samedi 22 novembre 2014

La belle Carmen de Prosper Mérimée a plus d'un amoureux, Chica ! Chica ! Chic ! Ay ! Ay ! Ay ! ...


Mérimée publia très jeune, à vingt-deux ans, son premier livre, mais, bien que le succès continuât à accompagner sa production, sa vocation littéraire n'a pas été exclusive. Parallèlement avec elle, il assumait les charges d'inspecteur général des Monuments historiques et développait des activités d'archéologue, d'historien, de traducteur et de linguiste.


Phénomène insolite au XIXe siècle, la pluralité de ses vocations ne manqua pas de susciter la méfiance des critiques qui lui reprochaient de ne pas s'être engagé dans une voie unique, et, prenant à la lettre la distinction qu'il avait établie lui-même entre ses activités "sérieuses" et ses "petites drôleries", finirent par lui faire une réputation d'amateur… À tort !


J'ai déjà présenté une correspondance de Prosper Mérimée [ou plutôt Philippe Gandillet l'a fait en publiant un de ses textes dont s'est inspiré Mérimée pour sa Vénus d'Ille…], il y a quelques temps. Carmen est une nouvelle tout aussi remarquable publiée en 1847. L'héroïne est la figure emblématique de la bohémienne dans la littérature française du XIXe siècle. Elle allie l'attrait de l'exotisme, le pouvoir de la magicienne et la force de la séduction qu'on attribue aux gitanes. Carmen a de nombreuses sœurs dans l'œuvre de Mérimée mais aucune ne possède cependant autant de relief qu'elle. Aussi inspira-t-elle l'opéra homonyme de Bizet, qui fait oublier parfois l'originale !


Sauvage, effrontée, une fleur de cassis à la bouche, telle apparaît Carmen, fille de l'amour et de la liberté, toujours prête à mettre la rage au cœur, à pousser au crime. De ce jeu cruel, elle est bientôt la victime, mais la mise à mort, ici, n'a pas lieu dans l'arène. Don José, un Basque ardent et naïf, brigadier dans un régiment de dragons, rencontre à Séville la belle Bohémienne Carmen. Chargé de la conduire en prison, il la laisse s’enfuir et se voir dégradé.


Par jalousie, il blesse un officier et s’enfuit. Il rejoint Carmen et mène auprès d’elle la dure vie de contrebandier, puis de voleur et de brigand. Mais Carmen se lasse… Elle a, selon la coutume gitane, un époux qui revient du bagne. José le tue, devenant ainsi le "mari" de Carmen. Il lui propose de fuir en Amérique pour y mener une vie honnête. Carmen, qui s’est éprise d’un ténor picador et veut surtout rester libre, refuse. Don José la tuera avant de se rendre aux gendarmes. L’histoire, racontée au narrateur par Don José dans la prison où il attend son exécution, s’achemine ainsi vers sa fin tragique


L'ouvrage que je propose aujourd'hui, florilège de nouvelles dont Carmen fait partie, est présenté dans une fort belle reliure mosaïquée et signée par Caulet. On peut lire Carmen en écoutant Bizet. On peut aussi choisir une opérette édulcorée et fredonner La Belle de Cadix… Pierre


MÉRIMÉE (Prosper). Carmen, Arsène Guillot, L'abbé Aubain, La dame de Pique, Les bohémiens, Le hussard, Nicolas Gogol. Paris Calmann-Levy, sd. Quarante-deuxième édition. Un volume in-8. Reliure demi-maroquin taupe (sic), dos lisse orné de motifs mosaïqués et dorés, gardes colorées, tranche supérieure dorée, couverture et dos conservé. Bel état, dos insolé. Vendu

3 commentaires:

temps a dit…

Bonjour,
C'est le mal des deux derniers siècles de croire qu'un homme est une association de cellules que l'on peut quantifier et chiffrer.
Nous avons oublié qu'avant tout l'homme c'est le lien entre les cellules, et parfois il en change selon son tempérament ou des événements.
Cordialement

Pierre a dit…

Je serais mal placé pour dire le contraire puisque j'ai pratiqué - parfois maladroitement - plusieurs activités artistiques pendant ma carrière professionnelle. Elles m'ont appris l'humilité ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

Faire de l’homme une chose qu’on peut étudier, c’est assurer qu’on peut se servir de lui comme d’une chose et l’exploiter comme une chose. [Maurice Blanchot]

René