samedi 13 avril 2013

Histoire de la lithographie par Wilhelm Weber.



C'est le week-end ! Le bibliophile ne se prélasse plus au bureau comme à son habitude mais commence sa fin de semaine de travail… Un travail d'oisif, direz-vous ! Je lui propose, aujourd'hui, d'aborder une des plus prestigieuses techniques de production d'illustrations - la lithographie - et d'améliorer éventuellement ses connaissances grâce à l'acquisition d'un ouvrage remarquable à la fois par sa qualité et par la modicité du prix auquel je le propose (ça, c'est de la promo !).

La lithographie est une technique d'impression et de reproduction des textes et des images mise au point fortuitement, entre 1796 et 1797, par Aloys Senefelder, un auteur dramatique allemand qui cherchait le moyen d'imprimer ses pièces à moindres coûts. Le procédé repose sur deux éléments : l'emploi d'une encre ou d'un crayon gras (composés d'un mélange de savon, de cire et de noir de fumée) pour dessiner sur une pierre enduite préalablement d'une solution composée de gomme arabique et d'acide nitrique. Ainsi, après que la surface ait été lavée à l'eau, les parties non dessinées restent humides grâce aux qualités hydrophiles de la gomme, si bien qu'au moment de l'encrage, ces parties « rejettent » l'encre. A l'inverse, les parties grasses (les parties dessinées) retiennent l'encre. On peut ensuite procéder à l'impression


L'invention de Senefelder va faire l'objet de plusieurs améliorations, dont certaines dues à l'inventeur lui-même. Tout d'abord sur le support. Au départ, Senefelder utilise la pierre calcaire de Solenhofen, en Allemagne, mais celle-ci a l'inconvénient d'être assez fragile ; il teste donc d'autres supports, comme des plaques de cuivre. Par la suite, le recours à des plaques de métal va devenir de plus en plus fréquent, et sera même la norme pour certaines productions lithographiques. D'autre part, le procédé d'impression lithographique inverse le dessin. Senefelder y remédie en utilisant l'intermédiaire d'un papier-report sur lequel il dessine « à l'endroit », avant de « transférer » l'image sur le support (pierre ou plaque de métal) où l'image va donc apparaître « à l'envers ». On procède ensuite à l'impression qui inverse une dernière fois le dessin et le rétablit à l'endroit.


Enfin, Godefroy Engelmann réalisa, à partir de 1836, des lithographies en couleurs grâce au procédé chromolithographique. L'impression en couleurs est fondée sur la division chromatique : avec quatre pierres seulement (pour le noir, le rouge, le bleu et le vert), on parvient à créer des images en couleurs quand, jusque-là, on utilisait autant de pierres que de couleurs désirées (à moins qu'on ne préfère faire la mise en couleurs à la main).

Par rapport à l'estampe traditionnelle, la lithographie est un procédé assez facile à mettre en œuvre et qui ne demande pas l'intermédiaire d'un graveur professionnel. Elle entre immédiatement en concurrence avec les procédés traditionnels d'illustration mais subira, elle-même, la concurrence de la gravure sur bois de bout qui se développe au même moment.


Grâce à sa souplesse d'utilisation, elle offre à la presse la possibilité d'une illustration de qualité. Les journaux satiriques de Charles Philipon, La Caricature (1830) et surtout Le Charivari (1832), le premier quotidien illustré français, s'attachent ainsi les services des plus grands dessinateurs et caricaturistes de l'époque, tels Honoré Daumier ou Gavarni. Toutefois, ne pouvant être intégrée à la composition typographique, elle reste une illustration en regard du texte, ce qui est un handicap pour son utilisation par la presse.

Beaucoup des lithographies parues dans ces journaux seront, dailleurs, vendues en recueils ou à la feuille, et rejoindront la très importante production d'images qui vont peupler les intérieurs petit-bourgeois de l'époque.


Les années 1850 marquent le début du déclin de la production lithographiée. On incrimine d'abord une production trop importante, et surtout trop médiocre, qui l'aurait décrédibilisée, puis, à la fin du XIXe siècle, la concurrence de la photographie et des moyens de reproduction photomécaniques. On n'arrête pas le progrès, que voulez-vous !  Pierre


Weber (Wilhelm). Histoire de la lithographie. Paris, Aimery Somogy, 1967. Un volume in-4 relié toile grenée beige, jaquette illustrée. Nombreuses illustrations en noir et blanc et en couleurs, dans le texte et en planches. Préface de Raymond Cogniat. Légères brunissures sur la jaquette. Très bon état. 40 € + port

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