vendredi 5 juin 2015

Quand Philippe Gandillet vous parle des Quinze Joyes du Mariage illustrées par Joseph Hémard…


Vous ai-je dit que j'avais une nièce qui habite Tarascon ? Je déjeune chez elle le lundi midi quand les clients, à la librairie, sont rares et elle semble trouver de l'agrément à la compagnie d'un vieil Académicien puisqu'elle profite de ma présence pour me demander conseil. Elle m'envoie ce petit mot afin que j'y réponde avant mon arrivée prochaine en la bonne cité de Tarascon.


Cher oncle,

Comme je vous l'avais dit la semaine dernière, les affaires sont arrangées et la date de mon mariage est fixée au 24 juillet. Je vous écris ce petit mot pour vous apprendre la grande nouvelle mais nous aurons, bientôt, tout le temps d'en causer plus longuement. Hubert est un garçon charmant et il a très grande mine dans son charmant uniforme de chasseur à cheval. Nous éprouvons l'un pour l'autre, une vive sympathie et c'est assurément un gage de bonheur, n'est-il pas vrai ? Cher oncle, comment vous exprimer ma reconnaissance pour tout ce que je vous dois, pour les soins apportés à mon éducation, pour vos bons conseils et pour le choix de mon époux. Merci aussi pour la dot que vous avez eu la gentillesse de m'allouer. J'ai bien essayé de comprendre la différence entre les actions, les obligations et les valeurs à lots mais c'est affreusement compliqué et je n'y ai absolument rien compris. Je vous serais reconnaissant d'expliquer ceci à mon futur mari puisque c'est lui qui tiendra les cordons de la bourse.

Ce cher Hubert a un caractère vraiment parfait, bien meilleur que le mien, en tout cas ! C'est certainement le mari qu'il me fallait, même si notre différence d'âge semble importante, et je me rends parfaitement compte que les passions éphémères que j'ai eu avec des jeunes gens de mon âge auraient fait mon malheur. Pourriez-vous trouver sur les rayonnages de votre ami libraire un ouvrage qui soit pour moi comme un guide pour mon bonheur à venir ? Je sais que votre choix sera le bon. Votre nièce qui vous embrasse affectueusement.


Voici la réponse que je viens de poster. Je ne doute pas un instant que tous les pères et toutes les mères qui vont lire ce billet en feront lecture à leurs filles.


Ma chère petite nièce,

Cette nouvelle me remplit de joie. N'oublie pas cependant que le mariage est comme ces places fortes où ceux qui sont dehors veulent aller dedans mais ceux qui sont dedans souhaitent en sortir… Hubert a à peine cinquante ans. Je dois t'avertir que, tout bon, tout excellent qu'il parait être, il est encore ignorant des femmes. Entre l'état de virginité qui est surhumain et demande beaucoup de vertu, et l'état de mariage qui est un abîme de soucis et demande beaucoup de dévouement, certains hommes se sont imaginés que la vie est une fête et non une laborieuse fonction. Ils ont formé cette race hybride d'égoïstes qui s'appelle " les vieux garçons ". Hubert est de ceux-là !


Un jour, le cœur palpitant, ce malheureux vient s'offrir sur l'autel du mariage. Il est accueilli comme un sauveur. Il a la naïveté de croire qu'une femme épouse un homme pour lui apporter le repos des sens et l'infortuné, après avoir bafoué stupidement plus d'un mari, a fini par croire que le cas est exceptionnel. Il apporte avec joie son cœur et son nom et, sinon un passé innocent, du moins un avenir fidèle. Il se promet que son autorité sera suave et son cœur généreux, car il veut être aimé. Il s'attendrit même à rêver d'un intérieur calme et doux et imagine sa main passant avec amour dans les boucles de la fourrure d'un chien endormi près du feu… Pauvre homme qui ne sait pas !


La femme a été faite principalement pour la maternité. Dès son jeune âge, la jeune fille s'exerce avec ses poupées aux devoirs du foyer et sauf le privilège d'une vocation spéciale, elle sent dans son cœur la mystérieuse attente de la maternité. Où est la femme est le foyer. Où est le mariage est l'enfant ! Il faudra donc, ma chère nièce, expliquer tout ceci à notre brave Hubert et tu trouveras, à la boutique de Pierre, l'ouvrage que tu m'as demandé et qui est nécessaire à la réussite d'une union  sans nuages…



Un homme qui devient père, une femme qui devient mère ne sont plus ni le même homme, ni la même femme et l'amour que l'on porte à ses enfants est plus violent que l'amour que l'on porte à l'autre. Les nuits sans sommeil, les jours sans repos seront le ciment de votre couple. Et vous verrez… Les superbes illustrations de Joseph Hémard vous conforteront dans l'idée que vous vous faites de cette merveilleuse institution.  Allez tiens, je vous envie ! Votre
oncle. Philippe Gandillet



HEMARD (Joseph). SALE (Antoine de la). Les Quinze Joyes du Mariage. Paris, éditions Paul Dupont, 1947. Un volume In-8. Sous emboitage, en feuillets sous couverture rempliée et illustrée par Joseph Hémard. Frontispice et 34 charmantes illustrations dans le texte coloriées au pochoir. Tirage limité a 510 exemplaires, le notre un des 164 sur vélin pur fil n° 32. Parfait état. 60 € + port

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Une remarque judicieuse à la petite nièce du grand oncle :
le malheur des femmes vient de ce qu'elles confondent le mariage, avec le jour du mariage ....

René

Nadia a dit…

Tssss tss tsss, vous avez récidivé sur le thème "Les embûches et autres méprises du mariage"...

Soyons optimistes, j'ai lu récemment que :
"Les hommes sont stupides et les femmes sont folles, mais lorsqu'ils se rencontrent, cela donne parfois des choses très belles".