lundi 5 juillet 2010

Causerie du lundi de Philippe Gandillet. En "Avant-Scène" du Festival d'Avignon…




J'ai une vague ressemblance physique avec Gérard Philippe.

Je ne m'en suis jamais mal porté, surtout lorsqu'il m'a fallu interpréter quelques rôles secondaires dans des pièces de théâtre que j'avais écrites. Il faut dire que faire l'acteur est un exercice qui m'est douloureux et j'ai, plus d'une fois, joué de mon physique avantageux pour masquer les imperfections de mon talent de comédien. Il faut avoir vécu les minutes qui précèdent l'ouverture du rideau, seul sur scène, assis devant la table d'une taverne improvisée à seule fin d'interpréter ce petit monologue qui résume l'intrigue et précède l'arrivée du premier rôle, pour savoir ce qu'est la solitude. Il faut avoir exécuté une entrée magistrale par le fond de scène, où la voix doit être portée tout en étant naturelle, pour connaître le trac…

Mais pourquoi vous parlais-je de çà ?

Ah, oui ! Pierre m'a demandé, à l'occasion de l'ouverture du Festival d'Avignon de vous présenter cette manifestation qui draine les amateurs de Théâtre du monde entier vers la cité des Papes, amateurs qui pourraient si mon billet est éblouissant faire un petit détour par Tarascon et par sa librairie ancienne....



Le premier Festival d'Avignon est né de la rencontre du poète René Char avec le metteur en scène Jean Vilar et l'éditeur Christian Zervos. Alors que ce dernier prépare une exposition d'art contemporain qui réunit Picasso, Braque et Matisse dans la chapelle du Palais des papes d'Avignon, il propose à Jean Vilar de faire jouer en même temps la pièce "Meurtre dans la cathédrale" de T.S. Eliot, que le metteur en scène venait de monter au Théâtre du Vieux Colombier à Paris. Jean Vilar refuse mais propose un autre programme à la place. Sous le modeste nom de "Semaine d'art dramatique", trois créations sont ainsi présentées du 04 au 10 septembre 1947 dans trois lieux d'Avignon: Richard II de Shakespeare dans la Cour d'honneur du Palais des papes, La Terrasse de midi de Maurice Clavel au Théâtre municipal et Tobie et Sara de Paul Claudel dans le Verger Urbain V. Quelque 3.000 spectateurs au total assistent aux représentations de cet premier "Festival d'Avignon".


La manifestation est reconduite l'année suivante. Elle prend le nom de "Festival d'art dramatique en Avignon" et offre trois mises en scène de Jean Vilar. Ce dernier a l'ambition d'un nouveau théâtre "élitaire pour tous" et entend faire du jeune Festival d'Avignon, appuyé bientôt par le Théâtre National Populaire qu'il dirigera de 1952 à 1963, l'un des moteurs du renouveau théâtral en France. En 1951, il accueille dans son équipe le comédien Gérard Philippe, jeune premier déjà célèbre à l'écran, qui campe un légendaire Rodrigue dans Le Cid de Corneille puis, l'année suivante, un tout aussi inoubliable Prince de Hombourg d'Heinrich von Kleist. La troupe de Jean Vilar compte de nombreux autres comédiens qui deviendront eux aussi célèbres: Jean Négroni, Alain Cuny, Michel Bouquet, Silvia Montfort, Jeanne Moreau, Maria Casarès, Philippe Noiret, Jean Le Poulain, Charles Denner, Georges Wilson, etc...


Au fil des années 50 et 60, le Festival d'Avignon devient le rendez-vous du meilleur de la création théâtrale française et réunit des dizaines de milliers d'amateurs de théâtre. Le fondateur du Festival d'Avignon décède en 1971. Son collaborateur, Paul Puaux, lui succède jusqu'en 1979. Ce dernier effectue une mutation du Festival d'Avignon en accueillant de nouveaux metteurs en scène de textes contemporains (Roger Planchon, Jean-Pierre Vincent, Bruno Bayen, Jacques Lassalle, Antoine Bourseiller, Patrice Chéreau, Marcel Maréchal,..) tout en maintenant la tradition originelle de rendez-vous à la fois classique et populaire.


À partir de 1969, à l'initiative d'André Benedetto, un rendez-vous alternatif, dit "Festival Off", se développe spontanément en marge du festival officiel, dit "Festival In". De nombreuses jeunes compagnies investissent les lieux les plus divers de la Cité des Papes pour présenter leurs créations au public parallèlement à la programmation officielle. Bernard Faivre d'Arcier prend les rênes du Festival d'Avignon de 1980 à 1984 et fait appel, comme son successeur Alain Crombecque entre 1984 et 1992, à la fine fleur de la scène française des années 80. Toutes ces années sont marquées par une modernisation et une professionnalisation de la gestion de la manifestation, qui s'étend désormais sur quatre semaines.


En 2003, la crise des intermittents du spectacle, qui organisent grèves et manifestions, entrave la tenue des 750 spectacles programmés. Le Festival d'Avignon doit être annulé début juillet... Aujourd'hui, le Festival d'Avignon est le rendez-vous annuel international le plus important et le plus incontournable du monde du théâtre. C'est aussi un immense fourre-tout où le meilleur côtoie le pire. Le vulgaire, la gauche Caviar, les cracheurs de feu, Atac, les statues vivantes, le bio, la soliste de violon ukrainienne, les marchés exotiques, la glace italienne servie tiède et le marché aux livres anciens du début de la rue de la République s'y mélangent de façon harmonieuse. Pierre a quelques amis qui y ont réservé un stand. Exténuant vous diront-ils ! Je veux bien les croire.


Un incontournable des stands est la revue " Avant scène " (en moyenne 5 € à 10 € la revue) qui propose aux lecteurs un florilège de texte, de photos et de mises en scènes de pièces de théâtre. Pierre possède une grande partie de la collection des années 70 à 80. Il faudra faire un tour à Tarascon pour les feuilleter… Il vous propose aussi, pour 23 €, un poster de Gérard Philippe qui a participé à la meilleure publicité que l'on ait jamais faite pour les livres !

Votre dévoué. Philippe Gandillet.

5 commentaires:

Jeanmichel a dit…

Tiens ! Quelle surprise ! Voilà l'hallebardier !
Philippe Gandillet, un nouveau Balandar ?

Pierre a dit…

Il m'a fallu aller fouiller tout au fond de ma malle à souvenir pour me rappeler ce personnage qui jouait le 8eme rôle principal d'une pièce...

Alors, sans avoir pu trouver le sketch de Balandar en entier, je peux néanmoins confirmer : Il y a du Balandar dans Gandillet !

On pourra voir, de même, un grand nombre de Balandar arpenter les scènes du festival "off", cette année !

Pierre a dit…

Peut-être y a t-il des lecteurs qui iront au festival, cette année ? Vous pouvez passer me dire bonjour à la boutique, cela ma fera plaisir.

Tout au long de l'année, je fais un monologue sur la scène virtuelle du blogue sans jamais voir les spectateurs. Ébloui par la lumière de mon écran, je ne peux assurer s'il y a un public... Pierre

Pierre a dit…

Peut-être un petit bug dans les commentaires de ce billet qui ne sont pas parus.

Pour résumer ; je vous attends à Tarascon si vous passez par le festival d'Avignon ! Pierre

Pierre a dit…

De l'avantage d'être libraire et bibliomane...

Je retrouve sur les rayonnages de la librairie le texte intégral de tous les sketches de Fernand Raynaud. ( Heureux ! ed de la table ronde) le texte de Balendar nous relate un grand moment de solitude théâtrale. Excellent ! Philippe Gandillet a connu, je confirme... Pierre