Cela faisait déjà quelques temps que
je n'étais pas revenu à mon "dada" de bibliophile débutant : le
cheval. J'ai souvent dit, avant de commencer le métier de libraire d'ouvrages
anciens, que le jour où je possèderai une belle édition in folio de l’École
de cavalerie
par La Guérinière, je pourrais arrêter ce
métier comme si la possession de cet ouvrage emblématique avait été
l'aboutissement de ma passion pour le beau livre. Je n'ai toujours pas ce livre ! Mais
j'en ai d'autres…
Voici aujourd'hui, à la vente, l'unique
édition d'un ouvrage agréable admirablement illustré par Ernest Barthélemy (aide-vétérinaire
au 10ème hussard). Dans son texte, l’auteur passe en
revue toutes les ruses des maquignons et des marchands de chevaux et donne les
moyens de s’en prémunir. Étonnant ! Il y a, en fait, autant d'écueils à éviter avant
d'acquérir une belle édition ancienne que d'écueils à affronter avant d'acheter
un cheval en bon état, " adapté à l'usage auquel on le destine ",
dit-on…
L’auteur, Alphonse Pierre, était
Vétérinaire en premier au 29ème dragon et ancien professeur à l’École de
cavalerie de Saumur. Un connaisseur, donc ! Je me souviens que quand j'étais vétérinaire
à Saint-Cyr Coetquidan, j'avais aussi à faire le choix de chevaux pour le service
de la "remonte ". Le risque
était moins grand pour la nation, cependant… Il ne s'agissait pas de choisir
des étalons pour la charge de la " Brigade légère " mais simplement des
chevaux pour apprendre aux Saint-Cyriens à tenir à cheval.
L'examen complet d'un cheval et la
juste appréciation de ses qualités (ou de ses défauts) sont choses fort
difficiles qu'il ne faut pas songer à apprendre aisément. Je ne
suis pas certain, d'ailleurs, que nos professeurs de l'époque nous aient
particulièrement formés à cette épreuve.
Cette faculté de saisir dans un sujet ce qu'il y a de bon et ce qu'il y
a de mauvais est pour ainsi dire naturelle ; le milieu, l'éducation et une
longue expérience ne font que perfectionner cette qualité. Et il n'est pas
impossible que ce don ne nous soit pas aussi utile, alors, pour juger nos
contemporains…
L'achat d'un cheval n'est pas toujours
commode, même pour un connaisseur qui, bien souvent, deviendra d'autant plus
circonspect dans son choix, qu'il saura mieux apprécier, non seulement les
qualités mais la gravité des tares que peut présenter un cheval. Tel cheval peut, un jour, n'avoir aucune
distinction, aucune ligne, l'encolure courte et la queue mal attachée et le
lendemain être devenu vif, expressif et la queue admirablement bien portée. Hasard ou tricherie ? Il m'arrive, pour ma part,
d'alterner la médiocrité et la sagacité intellectuelle sans avoir recours à un
médicament…
Mais le fait est là : il est possible
de cacher des défauts – sur les chevaux, entendons-nous bien - en employant
quelques ruses ! Et l'utilisation de médications modernes en élargit la palette.
D'un autre côté, l'utilisation de moyens d'investigation devrait théoriquement
en diminuer la portée. Quelques expertises judiciaire m'ont cependant
appris à relativiser la chose...
Alphonse Pierre avaient cependant sur
nous l'avantage d'être un excellent connaisseur et un éminent professeur. La
simple lecture de son ouvrage devrait donc vous permettre de " trouver
pour cent écus le cheval de trois mille francs…". Pierre
PIERRE (Alphonse) .Guide des acheteurs, Marchands de cheval et Marchands de chevaux. Librairie militaire S. Milon fils, Saumur, 1891. Un volume In-8. Reliure
demi-basane fauve, dos lisse, filets, roulettes et lettres de titre dorés, gardes
colorées. Page de titre illustrée d'un dessin d’attelage en noir et blanc. 323
pp. Édition originale. L’ouvrage compte 70 dessins d'Ernest Barthélémy. Il s’agit d’un texte à la fois technique et humoristique qui
ne laisse rien ignorer du marché des chevaux, de sa science comme de ses
ficelles. Très bel exemplaire, rousseurs clairsemées. 165 € + port
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