Les livres s'ajoutent aux livres et comme tout le monde a du talent, les livres à lire s'ajoutent aux livres à livre… C'est inexorable. Nous voilà donc bien embarrassés et nos tables de nuit bien encombrées par cette littérature moderne qui s'adosse à l'ancienne que je privilégie plutôt en boutique. Assurément, la fréquentation des écrivains contemporains n'est pas sans danger. Plusieurs, parmi eux, ont la fièvre et sont porteurs de bactéries ! Quoi de plus normal, me direz-vous, pour un célèbre écrivain-médecin qu'il ne faut pas aborder sans y être, un tant soit peu, préparé : Céline.
Il faut avoir quelques notions sur la biographie de Céline pour comprendre ses livres. Louis Ferdinand Auguste Destouches, plus connu sous son nom de plume : Louis-Ferdinand Céline (1894–1961), est l'écrivain français, le plus traduit et diffusé dans le monde parmi ceux du XXème siècle. Sa pensée est de type nihiliste. Je résume : "Point de vue philosophique d'après lequel l'existence humaine est dénuée de toute signification, tout but, toute vérité compréhensible ou toutes valeurs". Controversé en raison de ses pamphlets antisémites et de son engagement collaborationniste, il n'en demeure pas moins un grand écrivain de la littérature française. On peine à trouver quelques qualités chez le bonhomme mais je concède que Céline ne buvait que de l'eau et ne fumait pas, ce qui, pour un médecin de l'époque, était exceptionnel !
Le cadre matériel dans lequel Céline s'est mué a dépassé les barrières de la France. Comme il a parcouru, par hasard ou volontairement, une partie de l'univers, ses écrits ont été influencés par les civilisations et les modes de pensées autochtones qu'il a rencontrés. Que nous le voulions ou pas, il s'est établi en lui que les valeurs traditionnelles qu'il avait défendu s'étaient détériorées et qu'il fallait construire autre chose sur ces ruines ! C'est sans doute l'échec de ses illusions qui l'ont rendu si désabusé. Reconnaissons qu'il était, néanmoins, atrabilaire bien avant ses blessures…
En se repliant sur sa patrie mais en perdant ses valeurs spirituelles, il a perdu la notion des normes qui maintenaient la cohésion de pensée de la population qui l'environnait : La tolérance, la hiérarchie, la discipline et l'humanité. Le mot " défendu " ayant perdu son sens, à ses yeux, Céline se fit ses propres lois basées sur la haine et le mensonge. Il n'est pas le seul, me direz-vous !
S'il y a peu d'écrivains "de tout repos", il y a peu d'écrivains de talent. Beaucoup ont appris le métier d'écrire. Certains l'ont appris à la perfection. Céline l'a dépassé. Il a fait voler en éclat, les lois de la composition, de la proportion, de la syntaxe et du vocabulaire qu'il a agrémenté de nombreux points d'exclamation !!! Il a tué l'Académie en écrivant comme il parlait. Mais merde, quel talent ! Et quels mots ! Des mots pris au caniveau ? Bon pour les chiens… On a le droit d'innover quand on sait exactement quelles bornes on dépasse… Gardons nous, malgré tout, de donner l'impression que Céline marque le début de la décadence de la littérature de notre temps. Ce n'est qu'un moment de son évolution !
Je propose aujourd'hui aux lecteurs l'intégralité de son œuvre
dans une remarquable édition publiée par Balland. Les bibliophiles apprécieront notre
exemplaire, un des 180 sur vélin pur chiffon du tirage de tête, contenant seuls
les 80 eaux-fortes tirées sur cuivre de Bogratchew…. Pas pour les chiens, merde
! Pierre
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