dimanche 25 octobre 2015

Marketplace bibliophile. Une autre approche...




La confiance du bibliophile dans son libraire fut la gloire des premiers jours de la librairie ancienne. Je lisais, hier encore, une belle biographie de Pierre Beres qui en fit un des piliers de sa réussite. A quoi bon se le dissimuler ? Cette confiance n’existe plus, ou plutôt, elle a disparue en raison de son inutilité ! Les nouveaux bibliophiles qui fréquentent les salles de vente ou ceux qui enchérissent sur Internet n’en n’ont que faire ! L’opinion générale qui disait que « Le libraire d’ouvrages anciens est un professionnel compétent qui donne de bons conseils et qui gagne honnêtement sa vie » n’est plus suffisante pour attirer le client. Le bibliophile désire aujourd’hui faire de bonnes affaires puisqu’il qu’il en a le choix !

On voit apparaître sur les blogs bibliophiles de savantes dissertations sur ce désamour entre l’acheteur et le vendeur. Oserais-je dire qu’il n’est pas l’apanage du commerce d’ouvrages anciens ? De la même façon que dans tous les négoces (vêtements, alimentation, etc), une partie du chiffre d’affaire des commerçants se fait maintenant par Internet, beaucoup de mes confrères vivent, tout ou partie, grâce à la vente sur site. Ce sont les fameux "Marketplaces" dont j’ai découvert le nom en lisant un des derniers articles de Hugues sur le blogue du bibliophile : Amazon, Abebook et LRB sont les noms qui me viennent en premier aux lèvres. Et, en effet, dans ce type de négoce, la seule confiance qui soit nécessaire est dans l’intégrité de l’hébergeur qui détient, à un moment, l’argent des deux intervenants !

Je ne vends pas sur ce type de site mais je sais, par des confrères qui y sont, que les frais de gestion de ces sites sont suffisamment élevés pour que des libraires naviguent entre eux afin de trouver la meilleure rentabilité à ce commerce en ligne. Qui connait exactement ces frais de gestion ? Est-il possible de les comparer selon les sites ? Je compte sur votre aide.

Et puis, il y a Ebay qui est aussi un ou une "Marketplace", non ?  Dans son système d’achat immédiat, en tout cas, il est comparable aux autres. Si on envisage le système d’enchères qui est le seul que je connaisse vraiment en tant qu’acheteur, il est différent. Personnellement, je suis comme beaucoup d’entre vous ; je m’amuse (car j’y trouve un plaisir fugace) à détecter le trou d’air qui va me permettre de faire une bonne affaire… Il n’est pas question, ici, de bibliophilie mais de jeu à "qui perd gagne". On sait que certains "joueurs" peuvent développer des addictions telles qu’ils achèteront, en fait, plus cher sur Ebay qu’en librairie. Mais ils auront eu le plaisir du jeu…

Ce même plaisir du jeu, ils l’auront aussi dans les salles de vente. Les frais élevés prélevés sur le compte du vendeur et ensuite demandés à l’acheteur me rendent parfois perplexe sur le succès de ce type de négoce. De plus l’ambiance n’est pas toujours sympathique et l’activité très chronophage…

Des hébergeurs "généralistes" proposent, aujourd’hui, leurs services à des coûts beaucoup moins élevés que les sites spécialisés. Je pense particulièrement au "Bon coin" qui semble posséder de réels avantages financiers pour le vendeur. J’ai personnellement utilisé ce site avec bonheur dans une transaction de voiture ancienne et mes enfants en sont de gros consommateurs. Certains libraires de sont engouffrés dans cette brèche. Leur avis ?

Si j’ai bien compris (mais je suis un peu long à la comprendite…) Hugues pourrait envisager de développer un tel service sur un site bibliophile en création. Je dois reconnaitre que, passé le court moment de honte de profiter, encore, de tout l’investissement bénévole qu’il met dans sa passion, je serais intéressé par une telle structure. Soyons francs ! J’ai développé mon propre outil marchand car, étant gratuit pour les deux parties (sauf l’investissement "temps"), il me permet de proposer des ouvrages, sans frais de gestion, à des prix plus raisonnables. Ma visibilité est cependant faible. Si un site se proposait de faire un  "Bon coin du livre ancien" , je l’utiliserais et en ferais, de toute façon, la promotion !

Qu’on se le dise… Le libraire d’ouvrages anciens peut encore espérer rester un interlocuteur valable pour l’acheteur s’il est financièrement attractif. Des solutions s’offrent à lui. Il ne lui restera plus qu’à assurer à l’acheteur des services supplémentaires gratuits tels la compétence, la fiabilité et l’amabilité : mais ça, il sait faire ! Pierre

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Belle analyse de la question, Pierre.

A titre purement documentaire, une constatation personnelle : depuis le début de l'année 2015, j'ai acheté une petite centaine d'ouvrages, de genres les plus divers,
qui se répartissent comme suit : 8 sur Ebay, 6 chez Amazon, 4 en vente publique, 18 dans des magasins de libraires et le reste toujours auprès de libraires, mais via Internet soit sur catalogues virtuels ou papier, soit par Vialibri.
Donc, très large pourcentage pour les libraires. Comme je ne me déplace pas beaucoup, la faible proportion d'achats en boutique s'explique par le manque d'opportunités.
A Paris, par exemple, on dispose de beaucoup plus de possibilités.

Cette répartition particulière est-elle le reflet d'une situation générale ? No se.

René

calamar a dit…

pour moi la répartition serait 1/4 ebay, 1/3 libraires en direct, 1/3 svv, le reste sur le bon coin ou abebooks (libraires américains), répartition en valeur.
Sur ebay il faudrait que je regarde la proportion de professionnels... mais au moins la moitié, à vue de nez.
Il y a une différence entre ces places de marchés : par exemple LRB qui se contente de mettre en relation l'acheteur et le vendeur, si je me souviens bien.

Hugues a dit…

Message bien reçu :)
Hugues

Pierre a dit…

Savez-vous si une comparaison des frais prélevés par les différents sites existe ? Pierre