en famille. Transmettez lui mes amitiés.
Je pense que Pierre a fait quelques photographies d'Annecy, Nadia, mais elles ne rivaliseront pas avec les vôtres ! Ph Gandillet
Excellent livre, nous sommes bien d'accord, Sandrine. A relier et à relire... Ph Gandillet
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