Peut-on lire Charles Maurras sans cautionner ses idées, et en particulier son antisémitisme ? L’antisémitisme d'État de Charles Maurras est une forme d'antisémitisme théorisée pour qui cette sorte d'antisémitisme serait différente de " l'antisémitisme de peau ". C'est un antisémitisme politique. Il ne serait ni biologique, ni religieux. Le problème, c'est que la deuxième guerre mondiale - et le génocide juif qui a été perpétué pendant le conflit - a montré que les conséquences de son raisonnement ont rendu l'écrivain inexcusable !
Il semble, qu'au départ, ce raisonnement s'appuya sur la
dénonciation du règne de l’argent. Mais alors que Drumont se focalisera, à la
même époque, sur les juifs dans la dénonciation de ce que le duc d’Orléans
appelle à l’époque " la fortune anonyme et vagabonde ",
Maurras insère sa dénonciation dans la théorie des Quatre États confédérés -
Francs maçons, juifs, protestants et métèques - qui est avant tout un
anti-communautarisme et un refus de la constitution d’états dans l’État.
Son antisémitisme d’État qui vise à donner un
"statut" aux juifs - on sait malheureusement ce qu’il en
fut dans l’histoire -, est hérité à la fois de la méfiance traditionnelle
de l’Église à l’encontre du peuple "déicide" et de la
dénonciation du cosmopolitisme de l'élite financière dans une judéophobie
ambiante !
Cependant, contrairement à une œuvre comme celle de
Drumont, qui s’écroule si on en retire l’antisémitisme, celui-ci n’a jamais
occupé la place centrale dans la pensée de Charles Maurras. Aussi peut-il
avantageusement être lu en dehors de cet héritage mort. C'est pourquoi, j'ai
présenté quelques œuvres de l'auteur sur ce blog, en particulier lorsqu'elles
touchaient à l'amour de la Provence.
Je vous propose aujourd'hui l'édition complète du Dictionnaire politique et critique établi par les soins de Pierre Chardon entre
1932 et 1934. Il s'agit d'un remarquable dictionnaire qui donne une idée saisissante de la
pensée de Charles Maurras ; la plupart des grands noms de la littérature de la
période 1880-1930 y figurent. Il permettra éventuellement aux lecteurs de se forger leur propre
idée sur l'écrivain, d'étayer leur mépris par des références indubitables ou de
moduler l'avis des bien-pensants qui n'ont jamais lu Maurras, par la lecture de ses écrits.
C'est un vrai dilemme pour le libraire d'ouvrages anciens
que de savoir s'il faut exhumer les écrits peu glorieux des auteurs du passé. Certains écrits
doivent être gardés car ils font partie de notre patrimoine littéraire,
politique ou historique. Doit-on soustraire certains livres aux lecteurs ? Quel écrivain ne s'est jamais fourvoyé dans ses écrits ? Vous pouvez me donner votre sentiment là-dessus. Pierre
Dictionnaire politique et critique établi par les soins de
Pierre Chardon + Complément au Dictionnaire politique et critique établi par
les soins de Jean Pélissier (25 fascicules) + Additifs au Complément au
Dictionnaire politique et critique (6 fascicules). Paris,
Arthème Fayard et Cie (étiquette contre-collée sur Cité des Livres), sd (1931-1934). 5 volumes et fascicules grand
in-8. Broché. Bel état. Rare collection complète. 480 € + port
1 commentaire:
Sur la page de titre d'une étude sur Rimbaud, achetée récemment, figurait quelques lignes manuscrites, nerveuses...
"Trop de littérature, trop de culture et (je cite maladroitement de mémoire) il faut cesser de négliger le silence, la nature l'expérience... (quelque chose dans cet esprit...).
Les "moralistes" stipendiés d'aujourd'hui seront dans les 95% d'auteurs oubliés d'un siècle à l'autre. Je leur préfère déjà, les 5% du siècle passé.
Michelp
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