Avant Alexandra David-Neel, la France connaît mal ses grandes voyageuses. Pourtant, aventurières, artistes, expatriées, touristes, colon(e?) s, militantes, premières femmes journalistes, ethnologues de terrain ou missionnaires, elles sont nombreuses à avoir pris la route avant 1900 pour la Sibérie, le Sénégal, la Chine, le Népal , le Brésil ou la Perse et souvent triomphé d'épreuves impressionnantes.
Contrairement à d’autres aventurières telle qu’Alexandra
David-Néel, le récit d’Isabelle Massieu n’est pas teinté de quête spirituelle.
C’est juste une observatrice attentive et curieuse qui pose un regard sensible
et émerveillé sur ce qu’elle découvre. Elle court le monde pour son plaisir,
mais aussi pour satisfaire une soif de connaissance de l’ailleurs.
« Il est des pays qui nous hantent, nous fascinent, nous
appellent. Et quand on les a une fois visités, on ne se résigne jamais sans
serrement de cœur à ne plus les revoir. Leur attrait vient tantôt de la nature
qui les a parés plus généreusement, tantôt des hommes qui les habitent. Les
pays neufs n’ont point de secret, mais les vieilles terres d’histoire et de
civilisation, où tant de générations ont senti, pensé, aimé, adoré, gardent je
ne sais quoi de mystérieux et de profond qui nous enveloppe et nous
captive. »
Isabelle Massieu (1844-1932) fut exploratrice, photographe et écrivain (e). Elle est l’épouse d’un avocat, membre du
Conseil de l’Ordre à Caen avec qui elle visite l’Europe, l’Algérie, la Tunisie,
le Maroc et la Tripolitaine. Devenue veuve, elle poursuit ses voyages et
remonte le Nil en 1892, puis visite la Syrie et le Liban.
En 1895, elle se
dirige vers Ceylan et s’enfonce dans l’Inde anglaise mais la guerre du
Tchitral l’oblige à se rabattre sur le Cachemire. Elle atteint le lac
Pangong à la frontière chinoise. En 1896 et 1897, elle visite la Cochinchine,
le Cambodge, parcourt le Siam, la Birmanie et se rend au Laos. Après de nombreuses
villes et des milliers de kilomètres parcourus à travers la Chine,
elle visite les ports de la Corée et, parvenue à Pékin, traverse en charrette
chinoise le désert de Gobi puis poursuit sa route par le Baïkal, Irkoustk,
Tomsk et Omsk. Elle évite la voie ferrée du Transibérien et franchit 3.000
verstes pour gagner Samarcande et rentrer par le Caucase à Moscou.
Douée de grandes
qualités et de volonté, elle accomplit [tardivement] ce long voyage escortée
d’un seul domestique, choisissant de préférence les chemins non frayés. En
1908, elle part assister à l’inauguration du palais français des Maharajas
puis rentra en Europe au début de 1909. Les récits des premières
voyageuses françaises s'inscrivent dans l'histoire du XIXe siècle, ce
siècle d'expansion des connaissances et des territoires, de prosélytisme
culturel, social et religieux. Destinées par les mentalités de l'époque à une
vie domestique plutôt qu'à l'aventure, ces auteurs(e?) fonderont les prémices
d'une littérature féministe… Les rares personnes myosines qui lisent ce blog vous
diront que l'expédition d'Isabelle Massieu était, en fait, partie à la recherche de
l'abominable homme des neiges - le yéti - dont la réputation, aux jeux de l'amour, était flatteuse. Je n'en crois pas un mot ! Elle sera décorée
de la Légion d’Honneur le 10 mars 1906, promotion des Explorateurs. L'édition originale de cet ouvrage est fort rare, vous
le constaterez. Pierre
Népal et Pays Himalayens. Paris, Librairie Felix Alcan, 1914. Un volume grand in-8 (25 x 16,5 cm). Broché à couverture illustrée. 227 p. avec 6 cartes et 74 figures hors texte. 90 € + port
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