« Le Français a la vocation coloniale. Les échecs passagers du XVlllème siècle avaient fait oublier deux siècles d'entreprise et de réussite. En vain, depuis cent ans, nous avions retrouvé la tradition, remporté des succès magnifiques et ininterrompus : Algérie, Indochine, Tunisie, Madagascar, Afrique occidentale, Congo, Maroc. Malgré tout, le préjugé subsistait : le Français, répétait-on, n'est pas colonial. Il a fallu l'exposition coloniale de 1931et son triomphe inouï pour dissiper les nuées. Aujourd'hui la conscience coloniale est en pleine ascension.
Des millions et des millions de Français ont visité les
splendeurs de Vincennes. Nos colonies ne sont plus pour eux des noms mal
connus, dont on a surchargé leur mémoire d'écoliers. Ils en savent la grandeur,
la beauté, les ressources : ils les ont vues vivre sous leurs yeux. Chacun d'eux
se sent citoyen de la grande France, celle des cinq parties du monde.
Est-il vrai que nous célébrions aujourd'hui une apothéose
qui soit proche d'une décadence ? Jamais, chez nous, l'élan de la pensée et son
jaillissement n'ont été plus puissants qu'aujourd'hui. A cette minute, grâce au
poste de Pontoise, inauguré hier, le son de la voix que vous entendez est
écouté à Nouméa, à Hanoï, à Dakar, à Fort-de-France. Notre emprise sur le monde
se resserre chaque jour.
Notre idéal est tellement vivant que ce sont les idées
d'Europe qui donnent aujourd'hui la fièvre en Asie. Beaucoup pensaient
qu'étendre la puissance française dans le monde, c'était la diluer,
l'affaiblir, la rendre moins apte à conjurer un péril toujours menaçant. Mais,
aux jours tragiques, les colonies vinrent se placer aux côtés de la Mère patrie
et l'union de notre Empire se fit à l'épreuve de la douleur du sang. » Paul
Reynaud - ministre des Colonies en 1931.
« Pour nous, l'unité de l'empire français ne saurait être remise en cause. Il serait triste qu'après avoir recommandé la collaboration économique internationale, nous ne soyons pas capables de réaliser une adaptation d'ordre intérieur et c'est pourquoi, là encore, il faudrait répartir les tâches en poussant, par exemple, les colonies vers des cultures de complément que la métropole ne produit pas (telles que les blés de force et de gluten, primeurs d'hiver, vin de liqueur, arachides ...), vers des cultures vivrières à consommer sur place par les indigènes (maïs, mil, sorgho, aliviers, dattiers, fruits, riz, etc.) et vers la recherche de matières premières qu'elles peuvent utilement fournir comme l'huile végétale, le pétrole, le charbon, etc.
(...) Jusqu'ici, la métropole s'est arrogé le droit de venir vendre cher et d'acheter bon marché à ses colonies qu'elle traite en vassale. (...) Politique à courte vue, car l'attitude inverse aurait pour résultat de faire des indigènes de meilleurs clients ; on peut, en effet, valoriser la clientèle coloniale : 30 à 35 millions d'Africains, 10 millions d'Annamites, nous achèterons peut-être un jour par dizaines de milliards de francs nos marchandises ; mais il faut, pour cela, que nous leur prenions à sa valeur véritable une production équivalente.
Est-ce possible ? L'indigène africain, par exemple, peut-il vraiment s'élever ? L'expérience américaine nous permet de répondre affirmativement. Trois millions d'esclaves noirs, importés d'Afrique, de 1620 à 1845, sont devenus aux Etats-Unis aujourd'hui 12 millions d'individus exploitant 43 millions d'acres et possédant une richesse voisine de 25 milliards de francs. La nourriture abondante, le travail méthodique, une hygiène suffisante ont fait ce miracle. Nous pouvons le renouveler en Afrique si nous savons voir de haut et consentir au début les quelques sacrifices que cette grande besogne comporte. » Pierre Mendès France et l'empire colonial en 1934
80 ans après, il
n'existe plus de colonies françaises et seules les anciennes générations connaissent
encore les déchirements qui ont accompagné cette évolution. Le bilan a-t-il été
globalement positif ? La formule est
tendancieuse. On ne peut, cependant, occulter un pan entier de notre histoire
de France… Pierre
Le
visage de la France. La France lointaine. Paris, Horizons de France, 1930. Un volume in folio, (26 x 32 cm), 407 pp. Reliure plein cuir,
dos chagrin havane, plats en basane havane estampée polychrome, dos lisse
illustré, titre en lettres dorées, gardes colorées, toutes couvertures
conservées et rassemblées en fin d'ouvrage. Préface par le Général Gouraud.
Table des matières : L'Afrique Noire (par Georges Hardy, P. Bourdarie, Jean
d'Esme, Léon Truitard) - Colonies d'Asie (par Charles Robequain, M. Martineau)
- Les Îles (par Pierre Mille, G. Mareschal de Bièvre, Henriette Célarié, Marc
Le Goupils, Jean Dorsenne, F. Méalin). Très nombreuses reproductions
photographiques en noir et sépia. 6 couvertures illustrées en couleurs sont
reliées en fin de volume. Exemplaire en très bon état. Belle reliure. Vendu
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