vendredi 19 octobre 2012

Dernier hommage à Louis Jou : Finir par François Villon...

Louis Jou est décédé aux premiers jours de 1968. Il laisse un ouvrage en préparation, le Villon, qui sera imprimé par ses amis en 1980. L'oeuvre que je vous présente aujourd'hui à la vente est donc le dernier hommage de ce grand artisan du livre à la littérature et le premier hommage de ses admirateurs à son talent. Tiré à 70 exemplaires, c'est une petite rareté…

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.

Preuves de sa ténacité et de son refus de capituler devant l’âge et la maladie, quatre lettres adressées à son confident T’Serstevens au cours de l’année 1967 nous renseignent avec précision sur ses dernières recherches et ses derniers scrupules. 















« Me voilà (...) à la recherche de mon Villon et en faire quelque chose d’inédit en tant que livre de vers. C’est vrai que c’est en ce moment de gestation que travailler un livre est intéressant, car une fois établi, ce n’est que suivre et même les modifications ce n’est que question de travail. On a vision d’une forme mais en la réalisant graphiquement, elle ne donne rien, mais elle en donne la forme d’une autre et ainsi de suite jusqu’à ce que le rêve devienne graphique. Ça c’est merveilleux de le vivre. »

  
« Je travaille beaucoup à Villon. Mais j’ai deux éditions différentes, une de chez Crès et l’autre de chez Lemerre, et ça ne colle pas, les ballades ne sont pas à la même place et il y en a un tas soi-disant apocryphes. (...) J’ai déjà le papier, un papier Canson blanc 1/4 de colle assez beau. Des lettres ornées et ça fera assez bien je crois. Les lettres seront en trois tons : lettre rouge, trait noir et fond camaïeu. Corps 20 romain. Ça c’est décidé. L’italique est moins noble tout de même que le romain. Suis embêté pour le texte, savoir lequel est le bon. L’orthographe, ça c’est facile, possible qu’elle ne change pas, mais la quantité des ballades me taquine et surtout l’ordre à suivre pour les établir. (...) Dommage que Thibaudet ne soit pas là. Est-ce que Thérive est assez fort pour connaître cela ? »


 « C’est vrai que je voudrais avoir le cœur net sur le texte de Villon. J’ai 5 éditions différentes et toutes sont différentes aussi (...) Je crois que celle de Van Bever me paraît plus morale (...). Avant avec Suarès et Thibaudet, j’étais tranquille. Puis, j'avais un bon copain, Marchenet qui était bibliothécaire à la Mazarine et qui était un puits de documents. »


 « Ce diable de Villon me taquine fortement. Je change d’avis de format de caractères et trop souvent. Je voudrais faire de cela, mon testament typographique et il s’y prête le salaud, car c’est bigrement bien. »


Ces lettres, des dernières qu’il ait écrites, nous confirment la fidélité de Louis Jou aux sentiments et aux principes qui l’ont toujours animé : l’enthousiasme qui préside aux premières approches de l’oeuvre à créer ; les garanties intellectuelles dont il sut s’entourer dans l’établissement du texte ; la recherche, à la fois fiévreuse et patiente, de la meilleure transposition typographique. Deux mois après, ce livre étant seulement ébauché, le composteur et le burin tomberont pour toujours des mains de Louis Jou qui, la veille de sa mort, faisait encore des projets... Pierre


VILLON (François). Les ballades de François Villon selon les intentions de Louis Jou. Les Baux de Provence, Fondation Louis Jou, 1980. Cartonnage et étui, feuillets non paginés. A la suite, illustrations et suite des projets de Louis Jou. Grand in-4°. 58 pages non chiffrées. Tirage : 70 exemplaires sur papier vélin crème de Montval au filigrane de Louis Jou, numérotés de 1 à 70. Le notre n°40. Couverture imprimée en noir avec monogramme orné vert-bronze, portrait de Villon en frontispice (dessin à la plume). Pour chaque poème, une grande lettrine noire avec important ornement vert (même procédé de reproduction que pour le titre. Une lettrine rouge pour l’envoi de chaque ballade. Colophon dans un encadrement orné vert et noir en forme d’écusson. Sont jointes des reproductions des travaux préparatoires de Louis Jou : six pages de titres et de lettrines, sept planches de composition annotées par lui, vingt-huit planches de portraits.Vendu

2 commentaires:

calamar a dit…

comment çà vendu ??? et on ne sait même pas quelle somme on a économisé...

Pierre a dit…

Cette fois-ci, c'est à peine si j'ai eu le temps de me lever de la chaise après l'envoi du billet. Il sera entre de très bonnes mains, je vous l'assure ;-)) Pierre