jeudi 29 octobre 2015

Causerie mexicaine de Philippe Gandillet...


Le temps des vacances est plutôt un temps de détente, pendant lequel j’essaie de décompresser, de me reposer. J’essaie, en même temps, de prendre un peu de hauteur par rapport aux activités habituelles de l’année ;  le dictionnaire – les mondanités... Et comme j’ai du mal à tout maitriser, c’est plutôt le temps du laisser-penser… Ça fait combien de temps qu’on se connait, en fait ? Six ans, au moins, non ? Si ça ce peut, vous vous faites une opinion erronée de moi ! Quelqu’un d’un peu distant ; le type même du gars qui vouvoie son personnel, pas tactile pour un sou, et qui ne s’intéresse jamais au sort des autres, c'est ça ? Je veux dire ; vous ne savez même pas quelles auraient été mes aspirations si un talent naturel pour l’écriture ne m’avait éloigné de ma première vocation ?


Je vous la dis ? C'est un secret... En fait, j’aurais voulu être croque-mort !  C’est bêta quand on est un Immortel, n'est-ce pas ? Quand j’étais tout petit, déjà, je m’amusais à enterrer les hannetons. Au collège, je passais mon temps à confectionner des petits catafalques en cartons, même que les dimanches de sortie, je suivais les convois mortuaires pour me changer les idées ! J’ai, bien sûr, dû arrêter cet agréable passe-temps quand j’ai enterré ma vie de garçon… Je sais ! Les croque-morts ne sont pas très recherchés en société mais ils sont utiles, quand même. Quand on a besoin d’eux, on les trouve. Ce n’est pas comme les plombiers pendant la période des vacances, par exemple. J’ai dit  "plombier" car c’est la première profession qui m’est venue à l’idée mais j’aurais pu dire "trapéziste", aussi… Bien que pour réparer une fuite, un plombier, c'est quand même mieux. Oui ! Je sais bien que si vous vous trouviez entre deux croque-morts, lors d’un repas, vous ne les inviteriez pas à diner le lendemain ! Pourtant ce sont des hommes comme les autres. Dame, ils ont un rude métier ! Il faut en avoir le goût. Le plus ennuyeux, c’est que les gens qu’ils transportent ne donnent jamais de pourboire. Maintenant, il y a des compensations… Vous pouvez enterrer votre belle-mère vous-même ! Tout le monde n’a pas ce plaisir là… Moi, si j’avais été croque-mort, j'aurais fait cadeau de mon squelette au Muséum d’histoire naturelle à mon décès, parce qu’après avoir servi aux morts toute ma vie, je trouverais normal de servir aux vivants toute ma mort (sic)... Mais je suis Immortel, vous le savez, et si je suis digne d’un don, ce n’est pas celui de don d’organe (resic) !


Ce n’est pas la meilleure blague que j’ai faite ces derniers temps… Hein ?  La plus mauvaise ? C'est possible. J’essaierai néanmoins de la placer à ma voisine de table lors d’un immanquable diner en ville donné en mon honneur. Si elle tombe à plat ; pas ma voisine de table mais la blague – je suis très en forme, ce matin - je pourrais toujours dire qu’elle vient de la bouche même de Pierre, le libraire que je remplace, de temps en temps, à Tarascon. Tout le monde le croira aisément car son humour a toujours été un peu "brut de décoffrage". Il est au Mexique, en ce moment. Il pouponne toute la journée, fait des mots croisés en bavardant avec sa fille, accompagne son épouse quand elle va faire des courses au marché, mange des fruits exotiques... ; toutes choses qui lui sont habituellement inconnues. Le soir, seulement, il allume son ordinateur. Soit dit en passant, il y a peut-être lieu, en vacances, d'ouvrir d'autres fenêtres que celles de Windows, non ? Votre dévoué. Philippe Gandillet

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