Philippe Gandillet revient à Noël !

Cher Maître,

D'habitude, vous venez dans votre belle bastide provençale pour Noël et vous me tenez la boutique le lundi. Ça tient toujours ? Votre fidèle. Pierre Brillard

Mon cher Pierre,

Je suis si las de mes molles rêveries parisiennes, de mes élans passagers, qui montent et retombent comme des jets d'eau ! Vanité de l'intellectuel ! Peur de la vie, mépris de tout, vieux sentiments tant décrits. Peiner pour mettre en ordre des idées douteuses, sale labeur de l'Académicien ! Je vous l'écris mais vous le savez déjà… Qui me connaît mieux que vous ? Et dire qu'autour de ma bibliothèque, il y a la vie, il y a le vin et les jolies femmes…

Il y a aussi le réchauffement de la planète et la mondialisation – ainsi que votre petit commerce, toutes activités utiles et bien réglées… Et moi, je pense et vis dans un extrême dérèglement d'esprit, ma pensée s'emporte vers de chimériques perfections ou s'enivre de descriptions enflammées depuis que j'écris une saga romanesque sur l'histoire d'un apprenti sorcier. J'appellerai la série du nom de son héros : " Henri Pautère ". Le titre devrait plaire à mes nombreux lecteurs. L'intrigue principale de la série met en scène le combat du jeune Henri Pautère contre un mage noir réputé invincible qui a tué autrefois ses parents ; à la tête d'un clan maléfique, le méchant – il s'appelle François Vador - cherche depuis des décennies à prendre le pouvoir sur le monde des gentils… Ces six mois coupés du monde à écrire un chef d'œuvre original m'ont cependant épuisé ! J'envoie le manuscrit aux éditeurs et je file vous rejoindre. On me dit que vos affaires ne sont guère flamboyantes. Je vous achèterai quelques beaux livres. Votre dévoué. Philippe Gandillet