Propos d'un futur grand-père : De tout temps, la littérature pour la jeunesse a été marquée de débats sur la vision que la société a de l'enfant, de l'éducation, de la famille et aussi sur la vision que l'enfant a, par la lecture, de l'éducation et de la famille dans cette même société. Les livres de jeunesse du 19eme siècle, véritables manuels de morale, ont été fréquemment critiqués, un siècle plus tard, par les tenants de la modernité qui leur reprochaient leur niaiserie intellectuelle, par exemple…
A quoi servent donc les livres pour enfants, aujourd'hui ? A raconter des
histoires pour les endormir le soir quand ils sont petits, à raconter des
contes pour développer leur imaginaire quand ils sont plus grands, et puis
surtout les faire rêver avec des livres de fées, de princesses et de preux chevaliers.
Des histoires racontées pour faire rire, sourire, apprivoiser la vie
quotidienne, aussi…
Alors quelle différence avec ces ouvrages du 19eme siècle
? Vraisemblablement, une volonté plus prononcée, à l'époque, d'inculquer à
l'enfant – et le plus tôt possible - des règles de morale laïque et républicaine,
des règles de morale religieuse, ou les deux…
Autrefois, la
société co-éduquait les enfants avec l'école mais aujourd’hui, il y a un tel cloisonnement
entre la famille, où les parents essaient quand même de transmettre des repères
et des règles de vie, et la société qui envoie plutôt un message de libertarisme,
voire de permissivité totale que l'enfant se trouve désemparé.
Ce ne sont pas
quelques cours de morale laïque à l'école qui vont changer la chose. La
morale de l'école s'apprend plutôt dans la cours de récréation si mes souvenirs
sont bons…
La peur de culpabiliser l’enfant à outrance, d’élever des
barrières morales qui diminueraient sa liberté, est-elle légitime? Avec
l’effritement du temps passé en famille, l'augmentation du temps passé devant des
émissions télévisuelles décérébrantes et des jeux vidéos déconnectés de la
réalité, la qualité de l'apprentissage familial devient discutable !
La société actuelle n’est pas amorale, puisqu’elle n’a
pas transformé le juste en injuste ou le bien en mal… mais elle a évacué la
morale de l'éducation familiale. C'est à quoi s'attachaient les livres pour enfants
du 19eme siècle. C'est pourquoi, j'offrirai rapidement à ma petite
fille une bibliothèque digne de ce nom et à mon fils, un interrupteur Wifi. Et c'est pourquoi, je vous engage à
en faire autant. Pierre
La Petite Lazare. Paris, C. Marpon et Flammarion, sd (1890). Un volume
in-4. Reliure pleine percaline rouge, cartonnage éditeur, premier plat historié
orné (plaque de A. Souze), toutes tranches dorées. Reliure signée Engel. Illustrations de Gilbert. [4ff titre], 400 pp.
Dos légèrement insolé, menus défauts de reliure. Bon exemplaire. 55 € + port
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