vendredi 26 août 2011

Satyre Ménipée. Une édition à la sphère de 1677.

Replaçons l'ouvrage dans son contexte historique.

La Satyre Ménipée, est une attaque portée contre les états généraux que la Ligue, convoquée en 1593 par le duc de Mayenne, chef de la ligue hostile à Henri IV, dans le but d’élire un roi de France catholique. Tandis que Henri de Navarre, le futur Henri IV, cherchait par la force des armes à reconquérir le royaume, les Espagnols proposaient d’abolir la loi salique et de déclarer l’infante d’Espagne reine de France.


L'ouvrage s’ouvre par un avant-propos, La Vertu du Catholicon, qui met en scène des charlatans, l’un Espagnol, l’autre Lorrain, lesquels, établis dans la cour du Louvre, débitent et vendent aux passants une drogue merveilleuse, le catholicon, remède universel, prétexte au pardon de toutes les fautes. Les vertus du catholicon sont exposées en une vingtaine d’articles sur une pancarte que montre l’Espagnol : Ils passent en revue l’ensemble des méfaits les plus abominables dont les Ligueurs se soient rendus coupables, sans jamais en rendre compte devant la justice.


Ce prologue est suivi de l’Abregé des Estats de la ligue, récit parodique d’une procession qui réunit les plus grandes figures de la Ligue, peu avant leur entrée dans la salle des séances des états. C’est alors l’occasion de décrire les tapisseries dont cette salle fut tendue : Les sujets divers de ces pièces constituent autant d’annonces des développements à venir, à travers l’évocation d’anecdotes piquantes qui alimenteront les discours (harangues) des différents intervenants. Après le rappel de l’ordre tenu pour les séances, les orateurs les plus habiles de la Ligue entrent sur scène pour jouer cette farce grotesque. Le dernier orateur, M. d’Aubray, qui parle au nom du tiers état parle pour terminer avec la voix de la raison et du patriotisme.


La Satyre Ménipée ne se conclut pas sur ce beau discours. Des descriptions de tableaux ornant l’escalier de la salle, reprenant et amplifiant les premières, puis un recueil d’épigrammes circulant durant les états constituent le plus parfait épilogue à ce magistral.


La Satyre Ménipée emprunte son titre à une œuvre elle-même en vers et en prose de l'érudit Juste Lipse, inspiré par Varron, auteur de « Saturæ Menippeæ » dont il ne subsistait à la Renaissance que quelques fragments, fort appréciés des érudits et connus de bien des fonctionnaires de chancellerie, formés aux belles-lettres de l'Antiquité. Ménippe était le nom d'un cynique célèbre pour ses railleries…


Si l’intérêt des érudits des siècles derniers ne s’est jamais démenti pour ce texte, pour des raisons faciles à saisir, il est aujourd'hui complètement ignoré. Peut-être serez-vous l'exception qui confirme la règle ? Pierre


RAPIN, NICOLAS, PASSERAT, CHRESTIEN. Satyre Menipée de la vertu du catholicon d'Espagne et de la tenuë des estats de Paris, à laquelle est adjoustée un discours sur l'interpretation du mot de Higuiero del Infierno... Plus le Regret sur la mort de l'asne ligueur... A Ratisbonne [Amsterdam, Bruxelles ?] chez Mathias Kerner [Elzevier, Foppens ?]. 1677. Petit In 12, 336 pp. Reliure plein veau marbré, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés, pièce de titre en maroquin cerise, roulette sur les coupes , tranches rouges. Il y aurait plusieurs éditions sous la même date. L'édition sans errata, quand elle est complète contient 3 planches hors texte dont 1 dépliante. Une seule gravure dans cet exemplaire. Un mors partiellement fendu sur le premier plat. Bel état néanmoins. Vendu

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