vendredi 28 novembre 2014

Li Margarideto de Joseph Roumanille avec un poème dédicacé au tout jeune Mistral !


Joseph Roumanille fut l'un des sept félibres fondateurs du félibrige. Poète et journaliste, il travailla à associer toutes les littératures de langue provençale et publia une célèbre anthologie des œuvres des divers auteurs sous le titre Li Prouvençalo.


Né à Saint-Rémy de Provence en 1818, à partir de 1834, il fait ses études au collège de Tarascon, puis, après avoir travaillé comme clerc de notaire dans notre ville entre 1836 et 1839, il publie ses premiers vers dans L'Echo du Rhône. Il travaillera ensuite comme surveillant et professeur à Nyons et au collège Dupuy (Aujourd'hui Louis Pasteur) à Avignon où il rencontrera Frédéric Mistral, l'un de ses élèves.


Il établit les principes de l'orthographe nouvelle du provençal et participa, avec son élève, à la fondation du Félibrige, dont il sera le deuxième "Capouliè" à la suite de Mistral. Organisateur du mouvement, libraire et éditeur, il est un acteur essentiel du développement de la culture provençale. Il décédera le 24 mai 1891 en Avignon veillé par Folco de Baroncelli. Mistral, alors en voyage en Italie, fut profondément désorienté par la disparition de celui qui avait été le maître de sa jeunesse et l'ami de toute sa vie.


En 1847, il a 29 ans et fait publier à Paris un recueil de poèmes, chacun d'eux dédicacé à ses amis poètes. C'est cette édition originale que je propose aujourd'hui à la vente. Elle a ceci de très remarquable qu'un des poèmes est dédié à Frédéric Mistral… Et c'est là qu'un peu de culture générale est bien utile pour valoriser les ouvrages mis en vente par les libraires dans leur boutique ! Je me suis dit : " Mon cher Pierre (nous nous vouvoyons dans l'intimité), en 1847, Mistral ne devait pas être bien vieux, non ? ". Eh oui ! 17 ans ! Quel scoop ! Joseph Roumanille avait vu dans son jeune élève, l'étoffe d'un "Prix Nobel de littérature" qui lui sera décerné 57 ans plus tard. Quelle clairvoyance !


Le reste de l'ouvrage est à l'unisson. Les plus grands poètes de l'époque sont mis en exergue. La fin de l'ouvrage contient des textes de l'auteur mentionnant des poèmes de ses confrères et des biographies rares comme celle de Desanat et celle d'Hegesippe Moreau.


Il devient libraire-éditeur sur Avignon en 1855. Sa maison d'édition éditera L'Armana prouvençau (l'Almanach provençal) ou encore Mireille de  Frédéric Mistral. Quand la librairie ferma dans les années 1980 pour laisser la place à une "boutique à touristes", la ville d'Avignon n'eut pas l'idée - ni l'envie - de se rendre acquéreur de ce symbole. Dommage ! Un agréable achat, bien relié – avec un bel ex-libris de la famille "De Loriol" - que j'aurai plaisir à céder à un amateur. Pierre


ROUMANILLE (J.). Li Margarideto (Les Pâquerettes).  Poésies provençales. Techener, Paris 1847. Un volume In-8. Cartonnage recouvert d'une demi-percale rouille à coins, plats de papier marbré, dos lisse, pièce de titre à lettres dorées, gardes colorées. Dédicaces prestigieuses dont une à Mistral - il n'a que 17ans ! - , Desanat, etc… Edition originale. Bel état. 240 € + port

2 commentaires:

Daniel a dit…

On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans.
- Un beau soir, foin des bocks et de la limonade,
Des cafés tapageurs aux lustres éclatants !
- On va sous les tilleuls verts de la promenade.

Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin !
L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ;
Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin -
A des parfums de vigne et des parfums de bière...(...)

Pierre a dit…

Issu de la notabilité maillanaise, Mistral était loin d'être un rebelle comme Rimbaud ! ;-)

Ils auraient pu cependant se croiser. Le choc aurait été rude (pour Mistral). Pierre