Hégésippe Moreau (1810-1838), maître
d'étude, imprimeur ouvrier, mort de tuberculose peu après la publication de son
recueil de poèmes intitulé " Myosotis " mérite que les bibliophiles
s'y attachent et lui rendent un hommage appuyé. C'est, en fait, le seul qui ait
chanté en vers l'amour de l'imprimerie dont cette ode dédiée au plus grand des
imprimeurs du 19eme siècle. Mais, à votre avis, à qui est donc dédicacée cette
épitre ? Pierre
Quand les muses, pleurant les gloires
de la France,
Avec des souvenirs lui rendent
l'espérance,
Poète et citoyen, de quel œil peux-tu
voir
Une ligue hypocrite alarmer le
pouvoir,
En frappant au guichet de sainte
Pélagie,
Tantôt pour la chanson, tantôt pour
l'élégie,
Avec le fer des lois poursuivre sans
repos
Un art dont la lumière a trahi ses
complots ?
Mais de l'"oipinion, souveraine
immortelle
Il éclaire le pas, il triomphe avec
elle,
Et le pontife roi, fulminant un édit,
En vain sur leur empire a lancé
l'interdit.
Ils ne sont plus ces temps ou la saine
parole,
Tonnait et foudroyait du haut du
capitole,
Où la raison timide en but aux oppresseurs,
Dans l'exil ou le fer suivait ses
défenseurs, […]
Honneur à Guttemberg ! Et puisse d'âge
en âge
Son nom vivre et grandir ainsi que son
ouvrage !
Honneur à toi, Mayence : il a dans tes
remparts
Découvert l'art magique utile à tous
les arts ! […]
Sur ce métal uni l'encre passe, et
bientôt,
Sortant multiplié de la presse rapide,
Le discours parle aux yeux sur une
feuille humide. […]
Chaque jour un essaim d'écrits
périodiques,
Innombrables hérauts de combats politiques,
Signalant les dangers vole à l'appui
des lois
Rallier tous les cœurs, armer toutes
les voix. […]
Quand l'art hospitalier nous laisse
des loisirs,
Ainsi qu'à nos besoins il veille à nos
plaisirs
Et qui donc n'a jamais puisé dans la
lecture,
Un oubli consolant, une volupté pure ?
Les livres autrefois vendus au poids
de l'or,
Dont l'avare opulence amassait le
trésor,
Des cloitres, des palais, secouant la
poussière,
Se sont enfin glissés jusque dans la
chaumière…
MOREAU (Hégésippe). Le Myosotis. Paris, Paul Masgana, 1840. 1 volume petit
In-8. Nouvelle édition augmentée du Diogène et de pièces posthumes inédites et précédée
d'une notice biographique par Sainte-Marie Marcotte. Demi-chagrin tabac, dos à
nerfs, caissons à encadrements de filets dorés, gardes colorées. XXII-293 pp. Quelques taches de rousseurs, bel état. 55 € + port
4 commentaires:
Gutenberg, comme indiqué dans le poème ?
19eme siècle... Une grande famille ;-)) Pierre
quid de Gillet et de son poème "l'imprimerie", publié par Le Mercier en 1765 ?
Firmin Didot pour les amateurs. On pourrait comparer avec celui de Gillet. Pierre
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