mercredi 3 avril 2013

La civilisation en Italie au temps de la Renaissance par Jacob Burckhardt : édition complète sur papier…


Je regardais, hier soir, une émission sur Arte qui évoquait l'influence qu'aura "Google book" sur la conservation et la diffusion de la connaissance livresque, dans l'avenir. Après une première partie, plutôt optimiste, le documentaire nous a démontré les risques que prenaient les institutionnels en mettant entre les mains d'un seul interlocuteur (Google), le savoir emmagasiné dans les livres anciens par toute l'humanité. Grrrrr… J'en frémis encore !


Pour lutter contre Google et son entreprise de numérisation à outrance du savoir, je vous propose d'acquérir l'ouvrage à la vente, aujourd'hui ;-))  En effet, dans l'avenir, seuls quelques passages seront disponibles "en clair" et pour en connaître le contenu en entier, il faudra "banquer" bien plus que le prix du livre proposé dans ce billet.


Un temps, un monde, une civilisation. Jacob Burckhardt nous brosse, ici, le tableau saisissant de la plus grande révolution culturelle de l'occident moderne. Formidable plongée dans l'esprit dune époque, La civilisation en Italie au temps de la Renaissance nous fait apparaître les racines de notre mode de penser.


Jacob Burckhardt (1818-1897), né à Bâle, appartenait à une vieille famille de théologiens protestants. Sa formation fut germanique mais c'était l'Italie sa patrie d’élection. Il la parcourut du nord au sud, généralement en calèche, à dos de cheval, ou même à pied. Il voyageait lentement, prenait des notes et dessinait. Il était à la fois historien et historien de l’art, et ne voulait pas distinguer les deux : c'était un « historien de la culture » car pour lui, la culture était un ensemble.


La Civilisation de la Renaissance en Italie est un livre fondateur qui a profondément influencé notre manière de percevoir la Renaissance. Ce chef-d’œuvre historique du 19eme siècle répondait à La Renaissance de Michelet, dont il est une sorte de miroir inversé.


Très pessimiste, il détestait son époque, l’affairisme, les chemins de fer. Il disait : « Comment allons-nous faire pour voyager maintenant qu’il y a les chemins de fer, qui raccourcissent les distances ? On ne prendra plus le temps de s’arrêter, on aura plus le loisir de contempler les monuments et de s’entretenir avec les gens ». Il n'avait pas complètement tord sur le fond… Pierre


BURCKHARDT (Jacob). La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Traduction de M. Schmitt, professeur au lycée Condorcet sur la seconde édition annotée par L. Geiger. Paris, Plon, Nourrit et Cie, 1885. 2 volumes in-8. Reliure demi chagrin cerise, dos à nerfs, titre et tomaison en lettres dorées, gardes colorées. Couvertures conservées. Quelques piqûres et rousseurs claires. Bel ensemble. Vendu

14 commentaires:

Pierre a dit…

Quelqu'un a t-il vu cette émission ? La numérisation de tous les ouvrages qui partait d'un bon principe pourrait être mal exploitée... Pierre

Textor a dit…

Non, mais j'ai lu un article dans le monde sur le même sujet. La pieuvre googlesque va nous priver de l'accès gratuit au savoir !

(d'où l'intérêt de se constituer rapidement sa propre bibliothèque !)

Textor

Pierre a dit…

Je me mets au service de cette grande œuvre de protection du savoir pour en tirer de substantiels bénéfices à mon corps défendant... Pierre

Anonyme a dit…

L'accession gratuite au savoir est une notion récente et encore géographiquement bien limitée de nos jours. Tous les pays ne dispensent pas gracieusement l'outil principal de la lecture : avoir appris à lire.
Que dirions-nous si les livres n'étaient accessibles que par un intermédiaire : le libraire ? :-)

Jean-Michel

Pierre a dit…

Arrrggghhh... le coup bas ! C'est la diversité des libraires qui garantit l'absence de monopole.

L'enjeu - et le risque - de la numérisation totale du savoir par une seule entreprise (même si je ne pense pas qu'il était calculé chez Coogle), c'est que cette société, se détournant de sa première finalité n'en fasse un outil de pouvoir.

On voudrait que Aldous Huxley ne fût pas un visionnaire ;-)) Pierre

sebV a dit…

Je viens de regarder le doc sur arte+7.
Il y a un point que nous européens sous-estimons systématiquement à propos des américains, c'est leur capacité à se sentir investis d'une mission. J'ai tendance à croire que les dirigeants de google pensent sincèrement agir pour le bien public en réalisant une bibliothèque universelle. Je ne m'inquiète pas trop sur l'accès gratuit à cette bibliothèque, ils sont trop malins pour d'un coup en rendre l'accès payant. Et ça ne fait sans doute pas partie de la philosophie de leur projet. Par contre avoir de la pub de plus en plus invasive et ciblée sera sans doute la manière de rentabiliser le coût de la numérisation.
On voit en outre dans le doc que des offres concurrentes gratuites se s'organisent (Harvard, Europeana...), ce qui limitera la situation de monopole.

Par contre ce qui est en jeu c'est l'équilibre entre le droit d'auteur et la diffusion gratuite des connaissances. Il y a sans doute un nouvel équilibre à trouver avec internet...
D'ailleurs si l'accord qu'avait trouvé google avec la guilde des auteurs a été retoqué, au contraire en France le parlement a changé le droit intellectuel pour autoriser le programme ReLire de la BNF. C'est fort non ? C'est maintenant une institution publique le nouveau grand méchant loup des auteurs...

Pierre a dit…

Très bon documentaire donc, qui, en filigrane, envisage la disparition d'un fâcheux intermédiaire ; le libraire d'ouvrages anciens ;-))

Bien d'accord avec Sébastien pour supposer que l'état se substituera au grand méchant loup "Google" si l'affaire s’avère juteuse... Pierre

pascalmarty a dit…

Hum, je n'ai pas regardé hier l'émission sur Google, mais je voudrais quand même rappeler que pendant trèèès longtemps le seul moyen d'avoir accès au contenu d'un livre, sauf à aller le consulter en bibliothèque, c'était de se l'acheter (chez un libraire…). Ça reste vrai pour tous les ouvrages récents, et j'imagine mal Ggl se mettre à instaurer un droit d'accès à des œuvres du domaine public. Ça ferait un beau tollé sur la Toile !
Et juste un petit détail technique, mais pas à propos d'imprimerie, pour une fois. Contrairement à ce qu'on pourrait croire en regardant les retransmissions de mariages princiers, si les calèches sont bien des voitures (à cheval), découvertes, à quatre roues, quatre places en vis-à-vis et menées par un cocher, toutes les voitures (à cheval) ne sont pas des calèches !

pascalmarty a dit…

Le commentaire de Pierre est arrivé pendant que j'écrivais le mien, mais je le rassure : tant que les scans de Google (et c'est pareil chez Gallica ou ailleurs…) seront aussi pourraves, les libraires d'ancien n'ont aucun souci à se faire !
;-)

sebV a dit…

Les libraires d'anciens seront peut-être les seuls qui s'en sortiront à peu près. On vend plus qu'un texte, on vend un morceau d'histoire, une reliure, un papier, des illustrations, un plaisir des sens plus qu'intellectuel.

Ceux que google et Relire concurrencent directement sont les bouquinistes et librairies de documentation. Par exemple: Payer un Flety 450€ si la bnf sort demain le fichier numérique à 30€ ?
A très court terme, si j'en crois l'effondrement des achats sur ebay, les bouquins et bouquinistes vont disparaître. Remplacés pendant un temps par des vendeurs à gros volume ? (Mr 8,75€ par exemple?) Mais comment rentrer dans le monde de la bibliophilie quand le bouquin aura disparu ? C'est la question qui devrait nous agiter.

Pierre a dit…

Merci, en tout cas, de ces commentaires très instructifs ! Nous avons besoin de personnes comme vous pour choisir la bonne orientation. Libraire, c'est un beau métier mais il faut, quand même, des clients ;-)) Pierre

sebV a dit…

Discuter sur les blogs c'est facile, trouver des solutions dans la vie réelle, plus compliqué ;-)

Anonyme a dit…

Parfaitement d'accord avec Sébastien, un livre c'est bien plus qu'un texte et même si ce n'est que ça, n'est-il pas plus agréable de le lire dans une belle édition agrélentée de quelques savoureuses rousseurs.
Mais les futurs bibliopholies auront-ils les mêmes goûts et les mêmes envies que nous ? Messieurs les libraires d'ancien, priez Sainte Wiborade pour qu'elle prête longue vie aux vieux collectionneurs.

René

Pierre a dit…

Nous avons tous un devoir de transmission de la connaissance aux plus jeunes que nous. Faut-il qu'il le souhaitent comme le suggère René ! Pierre