Parmi les modernes coryphées de la bibliophilie ancienne M. Daniel Bayard s’est fait, d’emblée, une place dominante. Vous savez que j’ai beaucoup d’estime pour notre libraire tarasconnais mais quand m’est venue l’idée, avant de descendre en Provence, de m’arrêter dans les monts du Lyonnais pour rencontrer cet éminent professionnel, le constat fut vite établi : Pierre manque notablement de livres d’exception…
En veut-on quelques illustrations édifiantes ? Il me
suffisait de demander à notre hôte de prendre quelques clichés des livres qu’il
présente à la vente. La plus élémentaire décence m’a cependant amené à ne pas
préciser le titre des ouvrages en question. Les amateurs trouveront par eux
même… Je sais aussi que la jalousie n’est
pas le moindre des défauts des membres de cette respectable corporation qui savent que la bienveillance oblige…
A ceux que choquerait une telle confession, je recommande –
pour justifier cette pénétrante réflexion
– la conversation érudite de M. Bayard qui nous a entrainé, sans avoir l’air
d’y toucher, dans les recoins les plus inexplorés de la connaissance bibliophilique. Éclectique de la culture, à la
fois disert et précis, même dans l’extravagance
de certaines pièces, familiarisé avec toutes les sciences, quoique averti de
leur vanité, au courant des meilleures méthodes de collation et de datation des
incunables, M. Bayard se hausse avec aisance par-dessus la clôture de
l’adhésion à un syndicat professionnel.
Pour ma part, et cela m’arrive assez rarement, j’ai été impressionné
par la qualité des exemplaires en présentation sur les rayonnages de cette
bibliothèque et par la grande exigence des critères d’achat de ce libraire.
Passant des hautes sphères du berceau de l’imprimerie à des constations moins
abstraites sur des ouvrages sortant
d’ateliers de restauration, je m’en voudrais, comme d’une grave injustice, de
vous faire penser que nous avons affaire, ici, à un professionnel endimanché en
chemise amidonnée, nœud papillon et veste de tweed. Erreur funeste! Le millerot
est une espèce rustique pratiquant plus souvent le VTT que le vélo
d’appartement…
Bref, ce court séjour fut enchanteur ! D’abord par la grande
variété des ouvrages catalogués – qui le
fait paraitre trop court même pour un académicien solitaire, et ensuite parce
qu’il empoigne l’esprit par l’érudition de son possesseur. Il doit ce double
privilège au mélange judicieusement dosé de considérations sur les techniques d’impression
et sur l’art de la reliure. Vous ai-je dit que l’on mangeait aussi fort bien
dans les bistrots des collines du lyonnais ? Bref, ce court séjour fut
enchanteur…
Vous me direz qu’il est difficile d’être juste quand on est
enchanté. Il ne suffit pas de confier la critique au silence… Alors, je vous
engage, si vous ne l’avez déjà fait, de rencontrer M. Bayard à l’occasion d’un
de vos déplacements en province. Cela n'enlève rien à tout le bien que je pense de la librairie ancienne de Pierre, bien évidemment !
Votre dévoué. Philippe Gandillet
6 commentaires:
Invitation qui fait rêver.Que ne puis-je enfourcher le VTT,que je n'ai pas,pour descendre vers le sud, quitte à gêner les vacanciers sur l'autoroute: ce qui est formellement interdit. Mais que ne ferait-on pas pour partager avec ce libraire nos espérances, toujours aussi naïves,en l'avenir de nos vies et de nos collections de livres ?
Ce libraire en chambre - de luxe - se dispose, dans un avenir proche, a emménager dans une boutique non virtuelle avec clochette prête à tintinnabuler et bibliothèque en chêne prête à accueillir ses nombreux ouvrages... Qu'on se le dise ! Pierre
Bonjour,
A la bonne heure revoici Maitre Gandillet!!!
lecture délicieuse.
Bien à vous.
Sandrine.
Daniel est un ami, fidèle compagnon de ma bibliophilie lyonnaise. J'avais également eu la chance de contempler ses rayonnages... Quel bonheur et quelle érudition, mais aussi et surtout Daniel prouve qu'on peut allier haute bibliophilie, sympathie et simplicité.
Je n'oublie pas que Daniel intervient toujours avec justesse, pertinence et humour sur le blog du bibliophile.
Amicalement, Hugues
De retour de quelques jours en Bretagne, je découvre avec un peu de retard ce billet. Le passage de Philippe Gandillet à Millery a été un vrai plaisir partagé et il m’a par ailleurs fort bien parlé d’une librairie de Tarascon et présenté son libraire. Librairie dont les ouvrages n’ont rien à envier à ceux présents dans mes étagères. Les notions de hautes et basses étant sans doute relatives à nos emplacements respectifs en vallée du Rhône ou peut être à la hauteur de plafond de nos bâtiments ! Pierre est optimiste, mais pour ceux qui voudront voir les livres dans leur nouveau local, patience encore quelques mois, le rustique Millerot maniant moins bien la truelle que Mr Gandillet le verbe…
Merci, bonjour à Pierre, Hugues et à tous et bon été.
Amicalement
Daniel B.
Nous viendrons faire un reportage dans les nouveaux locaux, rien que pour admirer la bibliothèque... Pierre
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