samedi 1 septembre 2012

Réflexion pour le week-end : De l'usure avec le Cardinal de Noailles...

Ce soir et demain matin, pendant l'office, je chanterai pour l'assemblée un psaume dont un couplet a retenu mon attention. Je veux vous en faire partager le côté croquignolet ;-)) Il est évident que je m'efforcerai de rester imperturbable pendant ce couplet adressé aux fidèles, tout en essayant de garder la note juste... Le voici :

Il prête son argent sans intérêt,
N'accepte rien qui nuise à l'innocent.
L'homme qui fait ainsi
Demeure inébranlable.


Je me demandai, ce matin, comment devait réagir, aujourd'hui, un banquier ou un financier voulant respecter les dogmes de la religion catholique ? Par le passé, tout était simple : Le prêt était une activité réservée aux juifs dont les rapports à l'argent sont connus. Cela leur a coûté une réputation désastreuse faite de caricatures malodorantes, mais le fait est là !

Donc, si des catholiques ou des exégètes veulent réfléchir à ceci pendant le week-end, je suis preneur. Les catholiques ne sont pas dupes, me direz-vous, mais leur admonester une telle contre-vérité en plein office, c'est osé !

Pour illustrer cette réflexion, je vous propose à la vente un ouvrage sur lequel je vous assure que je ne m'autorise aucun bénéfice ;-)) Au XVIIIeme siècle, le Cardinal de Noailles s'était fait une spécialité de l'édition de ces cas de conscience. Je vous en ai réservé un qui traite de l'usure, bien évidemment…


Louis Antoine de Noailles (1651-1729) fut un prélat français au caractère faible et incertain qui l'avait conduit à offenser la terre entière : Jésuites et Jansénistes, pape et roi... Il manquait notamment de discernement dans le choix de ses confidents. Bien qu'il portât un grand nom et qu'il jouât un rôle important à son époque, il manquait des qualités d'un grand évêque. C'était, dit le chancelier d'Aguesseau, un homme " accoutumé à se battre en fuyant " et qui, dans sa vie, avait fait " plus de belles retraites que de belles défenses ". Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ;-)) Pierre


NOAILLES (Cardinal de). Conférences ecclésiastiques de Paris, sur l'usure et la restitution, ou l'on concilie la discipline de l'Eglise avec la Jurisprudence du Royaume de France. Etablies & imprimées par ordre de S.E Monseigneur le cardinal de Noailles, Archevêque de Paris. Seconde Edition corrigée & augmentée de plusieurs résolutions de nouveaux cas, & décisions des curez du diocèse. Tome quatrième. A Paris chez Jacques Ettienne, rue Saint Jaques, à la Vertu 1724. Reliure pleine basane , dos à nerfs orné de motifs et de roulettes dorées entre les nerfs, pièce de titre en maroquin cerise, roulette sur les coupes, toutes tranches mouchetées rouges. [1f bl], [1f], 574pp, [8f f-table], [2f bl].

Le recueil complet est en quatre tomes. Tome IV seul. Table :
@Détail des injustices que les particuliers peuvent se faire les uns aux autres dans leurs différentes conditions, à raison de vol ou larcin, ratione injustae acceptionis
@Détail des injustices qui se peuvent commettre par les seigneurs des fiefs envers leurs vassaux, ou par les vassaux envers leurs seigneurs...
@Détail des injustices que les sujets peuvent faire aux souverains...
@Détail des restitutions dont sont tenus les bénéficiers qui perçoivent ou emploient mal leurs revenus...
@Des restitutions qu'on est tenu de faire à raison du bien qu'on retient injustement, ratione injustae detentionis
@Des restitutions, ou réparations qu'on doit faire pour avoir causé du domage [i.e. dommage], ratione damni illati

Un minime trou de vers marginal en tout début d'ouvrage, intérieur parfait. Très bel exemplaire. 30 € + port

2 commentaires:

sebV a dit…

Ce n'est pas pour rien que le capitalisme s'est développé en terre protestante.
Je retournerai pour ma part la question : quel croyant ne fait pas des petits arrangements avec le dogme ?

Pierre a dit…

Tous, je crois, mais tous sont dignes d'être croyants. Les libraires d'ouvrages anciens en bénéficient car ils doivent beaucoup à la religion qui leur fournit de très beaux ouvrages à la vente ;-))