Pour répondre à cette question existentielle, raisonnons par l’Aristote :
L’homme est mortel
Or l’animateur d’un blogue est un homme
Le blogue qu’il anime est donc mortel…
De quoi déculpabiliser plus d’un animateur en cette
période d’introspection pré-estivale ! De l’avis de personnes autorisées,
la durée de vie d’un tel site serait d’environ 3 ou 4 ans, principalement en
raison des évolutions technologiques, des effets de mode et des contraintes
personnelles qu’il entraine. La vraie
question est donc, en fait : Qu’est-qui fait que certains blogues
fonctionnent après cette échéance ?
Personnellement, J’ai commencé l’aventure des blogues en
raison d’une réorientation professionnelle choisie. Adossé à de nombreux
ouvrages sur le sujet, je cherchais une mine d’informations proposées généreusement
par un bienfaiteur de l’humanité bibliophile… A l’époque, si tu n’étais pas branché "Skyblog",
t’avais raté ta vie et les sites idoines fleurissaient !
Comme je ne pouvais rivaliser avec la qualité des articles
présentés sur ces sites, j’ai eu l’idée (elle était bonne mais je ne l’ai su
qu’après, bien évidemment !) de proposer, sur un blogue marchand, des
ouvrages commentés. Alors que tous mes amis remettent maintenant en question la
viabilité de leur site, je continue, pas aussi imperturbablement qu’on peut
l’imaginer, mais je continue ! Si je n’avais pas rencontré de retour (intellectuel
et financier) à cette activité,
j’aurais peut-être abandonné. Peut être…
Cependant, pour faire vivre un blogue, l’animateur a
besoin d’un minimum de reconnaissance ; savoir qu’il est lu car s’il écrit
pour son plaisir, mais c’est aussi pour le plaisir des autres. J’ai donc
commencé en juin 2009, et me voilà après six ans - 1750 articles et 1.253.677
pages vues plus tard - à étaler mon
vernis bibliophile sur la toile. Et je ne m’en lasse pas! Ça comble mon manque
d’affection, dirait un psychologue : J’aime être aimé ! J’aime
lire vos avis, vos réactions et ça m’a permis de rencontrer des gens très chouettes.
Cerise sur le gâteau, cela m’aide à vivre honnêtement de ce métier.
Corollaire : Un blog, ça prend beaucoup de temps : Je
lis les statistiques tous les jours, je commente mes propres articles (sic), je
réponds aux commentaires, et je recycle
l’ensemble quotidiennement sur Facebook !
Et une fois que c’est fini, je pense déjà au livre suivant…
Résultat : Beaucoup d’animateurs décident de mettre un
terme à la blogosphère après quelques temps avec un article d’adieu larmoyant ; Je n’y crois pas toujours. Je sais qu’ils
vont revenir : soit en publiant un autre article sur le même blogue
quelques jours plus tard (Coucou, me revoilà !) ou en créant leur espace sur une nouvelle plateforme. La
plupart du temps, un blogue se meurt plutôt lentement dans de très longues souffrances
muettes… L’auteur ne laisse pas de préavis. Pris tout simplement par la vie, il
poste de moins en moins jusqu’à ne plus poster du tout. Les lecteurs se lassent
de venir sur le blogue sans jamais trouver de mises à jour, alors ils ne
viennent plus jusqu’à en oublier son existence. C’est triste mais c’est comme
ça ! Heureusement, Google est là, au détour d’un mot clé, pour faire
revivre momentanément le site…
Origine : Plusieurs raisons peuvent expliquer la
désaffection d’un animateur pour son blogue. Soit l’auteur est enfin en couple,
soit il n’y est plus ; soit il a trop de travail, soit il a perdu son boulot ;
soit l’auteur est maman, soit l’auteur est papa ; soit il lit ses livres,
soit il a lu tous les livres… Il n’est cependant pas d’addiction tenace
que l’on ne quitte sans de bonnes raisons.
Pour moi, ce sera peut-être un peu de tout cela en
espérant que ce ne soit ni la bonne santé ni les ressources intellectuelles qui me manquent en
premier ! Le choix d’ouvrages à présenter est quasiment infini en
bibliophilie et seulement limité, à l’achat, par mes modestes liquidités : j’opterais
donc plutôt pour un épuisement de ma passion. L’idée m’effraie mais je sais l’échéance
inexorable. Bien sûr qu’un blogue est mortel ! Mais on se sera bien marré
en l’animant ! Pierre
20 commentaires:
:)
C'est la crise de la quarantaine?
Vote blog est une ressource inestimable et même si je n'y vais pas souvent, je l'avoue ..., il est là et je peux y aller si je veux.
C'est dans la possibilité de pouvoir le lire plus tard, l'idée de lecture en devenir, voir d'achat quand j'aurai mis mes idées en ordre ...je n'ai pas encore fini ... qu'est la joie de savoir que je peux apprendre, plus tard ce que je ne sais toujours pas, ou pas encore!
Bonnes vacances, Pierre!
Bien à vous,
Sandrine!
Je lis tous les blogs qui peuvent m'apprendre quelque chose : ils sont innombrables. Le vôtre en est, incontournable dans le domaine du livre. Je ne commente pas souvent, préoccupé par mes centres d'intérêt et d'activité : parfois en pause plus ou moins longue, je ne suis pas prêt de laisser mourir mon blog.Mais il est vrai que tout a une fin : j'ai déjà cessé d'acheter des livres,alors mon blog ne se taira qu'après moi....
Bonne saison estivale dans le beau Tarasconais !
Pas tout de suite j’espère :)
Je viens juste de découvrir votre blog et de le mettre dans ma blogroll.
Ne me faites ce coup là.
Habitant juste à côté de Beaucaire, je tacherais de passer vous voir un jour.
Cette question existentielle était à l'attention de Hugues et Léo, des amis animateurs, pour qui la question s'est posée, bien évidemment ! ;-))
De mon côté, je vis où je travaille... en Provence et le blogue me permet de garder le contact avec mes clients, à l'achat et à la vente. Il y a pire ;-)) Pierre
la question se pose... je ne sais pas s'il y a moins ou plus de lecteurs qu'à une époque, mais il est visible qu'il y a moins de commentaires ; et j'imagine que le plaisir de tenir un blog tient aussi au retour qu'on en a. Du point de vue égoïste du lecteur, je souhaite bien sûr que ces blogs très intéressants (comment faisait-on avant ?) continuent, bien sûr.
A noter que le pb se trouve aussi dans la presse. La NRLA était une bonne chose, qui n'a pas trouvé son public, c'est bien dommage...
On peut se poser la question sans trouver la solution immédiatement, en fait !
On peut essayer de s'adapter ;-)) Pierre
Le fait est que tenir un blog avec l'assiduité qu'y a toujours mis Pierre relève quasiment du sacerdoce. Le fait est qu'en ce qui me concerne je suis devenu beaucoup plus paresseux dans ce domaine et ne poste plus sur le mien qu'un billet de temps en temps. Le fait est que si les commentaires se font rares (or j'ai l'impression qu'ils se font rares plus ou moins partout) on peut avoir le sentiment de travailler pour des prunes. Le fait est que je laisse moi-même beaucoup moins de commentaires qu'autrefois (enfin, qu'avant : je ne vais pas tomber dans le travers que je déplore chez les autres d'assimiler à une époque dinosauresque tout ce qui a plus de deux ou trois ans). Mais le fait est zossi que ton blog, cher Pierre, est le premier que j'aie découvert quand j'ai commencé à me pencher un peu sérieusement sur les bouquins. Et le fait est, zenfin, que je continue à en lire attentivement tous les billets au fil de leur parution et que je me sentirais certainement en manque si je n'avais plus ma dose pour ainsi dire quotidienne.
Mais bon, tu fais comme tu veux, hein, c'est toi qui vois…
pascal marty (Le Visorion)
Merci Pierre pour cet article qui résume parfaitement ce que je pourrais dire sur les blogs et la difficulté à publier régulièrement. Je vois que vous y êtes arrivé, vos articles sont de qualité et enlevés, les ventes suivent. N'ayant pas d'objectif commercial, je peux m'arrêter plus facilement ;-) et je me sens plus léger depuis. Je vais enfin pouvoir lire tous les livres anciens qui m'attendent. Le grand regret pour ma part est d'avoir peu intéressé les professionnels des bibliothèques, par contre les libraires et les personnes amateurs de livres anciens m'ont beaucoup apporté ! Je pense qu'au bout d'un moment il faut passer à autre chose et faire toute sa vie un blog sur le livre ancien cela devient lassant... En vous souhaitant le meilleur pour la suite. Bien cordialement
Vous avez très bien résumé les choses Pierre, et Calamar a justement noté que les commentaires se font rares. Presque aussi rares que l'inspiration. :)
Notre situation est différente, votre blog est un élément essentiel de votre pratique et je suis un grand fan de votre style. De mon côté, l'écriture du blog est devenue un sacerdoce... Je continue contre vents et marées pour l'instant, en attendant de trouver le temps de passer au projet suivant sur le net (il est dans ma tête, il faut juste trouver un moment pour le faire).
Mais pour répondre de façon très directe et très simple à votre question de la mortalité des blogs... et bien la caractéristique des blogs, surtout hébergés chez un hébergeur stable, c'est qu'ils sont immortels!
C'est un grand réconfort de savoir que nous serons encore probablement lus par de jeunes bibliophiles dans quelques dizaines d'années, et bien après notre mort. De façon encore plus intime je me dis également que si mes petites filles en auront envie, elles pourront venir sur mon blog et découvrir un peu de mon univers et encore un peu plus de la personnalité de leur père. Finalement, ces milliers d'articles, cela vaut bien quelques heures de divan.
Au delà du contenu, cette empreinte laissée est fascinante.
Allez Pierre, souquez ferme, je suis avec vous!
H
PS: ces blogs sont également très gratifiants au niveau relationnel, ils ont tissé un lien entre bibliophiles, un lien qui n'existait que très partiellement avant.
On peut arrêter d'animer un blogue en ayant le sentiment du devoir accompli, dans vos deux cas, Pascal et Léo. Vous méritez d'être des lecteurs apaisés... Pierre
Hugues, c'est vrai ça !
Nous sommes devenus immortels grâce à nos hébergeurs et j'avais, un moment, oublié que la BNF m'avait accordé à titre anthume un numéro ISSN qui protège mes articles des contre-façons et de l'oubli ! Je tremble à l'idée des approximations et des blagues potaches qui émaillent mes billets...
Hugues sait que nous lui devons tous quelque chose, c'est à dire de la reconnaissance ! Amicalement. Pierre
Vu le nombre et la rapidité des commentaires, il faut conclure que le Blogue de Pierre est toujours assidûment consulté. La valeur ne se mesure sans doute pas aux nombres des lecteurs. Il ne faut pas prétendre à une participation comparable à celle des jeux et je serais tenté de dire : heureusement !
Nous serions certes tous déçu, moi le premier, de voir disparaître notre lecture quotidienne.
Faisons un petit effort pour aider les rédacteurs en apportant de temps à autre notre modeste contribution. Les sujets ne manquent pas.
René
la postérité! à la BNF!
bravo !
Sandrine. :)
N’exagérons rien ! Peu de créations et beaucoup d'hommages sous forme de pastiches. Je dois beaucoup à ma mémoire et peu à mon talent... Pierre ;-))
Un courriel dans ma boite aux lettres : Merci ! Pierre
Cher Pierre Brillard
j'avais commencé à rédiger le commentaire ci-dessous mais je me suis dit que les autres commentateurs me trouveraient sans doute un peu verbeux et penseraient que je ferais mieux de m'abstenir mais je vous le livre quand même ci dessous pour vous dire le regret que j'aurais de vous voir arrêter.
"Je rattrape quelques jours de retard sur la lecture de mon blog préféré ( de Tarascon ! sinon je vais avoir des ennuis avec les autres !) pour vous dire de ne pas user du prétexte d'être bientôt grand-père d'un petit mexicain pour arrêter votre blog ou le nourrir trop irrégulièrement.
Pour susciter des commentaires nombreux: rien de tel que d'aborder les sujets polémiques comme Aristophil ou l'intérêt d'investir dans les livres. Commenter vos articles c'est plus difficile car en général ils sont très complets sur l'ouvrage présenté (un petit coup de brosse à reluire n'est jamais à négliger !) et il faudrait avoir quelque chose d'intéressant à ajouter. Je dis cela uniquement pour moi.
Il y a quelques années sur des blogs voisins, à propos d'ouvrages anciens il y avait souvent des commentaires passionnés et passionnants de Martin qui écrivait d'Allemagne, de Ugo Pantalanocci ( ?) etc mais on les entend plus."
J'étais prêt à me lancer sur l'intérêt des commentaires de Calamar et autres Lauverjat mais je ne voulais oublier ou froisser personne, exercice toujours délicat.
Donc je me limite à ce courriel pour vous dire tout le plaisir que me procure la lecture quotidienne de votre prose.
Bien cordialement
Bien vu Patrick ! La naissance d'un petit fils mexicain n'a pas été sans m'interpeller. J'ai été un père parfois un peu débordé par le travail ; je ne voudrais pas louper cette prochaine échéance même si ma fille ainée m'a gentiment dit : " Je ne suis pas parti à 10.000km pour t'avoir dans les pattes toute la journée " Une façon préventive de me déculpabiliser ! Enfin, je crois...
La solution serait d’arrêter quand j'aurai vendu tous mes livres !
Pierre ;-))
Cher Pierre
Votre procédé s'appelle " "tricher pour augmenter le nombre de commentaires" ;-))
Vos commentateurs sérieux vont fuir nos bavardages.
Sans rancune.
Patrick C.
Je connais quelques-uns de mes commentateurs et je peux vous assurer que la plupart sont loin d'être sérieux (en dehors de leur travail), je vous rassure, Patrick ! Je n'oublie pas que la lecture - ainsi que la bibliophilie qui peut s'y adosser - est un loisir... Pierre
Et bien voilà Pierre, ils sont tous revenus, et d'autres encore, de l'époque où les commentaires fleurissaient sur ce blog et où j'avais l'inconscience de passer régulièrement pour jouer à la blonde profane. Je vous avais d'ailleurs signalé que les commentaires se raréfiaient et qu'on ne retrouvait plus l'ambiance potache qu'on pouvait y voir certains jours. Faut-il donc un tel billet pour réveiller vos lecteurs endormis ? il est vrai que parfois une question ouverte peut soulever débat et discussions, a fortiori quand elle est assortie d'une inquiétude manifeste. Je suis heureuse de constater qu'ils sont bien tous là, cachés derrière leurs gros grimoires poussiéreux, tous en ligne pour mieux vous soutenir. Il est vrai que nos activités nous tiennent parfois loin des autres, la vie est ainsi faite qu'elle nous entraîne dans ses rouages virevoltants et que si l'on y prend pas garde, on ne distingue plus où ça va s'arrêter de tourner ni si on va tomber du manège ! une pause s'impose, mesdames, messieurs, le temps de souffler un peu, considérer que derrière les auteurs de blogs, il y a des hommes, des femmes, des libraires et des secrétaires :) et que se retrouver ensemble, non pas avec un verre (Pierre refuse ostinément de dresser un petit coin convivial au fond de sa boutique, je ne vais pas manquer de lui en causer encore lors de ma prochaine visite), mais autour de quelques bons mots témoigne simplement du plaisir de rencontrer les autres et leur dire qu'on les apprécie. Les statistiques et le nombre de vues ou de lectures, c'est bien, mais un petit mot, ça fait chaud au coeur.
Allez, je promets de passer plus souvent....
(quoi ? personne n'applaudit ? mince....)
La seule idée de voir mes lecteurs et mes lectrices - a fortiori si elles sont blondes et pulpeuses - me réjouit déjà. Je prépare le café en face... Pierre
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