mardi 16 août 2011

Ernest Renan. Le vieil homme est amer…



S'il est un homme qui, de son temps, fut critiqué, incompris et mal aimé, ce fut bien Ernest Renan (1823-1892) ! Sa mort lui amènera une consécration fugace et l'oubli de sa mémoire le classera, à tort, comme un anticlérical.


Ernest Renan fut un disciple de Darwin et établit un rapport entre les religions et leurs racines ethniques. Une part essentielle de son œuvre sera d'ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) et sa Vie de Jésus (1863).


Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenchera des débats passionnés et la colère des églises catholique et protestante car la Foi ne pouvait se concevoir, à l'époque, sans la démonstration de faits historiques incontestables…


Les rapports d'Ernest Renan avec la religion sont complexes. Il la critique comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d'unification des sociétés humaines. Dans L'Avenir de la science, il résume la situation en disant : « Quand je suis à la ville, je me moque de celui qui va à la messe ; mais quand je suis à la campagne, je me moque au contraire de celui qui n'y va pas ».

Ernest Renan était un homme amer. Pour preuve, quelques extraits du portait qu'il traçait de lui-même :


J'ai parmi mes défauts, une sorte de mollesse dans la communication verbale de ma pensée qui m'a presque annulé dans certains cas. Le prêtre porte en tout sa politique sacrée. Sous ce rapport, je suis resté prêtre, et cela est d'autant plus absurde que je n'en retire aucun bénéfice, ni pour moi ni pour mes opinions. Dans mes écrits j'ai été d'une sincérité absolue. Mais dans ma conversation et ma correspondance, j'ai parfois d'étranges défaillances.Ma nullité avec les gens du monde dépasse toute imagination. Je m'embraque, je m'embrouille, je patauge, je m'égare en un tissu d'inepties. Quand je relis ce que j'ai écrit, je m'aperçois que le morceau est très faible, que j'y ai mis une foule de choses dont je ne suis pas sûr. Par désespoir, je ferme la lettre, avec le sentiment de mettre à la poste quelque chose de pitoyable…

C'est exactement le sentiment qui m'inonde juste avant de poster mes propres billets... Pierre


RENAN (Ernest). Le livre d'or de Renan. Paris, A. Joanin & Cie, 1903.Grand in-4. Reliure de l'éditeur en percaline lie de vin avec au centre du premier plat le titre en lettres dorées de l'ouvrage. Edition originale. Large iconographie, nombreux fac-similés autographes pour ce recueil de texte et de discours imprimé après son décès. Excellent ouvrage en bel état. 75 € + port


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais! on ne peut pas vous laisser dire cela.
Style clair, étayé, cultivé... Quelques clefs tout au plus, qui manqueraient pour lire entre les lignes. Ce qui parait bien normal sur internet, puis que la communication n'y est souvent que partielle.
Quant à la concision, ce n'est pas moi qui vais dire quelque chose...
bien à vous,
Sandrine.
;-°

pascalmarty a dit…

Hum, si Pierre était vraiment inondé par tout ça chaque fois qu'il poste un billet, ce qu'il y aurait à lire entre les lignes serait un gros cas de masochisme. Ne devrait-on pas plutôt se contenter ici de lire une petite poussée de fausse modestie ?
;-)

Pierre a dit…

Vous êtes fin psychologue, Pascal ;-))

Mais un vrai sentiment d'humilité peut apparaitre devant une feuille blanche ou devant son clavier quand, pour préparer un billet, on relit un auteur. Et c'est ce que m'a inspiré la lecture d'Ernest Renan... De l'humilité ! Quand j'ai constaté qu'il était, lui même, peu sûr de lui, vous comprendrez que je ne pouvais pas faire moins que de m'apitoyer sur mon style ;-))

Bon ça va mieux, aujourd'hui. Je me trouve même très bon ;-)) Pierre

Pierre a dit…

Merci Sandrine pour votre gentillesse... et votre concision ;-)) Pierre

Nadia a dit…

Moi, ça me le fait des fois, quand j'écris des trucs qui n'ont rien à voir avec les livres, quand les conversations s'égarent. Mais au fond, je ne me trouve pas si inepte que ça. Pierre, dormez sur vos deux oreilles. Vous nous enchantez et ce n'est que le début !