mercredi 12 août 2015

Changer de vie, c'est possible ! Mais c'est parfois difficile...

C'est un petit entrefilet glissé entre deux phrases lors de la présentation d'un ouvrage à la vente, il y a quelques jours, qui m'a incité à écrire ce billet. J'y annonçais que, l'heure de la retraite étant malgré tout assez proche, j'avais pris la ferme – enfin, faut pas exagérer – décision d'arrêter le volet commercial de mon activité dans le domaine du livre ancien au 1er juillet 2017. Je déplorais à l'avance le fait probable que mon activité boutiquière ne serait pas reprise alors que ma reconversion avait été réussie…


Un lecteur outre-Atlantique a remarqué cette accroche sibylline. Son souhait de revenir en France, sa carrière terminée, le fait envisager de tenter une pareille reconversion. Libraire d'ouvrages anciens, c'est un bon choix mais les écueils sont nombreux quand on est confronté à la réalité du métier !  J'essayerai de répondre à ses questions mais serai-je de bons conseils ?  Comment ne pas foncer aveuglement, attiré par les sirènes d'une autre vie qui ne sera peut-être pas aussi rose qu'on l'imaginait ?


On peut changer de vie à tout âge et pour bien des raisons, bien sûr… A la vérité, qui ne s'est jamais posé cette question suite à une difficulté ou une opportunité ? Certains ont franchi le pas. J'ai franchi le pas ! C'était salutaire. Il me fallait assumer un rêve de jeunesse et j'aurais eu l'impression d'être passé à côté, non de l'essentiel, mais de l'agréable superflu si je n'avais pas relevé le défi. Mais on ne va pas se raconter d'histoires ! Une fois l'impulsion première donnée, un changement de vie, c'est forcement complexe. Il entraine de multiples conséquences pour soi même et ses proches. La prise de risque est énorme et les conséquences seront à la mesure de la rupture. Cependant, on a rien inventé ; autrefois les paysans partaient à la ville quand ils avaient faim ! Aujourd'hui, ce sont plutôt les citadins qui font le chemin inverse…


Que faut-il avoir pour vendre des livres anciens ? Des livres anciens ! C'est un truisme mais beaucoup d'impétrants ne réalisent pas l'importance du fond à posséder pour ouvrir une boutique, qu'elle soit virtuelle ou non. Un ami bouquiniste sur Internet vit de ce métier car il a près de 50.000 références en stock. Pour la plupart, ce sont des ouvrages modernes rentrés au prix d'innombrables heures de… devant un clavier couplé avec une douchette : une caissière de supermarché fait la même chose avec des horaires tarifés. Un autre vit essentiellement de marchés du livre ancien, de belles brocantes et de petits salons. Son stock se résume à son camion et la tache est parfois rude : lutter contre les désagréments climatiques devient un métier à lui seul… Le troisième associe une boutique cossue à des horaires sur rendez-vous. Il adosse son activité  à celle d'expert auprès d'un commissaire-priseur ce qui lui permet de trouver du matériel  varié et de qualité. Pas question cependant de se tromper sur le prix réel du marché dans cette tranche d'activité ; ou bien vous êtes poliment remercié…


Que faut-il savoir pour vendre des livres anciens ? Beaucoup de choses et c'est là le problème ! Ce n'est pas faire preuve d'humilité que de dire qu'un vernis littéraire, de solides connaissances bibliophiliques, une bonne mémoire, des heures de recherche, une bonne santé et un bon sens du commerce sont nécessaires à cette activité : c'est faire preuve de lucidité ! On n'est pas obligé de tout avoir mais un minimum est requis ! C'est l'aptitude à "zapper" plus vite que son ombre, l'un des maux de notre époque, qui peut nous faire oublier que l'aspect "compétence" est plus important que l'aspect "changement" dans une reconversion…


Pendant les deux premières années de mon installation, j'avais posé sur le bas de mon écran une phrase de René Char qui m'a aidée à ne pas baisser les bras : " Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront ". Faites de même, André, et bon courage ! Vous vous installerez quand je partirai. J'ai cru comprendre que nous ne serons guère éloignés. Je serai votre premier client de la journée… Pierre

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel dommage cette décision!
Mais n'est elle pas un peu prématurée?
On l'espère tous en tout cas.

andré a dit…

Bonjour Pierre
et merci pour tout ces conseils et ces recommandations.
Mais tu n'a pas réussi à me décourager:))
J ai recommencé ma vie à zéro plusieurs foi. J'ai la passion des livres et de l'histoire.Alors je serai très heureux de prendre la relève quand le moment sera venu.
J avais oublié de mentionner le nom du petit village qui me plais beaucoup dans mon dernier e-mail: Le castellet.
Laissons le destin faire les choses mais contez sur moi pour le forcer un peu dans la direction que j'ai choisi.
Au plaisir de vous (re)lire.

Toute mon amitié André

Pierre a dit…

Échéance au 1et juillet 2017 (dans deux ans, donc), ça me laisse du temps pour en profiter ! D'ailleurs, c'est le volet commercial que j’arrêterai mais pas la présentation de livres qui s'y adosse.

J'ai aussi l'intention d'aller visiter mes confrères de France - à la façon d'un chemin de Compostelle littéraire - et de ramener des reportages originaux et variés sur toutes les facettes de ce métier. Une façon de renouveler le contenu des billets et des chroniques, également ! Pierre

Pierre a dit…

Ce billet n'était pas écrit pour vous décourager, André ;-))

Si j'avais la chance d'avoir un des mes enfants (ils ont malheureusement tous des métiers ) qui veuille reprendre la boutique, j'en serais enchanté et je serais le premier à lui transmettre le peu que je sais. Pierre

andré a dit…

J avais très bien compris le message!:))
J'écoute toujours les bons conseils et j'en prend note.J'en aurai sûrement d'autre à vous demander.
1er juillet 2017.ok!! C'est parti pour l'aventure!!Je vais commencer sérieusement mes démarches pour mon retour en France.C est toujours plus encourageant lorsque l'on a un but.

A bientôt André

Nadia a dit…

Mon Dieu ! mais que va devenir votre secrétaire ?

Pierre a dit…

Je lui trouverai une place dans un grand groupe pharmaceutique. D'ici là, elle a encore beaucoup de choses à faire à la boutique : le café, la poussière, le sourire au patron, la permanence téléphonique et la gestion comptable...

Elle me manquera ! Pierre ;-))

andré a dit…

Elle sait faire beaucoup de choses...Je vais la garder!!:))
Plus sérieusement: J'aurai besoin d'une personne très compétente et qui connait la boutique...Elle sera la bienvenue si elle le désire.
Bonne journée à tous

Nadia a dit…

Ah mais non monsieur André... il n'est pas stipulé dans le contrat de reprise de la boutique que la secrétaire soit aussi prise avec les livres :-))) et puis, elle commence à dater un peu elle aussi. Il vaudrait mieux en embaucher une jeunette bien pulpeuse, même si le café est mauvais, vous n'irez pas lui chercher des poux, du moment qu'elle a la tête bien faite.

ps : Pierre, vous serez bien aimable d'ôter le verre dans lequel elle met son dentier ; il traîne sur le coin du lavabo dans vos obscurs lieux d'aisance.

Pierre a dit…

Désolé Nadia, vous faites partie de la rétrocommission ;-)) Pierre

andré a dit…

Ah!! Le fantasme de la secrétaire!!
La sagesse ou la jeunesse?
Et pourquoi pas les deux?:))