La légende de la Chèvre d'or est présente aussi bien en Provence que dans des contrées beaucoup plus éloignées. C'est aux Baux de Provence que La Cabre d'or est la plus renommée car quand elle n'erre pas à la pleine lune dans les palais abandonnés et le long des abîmes, elle accueille le gratin des gastronomes de la région dans un des restaurants les plus huppés de la vallée…
" Selon la tradition un roi Maure venu d'Espagne avait
tenté en vain de s'emparer des Baux. Il emportait dans sa fuite un butin qu'il
voulut mettre à l'abri provisoirement. Il pénétra dans le Val d'Enfer et
aperçut l'entrée d'une grotte, le « Trou des fées ». Riant des mises
en garde de son serviteur, il choisit dans un troupeau qui paissait une petite
chèvre blanche pour lui montrer le chemin…
Il fut alors assailli par une multitude de chauves-souris
très agressives, qui l'obligèrent à pénétrer dans un antre éclairé de torches
où vivait une sorcière. Celle-ci l'obligea à
poursuivre son chemin mais elle lui tendit trois fioles contenant chacune un
liquide. L'une était en forme de fleur, l'autre en forme de boule blanche, la
troisième en forme de croc, et lui conseilla de se fier à l'instinct de sa
chèvre. La petite chèvre s'engagea dans le passage de gauche et il dut lui
emboiter le pas sans que la sorcière ait eu le temps de l'avertir des risques
qu'il y encourait.
Il marcha dans un long corridor puis pénétra dans une
chambre où poussait une gigantesque mandragore à la silhouette humaine. Elle
emprisonna l'intrus et tenta de l'étouffer entre ses dix bras mouvants. Le
Maure jeta quelques gouttes de la fiole en forme de fleur sur son adversaire
qui, aussitôt, relâcha son étreinte et périclita. Après avoir descendu les
marches d'un escalier vertigineux tous deux arrivèrent dans une salle peuplée
de fantômes.
Il choisit alors de déboucher la fiole en forme de boule
blanche et en aspergea les revenants qui disparurent immédiatement. Les deux
protagonistes continuèrent d'avancer à tâtons et finirent par apercevoir une
lueur rougeâtre. Il la força à le suivre et ayant
remarqué une excavation à l'arrière d'un rocher, il estima avoir trouvé la
cachette qu'il cherchait. Il y entassa les pièces d'or, les bijoux d'argent,
les pierreries et les autres richesses. Quand il eut fini, il se retourna et se trouva nez à nez
avec une imposante bête noire aux canines luisantes comme des lames d'acier,
aux yeux incandescents comme un brasier. Comprenant qu'il s'était trompé et
qu'il avait pris ce regard pour la lumière du soleil couchant, le roi Maure
chercha la fiole en forme de croc. Mais il l'avait fait tomber en ouvrant son
manteau pour en sortir les sacs dans lesquels il transportait son trésor…
N'écoutant que son courage il engagea avec le monstre un
combat mortel. Quand la lune brilla de tout son éclat, la petite chèvre sortit
de la grotte couverte de poudre d'or, le trésor ayant été réduit en cet état par
la violence de l'affrontement ! Selon la tradition des Baux, la Chèvre d'or continua à
errer autour du Trou des fées et dans le Val d'Enfer. Des pâtres l'aperçurent
parfois, mais ceux qui la suivirent ne revinrent jamais de leur voyage dans les
profondeurs de la grotte. ». Donc, il ne faut pas suivre la chèvre d'or en Provence ! Mais on peut, cependant, lire
l'ouvrage de Paul Arène que je propose aujourd'hui à la vente et qui nous conte cette histoire, à sa façon, et avec
l'accent du midi. Une histoire de maure mort et de mors légèrement blessé... Pierre
La Chèvre d'Or. Introduction d'Edmond Pilon. Paris, Edition d'Art Piazza,1933. Un volume in-8. Reliure demi-chagrin
à coins vert empire, dos à nerfs de style art-déco, titre en lettres dorées,
gardes colorées, couverture illustrée conservée, imprimée en noir et rouge.
221pp. Frontispice en couleurs et nombreux dessins dans le texte en 2 tons par
René Benezech. Tirage total à 3500 exemplaires numérotés, celui-ci n° 1597 sur
papier chiffon. De la Collection " Contes de France et d'ailleurs ". Mors
légèrement fendus. Petits défauts de couleur sur le dos. Bon exemplaire. 34 € +
port
6 commentaires:
"Sur le plan de l'arnaque, les coups les plus tordus ne sont rien, vous entendez, rien à côté de la peinture abstraite." [Audiard - Métamorphose des cloportes]
Et plus ancien "Lorsque deux crottins l'emporteront sur une rose, les temps seront venus" [Alphonse Karr]
Commentaire à translater sur l'ouvrage de Guyotat présenté précédemment.
Ce serait à devenir chèvre que de l'associer à l'exemplaire du jour de Paul Arène... Pierre
Oui, bien sûr Pierre, je m'excuse pour le lapsus. On se fait vieux !
René
L'étourderie n'attend pas nos vieux jours pour s'installer, René, je vous rassure ! Et je parle en connaissance de cause...
Je ne compte plus les situations cocasses qui ont pu m'arriver par distraction ; la dernière en date étant de croiser dans la rue ma belle-fille, sa maman et ma petite-fille dans la poussette sans leur donner le bonjour... (j'étais en conversation avec un ami, mais quand même !)
Pierre
La situation est amusante, mais elle aurait pu l'être beaucoup plus d'une manière tout à fait plausible si l'ami en question s'était peu de temps auparavant brusquement arrêté, pour renouer un lacet par exemple, sans que le libraire passionné par sa propre conversation s'en fût aperçu (je le connais, c'est possible), continuant à parler haut et fort, mais absolument seul, lors du croisement.
Jean-Michel
Moment de honte rétrospectif... Pierre
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