mardi 10 septembre 2013

Fantin-Latour peint par Adolphe Jullien, son ami…


Fantin-Latour, c'était un de ses traits distinctifs, avait horreur du bruit, de la publicité, et tout ce qui avait l'apparence d'une manifestation lui répugnait profondément. Aussi ce peintre, qui a parfois trop brillé par sa discrétion, est-il plus connu aujourd'hui par les portraits de groupe qu'il a fait de ses contemporains que par lui-même…


L'auteur de l'ouvrage que je présente ici et qui retrace son œuvre, Adolphe Jullien, était un ami et un contemporain du peintre. Un portrait de lui, fait par l'artiste, est d'ailleurs présenté en hors-texte. Il était donc mieux placé que quiconque pour faire cette biographie-bibliographie de Ignace Henri Jean Théodore Fantin-Latour quelques années après sa disparition (1904), l'ouvrage ayant été édité en 1909.


Parallèlement à son activité de portraitiste, Fantin-Latour réalisa une grande quantité de natures mortes. Dans les années 1860, celles-ci jouent même un rôle capital dans sa carrière. C'est en effet en Angleterre, où il séjourne régulièrement, que Fantin-Latour trouve de nombreux amateurs pour ses compositions de fleurs et de fruits. Achats et commandes se succèdent alors, assurant au peintre une réussite commerciale à laquelle le reste de son oeuvre ne lui a pas permis, jusque-là, de prétendre.


Pleines de poésie, un peu désuètes, les natures mortes de Fantin-Latour peuvent étonner à l'époque des impressionnistes avec lesquelles l'artiste entretient d'ailleurs de véritables liens de sympathie (en particulier Edouard Manet). Cependant, le choix d'un tel sujet n'est pas aussi innocent qu'il n'y paraît. Dans la hiérarchie des genres édictée par l'Académie des Beaux-arts au XVIIe siècle, la nature morte de fruits ou de fleurs est reléguée au bas de l'échelle. En se libérant de tout prétexte intellectuel, il offre à ses toiles, qui ne racontent rien, l'unique plaisir des yeux qui incarne, on l'oublie parfois, une des principales finalités de l'art…


Pour autant, il ne s'agit pas d'une rupture radicale avec la tradition. Tout comme dans le portrait, Fantin-Latour montre, dans la nature morte, son attachement au passé. Le peintre revendique ici ouvertement l'héritage de Chardin, maître de l'école française du XVIIIe siècle. 


Cette délicatesse fait aujourd'hui toute la saveur de l'œuvre du peintre. En revanche, la critique plus habituée à la grandiloquence des portraits d'apparat, juge mal le style de l'artiste à son époque. Ceci lui valut des commentaires comme celui de Maurice Hamel dans la Gazette des Beaux-Arts de juin 1887 : "Sans doute, on y admire les hautes qualités du peintre, finesse d'harmonie, plénitude du modelé. Mais on dirait que la volonté de l'artiste s'est disséminée trop également sur les détails au lieu de mettre habilement en lumière l'intérêt capital des physionomies"…


Le manque de discernement des critiques d'art semble, encore une fois, une des meilleures garanties lorsqu'on veut estimer la postérité d'un artiste ! Pierre


JULLIEN (Adolphe). Fantin-Latour, sa vie et ses amitiés. Lettres inédites et souvenirs personnels. Avec cinquante-trois reproductions d'oeuvres du maître, tirées a part, six autographes et vingt-deux illustrations dans le texte. Laveur Lucien 1909. Un volume In-4. Reliure demi chagrin cerise à coins, dos à 5 nerfs, titre doré, tranche supérieure dorée, page de garde colorée. [4ff dont page de titre], 214 pp. frontispice tiré en héliogravure. Jolie reliure, beau papier, pas de rousseurs. Très bel état. Vendu

4 commentaires:

Textor a dit…

J’ai bien vu une expo Chardin dans le temps, mais de Fantin-Latour, jamais ! Ce livre va être difficile à vendre …:) mais l’article est bien tourné. Merci Pierre !

Pierre a dit…

Je suis, malgré tout, assez optimiste, à la fois sur la mode à venir des oeuvres de Fantin-Latour, et pour le livre que je propose à la vente ici. Bien relié, bien illustré, sur beau papier, il ravira un amateur qui possède des portraits de groupe car la genèse des toiles est expliquée. Pierre

Anonyme a dit…

Bonjour,
On doit notamment à cet artiste un beau portait de Verlaine
Reproduit et édité sur chine par Albert Messein

Cf : Verlaine : Fêtes galantes, collection « les manuscrits des maîtres » : facsimilé du manuscrit édité par Albert Messein 1920


Très bel ouvrage.

David


Pierre a dit…

Le XIXeme siècle fut certainement le siècle du et des talents artistiques... Pierre