Les bibliophiles qui suivent ce blogue régulièrement n'auront pas besoin de lire la suite de ce billet. Ils seraient d'ailleurs vexés que je leur soumette un pareil article. Non ! Ce petit billet est à l'attention de mes futurs – souvent jeunes – clients. Ils cherchent un ouvrage qui puisse leur donner les principales règles de la bibliophilie, règles qui leur permettront d'éviter les principaux écueils qui attendent les amateurs de livres anciens lors de l'acquisition de leurs ouvrages…
Cet ouvrage d'Edouard Rouveyre, fort renommé, est proposé
à la vente en fin de billet comme à mon habitude. On peut cependant en présenter
quelques thèmes développés au fil des pages : Tout d'abord, qu'entendons-nous
par livre ancien ? Dans son acceptation le plus générale, l'expression désigne
l'ensemble des éditions épuisées qui ne sont plus vendues dans le circuit de
distribution du livre neuf.
Dans l'acceptation d'un bibliophile, d'un amoureux en
somme, un livre ancien est un ouvrage épuisé qui possède des mérites suffisants
pour être conservé, protégé ou collectionné ce qui laisse une grande marge
d'appréciation au gré de la sensibilité de chacun. La plupart des bibliophiles
cherchent d'abord à posséder des livres
qu'ils convoitent mais cette passion peut parfois prendre des proportions inquiétantes
! Il est couramment admis qu'on peut aussi étudier les
livres anciens sans vouloir en être le propriétaire. C'est le cas de nombreux
universitaires et en particulier de ceux qui sont des spécialistes des
Incunables - ouvrages témoins du début de l'imprimerie - qui sont inabordables
à l'achat pour beaucoup d'entre nous, eux compris…
Bien qu'il ne soit pas urgent de connaitre le vocabulaire du livre - on
l'apprend tout naturellement au fil du temps - je m'en vais vous présenter les
termes qui sont le plus communément employés sur les sites de vente aux
enchères qui sont souvent la première source d'achat pour les impétrants
bibliophiles ( je pense tout particulièrement à Ebay).
Les formats des livres sont traditionnellement désignés par le mode de pliage des feuilles de papier utilisées par l'imprimeur. Jusqu'à l'avènement du papier machine dans la première moitié du 19eme siècle et avant les rotatives qui présentent le papier en rouleaux gigantesques, les feuilles de papier fournies par les papetiers étaient d'un format relativement homogène, environ 45cm par 65cm. Les ouvrages fabriqués à partir de feuilles pliées en deux sont dénommés "in folio", les feuilles pliées en quatre donnent les "in quarto", celles pliées en huit les "in octavo" et ainsi de suite... Contrairement aux livres contemporains, dont les pages sont en général assemblées et collées, les livres anciens ont une structure cousue qui rend leurs pages solidaires. Les feuilles de papier sont pliées pour former des cahiers puis ceux-ci sont cousus entre eux sur des ficelles ou des rubans. Les ouvrages brochés sont recouverts d'une simple couverture papier alors que dans les ouvrages cartonnés ou reliés, les extrémités des rubans ou ficelles sont solidement fixées aux cartons de couverture.
L'ensemble peut être ensuite habillé de cuir ou de toile, soit en partie - on dit que c'est une demi-reliure - ou en totalité et on dit que cela coute cher…Trois peaux sont principalement utilisées par le relieur : "la basane" qui est une peau de mouton fragile mais peu chère, "le veau" plus résistant et "le maroquin", à l'origine, une peau de chèvre du Maroc, belle peau à gros grain réservée aux reliures de luxe. La dernière reliure dite en "chagrin" ne mérite pas son patronyme. Façonnée avec du cuir épais, la "peau de chagrin" est solide et ne rétrécit pas avec le temps qui passe…
Avant de recevoir vos amis, vous vous livrez toujours à quelques préparatifs
pour bien les traiter, n'est-ce pas ? Faites de même pour vos livres ! Placer
cette dernière dans une pièce sèche, à l'écart de tout ensoleillement et à
l'abri des mains profanes ; je parle des enfants, bien sûr ! Une bibliothèque, c'est un jardin pour le plaisir du cœur et de l'esprit mais
aussi pour celui de la vue, de l'odorat et du toucher. Choisissez les ouvrages
illustrés par les meilleurs graveurs et n'oubliez jamais que la qualité et la
beauté d'une reliure décuplent réellement la valeur marchande d'un livre. Eh
oui, chers amis ! Des investisseurs et non des moindres, vous confirmeront
qu'en temps de crise économique comme nous le vivons depuis mille huit cents
ans, le livre ancien est un refuge égal à l'or… Choisissez les ouvrages
réalisés dans les plus riches matières. Écartez tout ce qui est tape à l'œil,
tout cuir de basse qualité et faites-vous conseiller par un libraire honnête et
désintéressé… (le premier qui rigole !)
Quelques conseils pour finir avant d'acquérir cet ouvrage : Lorsque vous rangez
un livre, posez le à sa place sans faire frotter les arêtes ou les coins des
couvertures sur le rayonnage. Quand vous le sortez, ne le tirez pas par la
coiffe, prenez le à deux doigts sur les plats et soulevez le. A la lecture, ne
le posez pas à plat sur son envers et servez vous du signet pour marquer votre
page et interrompre votre lecture. Tels sont les bons gestes qui peuvent sauver
le livre des outrages du temps. Mais le pire ennemi du livre, chers amis, ce ne
sera jamais vous ! Ce ne seront pas non plus le soleil, l'humidité, les
insectes ou les rongeurs que vous maîtriserez toujours…. Non, chers jeunes
lecteurs, le pire ennemi du livre reste l'emprunteur ! Aussi, faites comme nous
le conseillait un illustre bibliophile anglais dont j'ai oublié le nom. Ayez
toujours trois exemplaires d'un ouvrage que vous aimez. "Un" pour le
plaisir des yeux. "Un" pour lire, et enfin "Un" pour prêter
à vos amis si vous désirez qu'ils le restent… Pierre
ROUVEYRE (Édouard). Connaissances nécessaires à un
bibliophile. Paris, Rouveyre, 1879. Troisième édition, revue, corrigée et
augmentée. Un volume in-8. Demi percaline verte, pièce de titre, lettres
dorées, couvertures conservées. Édition sur grand papier. 217 pp. De nombreux
renseignements sur l'établissement d'une bibliothèque, entretien des livres,
les formats et reliures, des signes distinctifs des anciennes collections, les
degrés de rareté des livres, moyens pour la restauration des livres et estampes,
etc... Vendu
1 commentaire:
On me fait remarquer à juste titre - je corrige - que ce sont pas les mateurs [biblioscopes] mais les amateurs de livres anciens qui sont susceptibles d'être intéressés par cet ouvrage... ;-))
La faute à ma main gauche qui me joue des tours depuis 2 mois. Diagnostic posé qui devrait enfin tout sauver, sauf l'honneur d'avoir une santé de fer ! Pierre
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