lundi 4 juin 2012

" L'Église et l'histoire " ou l'histoire ecclésiastique par L'abbé Rivaux…

Il est difficile de définir l'histoire de l’Église simplement comme le résidu ou la somme totale de "ce qui est arrivé". Les informations ont besoin d'être traduites en faits, et ces faits ont besoin d'être expliqués. Mais qui, à part Dieu, a accès à toutes les informations nécessaires ? Par conséquent, cette histoire a toujours été écrite par des auteurs ayant une information limitée des faits et une perspective parfois faussée. Ce qui ne veut pas dire que leur œuvre soit elle-même limitée, au contraire ! L'histoire ecclésiastique de Claude Fleury se présente, pour son édition de 1691, en 36 volumes in quarto ;-))


Nous avons donc plusieurs histoires de l'Église vues sous des jours très différents qui n'accordent pour certaines, aucune attention au développement de la spiritualité ou pour d'autres, aucun développement sur l'impact social, politique, économique et culturel de la foi chrétienne.


Je n'essaierai pas de résumer, en un seul article, l'histoire de l'église et je vous propose donc un ouvrage qui a cet avantage d'être condensé en trois volumes in-8, d'avoir été une référence au séminaire et d'avoir été écrit par un bon pasteur de l'église catholique, l'abbé Rivaux. Présenté sous forme chronologique, il permet également de se repérer facilement dans le temps.


Il n'est pas aisé, hors les textes des apôtres, de faire coïncider cette histoire ecclésiastique avec l'histoire tout court… C'est néanmoins la conversion de Constantin qui a procuré à l'Église des opportunités extraordinaires de proclamer l'Évangile à toutes les nations, et lui a apporté l'ordre nécessaire dans sa vie doctrinale et liturgique.


C'est ce développement spirituel qui a conduit au mouvement monastique avec un impact presque immédiat sur l'Église. Les évêques ont commencé à être recrutés parmi ceux qui avaient eu une certaine formation monastique. D'un autre côté, des nouveaux chrétiens issus des invasions imposèrent leur pouvoir. La plupart des envahisseurs barbares qui se sont tournés vers le christianisme après être entrés dans l'Empire romain se sont tournés vers l'Arianisme. Plusieurs des conversions étaient tribales plutôt qu'individuelles. Tel fut le cas avec les tribus des Francs sous Clovis (mort en 511). Dans plusieurs des cas, par conséquent, il y avait seulement une appréciation superficielle du contenu doctrinal de la nouvelle religion… donc, les pratiques superstitieuses et les vestiges de l'adoration païenne ont persisté pendant plusieurs siècles.


L'autorité ecclésiastique était habituellement réservée au chef guerrier. L'onction des rois était regardée comme un acte sacramental. Avec le développement du féodalisme, le système fut solidifié, préparant le chemin pour la grande lutte pour l'investiture entre les papes et les dirigeants des états, lutte à savoir qui nommeraient les leaders ecclésiastiques; l'État ou l'Église. C'est, par exemple, le roi Charlemagne, couronné par le pape Léo III comme empereur des Romains et protecteur et défenseur de la papauté, qui nommait tous les évêques et les abbés et présidaient tous les synodes.


Avec l'effondrement de l'empire carolingien, la papauté fut plongée dans des situations encore plus difficiles avec les attaques des Normands et des Sarrazins. Au cours du 11ème siècle cependant, une stabilité suffisante économique, sociale et politique était retournée en Europe. Le pape n'était plus seulement consacré. Il était couronné avec une tiare, un casque employé originalement par les dirigeants déifiés de Perse. Le rite de couronnement, si évocateur des prérogatives impériales, fut employé dans la confirmation de la papauté jusqu'en 1978, quand Jean-Paul I (mort en 1978) a choisi simplement d'être "installé" dans son nouveau "ministère pastoral suprême". Le pape Jean-Paul II, qui lui a succédé à la papauté le mois suivant, a aussi refusé la couronne. Le pape est devenu un ministre et non un seigneur…


Une ombre de taille à ce tableau, l'Inquisition qui fut l'un des chapitres les plus honteux de l'histoire ecclésiastique. Elle fut une période d'abus financiers intenses, et c'est peut-être ce qui a préparé, plus que n'importe quoi, le chemin de la séparation de l'Église et de la Réforme. Ce n'est qu'avec l'élection de Paul III en 1534 que la situation a commencé à changer. S'entourant de réformateurs certifiés, il a mandaté des étapes afin d'éliminer les abus. Un appel fut lancé pour réformer la curie romaine, particulièrement ses agissements financiers quand un concile fut finalement convoqué en 1545 dans la ville de Trente au nord de l'Italie.


Au cœur de la Contre-Réforme catholique fut la Société de Jésus, nouvellement établie, fondée par St. Ignace de Loyola, un ancien soldat. Si la Contre-Réforme a réussi, elle le doit premièrement aux efforts mondiaux et à l'imagination missionnaire de la société de Jésus. En même temps les 17e et 18e siècles furent marqués par la ferveur religieuse et la sainteté. Le 17eme siècle a été appelé le siècle des saints : St. Vincent de Paul (mort en 1660), St Jean Eudes (mort en 1680), Jean Jacques Olier (mort en 1657), Jacques Bossuet (mort en 1704), et surtout St. François de Sales (mort en 1622).


L'âge des lumières fut caractérisé par la raison, par sa vue optimiste du monde et de la nature humaine et par sa célébration de la liberté. Ce mouvement, qui avait une attitude hostile envers le surnaturel, provoquera la mise place définitive de la séparation de l’Église et de l'état. Aujourd'hui, le culte catholique est devenu un culte apaisé. Les croyants sont souvent discrets dans leur Foi ; les non-croyants se félicitent des jours de congés qui leur sont offerts pour courir dans les supermarchés ; les anticléricaux les plus virulents s'arc-boutent sur des dogmes politiques dépassés ; les prosélytes ne sont plus dans notre camp : Et c'est tant mieux !

Un bon ouvrage à lire avec le recul nécessaire aux convictions… Pierre


RIVAUX. Cours d'Histoire Ecclésiastique à l'usage des Grands Séminaires. Par L'Abbé Rivaux. Huitième édition complète en 3 volumes. Ouvrage retraçant de façon chronologique l'histoire ecclésiastique depuis le premier siècle de notre ère jusqu'au XIXè siècle. Le 3ème volume contient un tableau chronologique des Papes, empereurs, des principaux conciles, écrivains ecclésiastiques et sectaires ainsi qu'une table des matières. Lyon, Briday, 1886. 3 volumes in-8 reliés en demi basane tabac. 591 + 580 + 757 pages. Bon état intérieur et extérieur, quelques rousseurs. Vendu

6 commentaires:

Pierre a dit…

Peter Everaers, libraire hollandais (lila), sort à l'instant de la boutique. Il est presque rassurant de constater que les joies et les contraintes de ce métier sont les mêmes, quel que soit le pays !

Il transmet son bonjour aux lecteurs qui suivent ce blog. En hollandais c'est imprononçable ;-)) Pierre

Anonyme a dit…

:-) j'aime. Comme dirait Textor.
Bien à vous,
Sandrine

sebV a dit…

Se sont les anticléricaux les dogmatiques ? Un comble ! ;)

Pierre a dit…

Le terme était choisi à dessein ;-)) Il faut reconnaitre que le communisme qui n'a jamais été très tendre avec les prêtres, par exemple, repose sur des principes établis, des dogmes, qui en font parfois une religion d'état... Pierre

sebV a dit…

Exemple bien choisi. Dans les deux cas un message originel admirable et une mise en pratique désastreuse :)

Pierre a dit…

La pratique de la religion catholique n'a plus rien de désastreux, de nos jours (ce qui n'a pas été toujours le cas, j'en conviens !). Mais le catholique d'aujourd'hui doit-il encore payer pour la gestion du passé ? Nous sommes bien conscients de l'utilisation passée de la religion comme tremplin du pouvoir mais il est temps de ne plus en payer les conséquences, non ?

La république apaisée que nous apprécions de nos jours n'a pas eu, non plus, que des heures de gloire... Pierre