mardi 23 septembre 2014

Quand Félix Bobart en racontait...

Une chapelle d'Orta avec personnages grandeur nature...
Monsieur Félix Bobart, décoré de plusieurs titres scientifiques et de médailles humanitaires - c’est lui qui le mentionne - soucieux de donner un sens et une cohérence républicaine au travail de nos curés, offre ici ses réflexions sur l’orientation qu’ils devraient donner à leur sacerdoce sachant qu’il est de notoriété publique que ces commis de l’état sont insensibles aux vrais aspirations du peuple…


Ce texte était destiné à être pris en compte par les évêques qui allaient participer au premier concile œcuménique du Vatican qui débuta le 8 décembre 1869. Le précédent concile, celui de Trente, s'était clos trois siècles auparavant. Vous imaginez que l’événement était de taille et que l’avis d’un bon républicain était sujet à éclairer ces pontifes !


Convoqué par Pie IX, ce concile fut interrompu quand les troupes italiennes envahirent Rome. Suspendu sine die, il ne fut jamais repris. Après plusieurs sessions, des travaux difficiles et des débats complexes, seules deux constitutions dogmatiques furent votées et ratifiées dont le dogme de l'infaillibilité pontificale… Le 9 octobre 1870, ce qu'il restait des États pontificaux était réunis au reste de l'Italie par plébiscite.


Dans sa préface, Félix Bobart écrit « Il ne reste qu’une seule matière sujette à examen et à réforme dans les grandes assises du christianisme, c’est la mise en action sociale des principes évangéliques. Que l’église fasse la paix avec la politique, la science et les moralistes novateurs, c’est bien ! Mais qu’elle fasse la paix avec les peuples en ramenant aux principes évangéliques, la pratique journalière et usuelle de la religion, et ce sera encore mieux !! »


Ce principe lui permettra, vous vous en doutez, de développer de magnifiques diatribes anticléricales et des portraits au vitriol tout au long de l’ouvrage. Cela se lit bien, c’est plein de mauvaise foi face à la bonne, cela évoque évidemment beaucoup les idées franc-maçonnes… Il est vrai qu’à cette époque, l’influence de la religion catholique était telle qu’un contrepoids républicain était nécessaire. L’histoire a donné raison aux bouffeurs de curés puisque les églises catholiques se sont vidées alors que les loges se sont remplies... La république sera-t-elle aussi vigilante avec les autres religions ? Il faut néanmoins préciser que cet ouvrage, s’il attaque de front, les rites, les dogmes et les pratiques du clergé, ne remet absolument pas en cause la Foi. Pierre


BOBART (Félix). Le sanctuaire : Photographies cléricales dédiées aux membres du futur concile. Paris, Dubuisson et Cie. 1869. Demi chagrin cerise, dos à quatre nerfs avec roulette dorée, motifs dorés entre les nerfs. Titre et nom de l’auteur en lettres dorées. Plat couvert d’un papier coloré marbré. Page de garde en papier coloré. Format in 8, 488 pages. Coins inférieurs usés, le reste en bon état. Rousseurs très clairsemées (claires). Envoi de l’auteur. Ouvrage introuvable, reflet de l’ambiance anticléricale de l’époque. 95 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il me semble bien que la foi, qui relève du choix individuel de chacun, n'a jamais été remise en cause par la maçonnerie. Au reste, en 1869 le Grand Orient de France faisait toujours référence au Grand Architecte de l'Univers, qu'il n'a officiellement cessé d'invoquer qu'en 1877 (si ma mémoire est bonne).

pascal

P. S. Je sais pas si c'est bien passionnant ce que j'écris là, mais c'est toujours un commentaire. Or j'ai l'impression que les gens sont de plus en plus paresseux pour en écrire et je ne sais que trop le bien que ça fait de savoir qu'on est lu…

Pierre a dit…

Les rapports conflictuels entre la religion et le mouvement maçonnique ont ceci d’intéressants qu'ils ont modelé notre histoire. Il n'est pas impossible qu'ils aient disparu !

J'aime bien les commentaires, aussi, Pascal mais les gens ont tant d'autres choses à faire... contrairement à moi ;-))

Pierre