Mario Uzielli en 1917 |
Autrefois, le réseau des clients de la librairie et les
bouquinistes du quartier suffisaient à
trouver la marchandise de qualité, les perles rares, qui allaient attirer les
acheteurs exigeants. Ainsi se faisait la réputation du professionnel dont on
disait alors qu’il avait pignon sur rue…
Aujourd’hui, le réseau internet tisse sa toile bien plus
loin que le bout de cette rue, de ce quartier et des frontières même de l’hexagone.
Un libraire d’ouvrage ancien se doit donc de suivre les principales ventes
proposées par les commissaires-priseurs, en France et à l’étranger, s’il veut
acquérir des ouvrages un tant soit peu remarquables et susceptibles, à la
vente, de faire vivre sa boutique.
Demain, l’acheteur se fournira directement auprès des salles
de vente, éliminant par là même un intermédiaire (le libraire d’ouvrages anciens)
à l’utilité contestée… Nous verrons bien ! Et je ne le verrai peut-être
pas… Soit dit en passant, la marge prise par le libraire en aval de son achat
sera alors vraisemblablement prise par quelqu’un d’autre, la nature ayant
horreur du vide !
Hier, pourtant, une dame est entrée dans ma boutique par
hasard… Elle allait acheter un livre chez mon confrère d’ouvrages modernes et a
découvert la boutique en passant devant ma vitrine. Comme c’était éclairé, elle
est entrée ! Il me semble que j’étais
à mon clavier, absorbé par l’article quotidien à présenter sur le blogue :
- Silence poli pendant que ma visiteuse regarde mes
rayonnages. Je résume car, étant de nature bavarde, les causeries avec mes
clients sont parfois lénifiantes !
- Lui : Je vous laisse flâner. Si vous avez besoin
d’un renseignement, n’hésitez pas à me le demander
- Elle : Bien volontiers ! J’ai hérité de mon
grand-père bibliophile…
- Lui (pensant très fort) : Bibliophile ? Vous
avez dit bibliophile ?
- Elle : … une partie des livres de sa bibliothèque que
ma mère vient de nous laisser après son décès. Il était antiquaire et libraire
d’ouvrages anciens à Francfort avant la guerre et s’est réfugié en Suisse dès
1936 en raison de ses origines.
- Lui (envisageant sans amertume la modestie de ses
liquidités) : Avez-vous contacté une salle de ventes ? Si ce sont des
ouvrages remarquables, le commissaire-priseur sera surement intéressé.
- Elle : Je les verrais bien ici, ces livres… C’est
accueillant, bien présenté et je ne suis pas pressée. Mon grand-père aurait été
content qu’ils soient là !
Le hasard est étrange, il provoque les choses… Dans les
jours qui viennent, je vous présenterai cet homme au destin peu commun, ami des
plus grands artistes et peintres de l’époque, et vous parlerai de ce grand-père
bibliophile qui s’appelait Mario Uzielli. Pierre
2 commentaires:
Une bien belle histoire
...qui vous fera découvrir l'histoire à la fois belle et tragique de ce bibliophile ! Pierre
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