Je finirais par douter de l'embellie annoncée pour les ouvrages du 17eme siècle et du 18eme siècle si je n'avais pas, en moi, cette admiration pour les éditeurs, les imprimeurs et les relieurs qui ont conçu, à l'époque, les plus belles bibliothèques de France. Voici, aujourd'hui, une publication peu connue des bibliophiles mais qui a marqué de son empreinte la littérature classique.
Composée par Jean Barclay, l'édition
originale composée en latin est parue en deux parties à Londres en 1603 et 1605
et la première traduction française de 1625 fut publiée sous le titre Satyres
d'Euphormion. Il s'agit d'un roman satirique qui raconte les tribulations
d'un jeune homme faisant le dur apprentissage du monde. Contraint pour survivre
de se mettre au service d'un seigneur ombrageux, il va d'abord subir un long
esclavage. Ayant résolu de s'enfuir, il parcourra ensuite de nombreux pays et
découvrira peu à peu à quel point le bonheur et la liberté sont illusoires.
C'est presque toujours à ses dépens qu'il prendra conscience de la complexité
du cœur humain et du danger des compromissions sociales.
Issu d'une famille d'origine écossaise mais Lorrain par
sa naissance, l'auteur a lui-même beaucoup voyagé et s'est largement inspiré de
sa propre expérience. C'est dire si l'imaginaire européen qu'il nous propose
est d'une grande authenticité. Il s'est appliqué à une description des mœurs
aussi minutieuse qu'exhaustive. Éducation, justice et religion, politique, vie
de cour et prostitution, sorcellerie, arts et médecine, à vrai dire tous les
domaines de la vie sociale ont été abordés et scrutés d'un œil intransigeant et
caustique pour aboutir à un tableau très juste de la société à la fin de la
Renaissance.
Sur le plan narratif, Barclay a surtout pris Pétrone pour
modèle, auquel il a emprunté plusieurs situations pittoresques et une certaine
liberté de ton, mais en préférant souvent la gravité à la truculence. Son
style, quoique plus contenu, n'exclut pas l'humour et la fantaisie. Le public
de l'époque, pris d'une véritable frénésie romanesque, a accueilli cette satire
avec enthousiasme. Elle a été constamment rééditée au XVIIeme siècle comme
nous le constatons avec cette édition de 1640 que je propose ici à la vente.
Une des causes de sa méconnaissance ? Jean Barclay fait
partie de ces écrivains qui se sont exclusivement exprimés en latin et qui ont
ainsi sombré quand la littérature s'est définitivement coulée dans le moule des
langues nationales (quid des ouvrages publiés en langue anglaise de nos jours
?).
Depuis la traduction publiée par Jean Béraut en 1640, le
texte d'Euphormion n'a jamais reparu en
français sous une forme intégrale et fidèle. C'est cette traduction, restituant
autant qu'il est possible le style nerveux et coloré du satiriste, qui est
présentée ici dans une écriture modernisée. Pierre
La satyre d'Euphormion composée par Jean Barclay et mise nouvellement
en françois (par Jean Béraut),
avec les observations, qui expliquent toutes le difficultez contenuës en la
première & seconde partie. A Paris Chez Jean
Guignard, 1640. Un volume In-8 (16/10,5). Reliure plein veau marbré, dos à
nerfs, caissons fleuronnés, encadrement et lettres dorés, gardes colorées. [4ff
titre], 648pp, [10 ff table], [1 f bl]. Des signes discrets de restauration,
menus défauts de reliure. Une petite déchirure avec manque sur la page de
titre, pages légèrement jaunies. Intérieur frais. Rare à la vente en langue française. Réservé
3 commentaires:
Je me âme devant ce très beau livre qui me fait sérieusement de l’œil.
j'ai envoyé un message à M. Gandillet, votre associé, double et consort ...
Bien à vous Pierre
Et bonne vacances!
Sandrine.
PâME!!!!
Message reçu 5/5. Une bonne nouvelle pour les amoureux des belles lettres : je viens de recevoir, par chaise à porteur, une missive de Philippe Gandillet qui m'informe de son retour en Provence pour quelques jours de congés Académiques... Pierre
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