jeudi 7 janvier 2016

Œuvres poétiques de Verlaine illustrées par Valadié aux Editions de l'Odéon. Le prince des poètes ?


Verlaine est le poète de l'ambiguïté. Cette évidence doit être entendue dans la conception de son œuvre poétique comme dans sa vie personnelle… D'abord attiré vers le bonheur conjugal, puis cédant aux attraits du scandale avec Rimbaud, jusqu'à ce qu'une peine de trois ans de prison le ramène à la foi catholique, Verlaine a toujours été l'être des convictions fuyantes ! Il en est de même, pour son style. Verlaine est vu comme le chef de file des symbolistes mais ne s’en est jamais réclamé !


On peut cependant lire le treizième poème de Jadis et NaguèreL'Art Poétique – pour en comprendre les orientations. Le symbolisme que l'on prête à Verlaine naît en réaction au naturalisme qui, selon lui, tombe dans le documentaire, et au mouvement du Parnasse dont la poésie est froide comme le marbre. Baudelaire en est le précurseur reconnu. Les poètes symbolistes traduisent leurs impressions, ils utilisent aussi le symbole (d'où le qualificatif !), la métaphore et l’allégorie. Au lieu de nommer un objet, ils tenteront plutôt de rendre compte de l’impression que nous donnerait sa présence ou son absence...


De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.


Il faut aussi que tu n'ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Rien de plus cher que la chanson grise
Où l'Indécis au Précis se joint. […]


Prends l'éloquence et tords-lui son cou !
Tu feras bien, en train d'énergie,
De rendre un peu la Rime assagie.
Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? […]


Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.


Et pour cela préfère l'Impair : On trouve souvent, en effet, des poèmes de cinq, sept ou neuf syllabes, mais alternant avec des vers pairs comme dans Chanson d'automne


Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! : Cette leçon d'humilité attaque la poésie classique, la poésie romantique du XIXe et la poésie parnassienne qui lui est concomitante. Verlaine tourne en dérision les effusions lyriques d'un Lamartine, d'un Musset ou celle de la poésie parnassienne. Cependant, quand Il pleure dans son cœur comme il pleut sur la ville, on constate qu'il fut, lui aussi, un beau parleur…


Donner de judicieux conseils mais ne pas les appliquer ! Verlaine fut bien ambigu et inconstant mais il reste le prince des poètes… En fait, on peut se demander s'il n'a pas été, plus simplement, le chef de file des poètes maudits ! Verlaine, saoul à l’absinthe, meurt en 1896, à l'âge de 52 ans, dans la misère. Pierre


VERLAINE (Paul). Œuvres poétiques. Paris, Éditions de l'Odéon, 1980. 3 volumes in quarto. Plein chagrin avec dos à 2 nerfs et plats ornés d'un ange doré, tranche supérieure dorée, gardes colorées. Sous emboitages. Vélin de Malmenayde. Illustrations H.T. de Valadié : Tome 1 : Poèmes saturniens, fêtes galantes, la bonne chanson, romance sans paroles ; Tome 2 : Sagesse, Jadis et naguère ; Tome 3 : Amour Parallèlement. Très bon état. 330 € + port

1 commentaire:

JuNick a dit…

belle édition
merci pour le partage....