samedi 25 février 2012

Muscle et beauté plastique de la femme par Georges Hebert.

Georges Hébert (1875-1957), lieutenant de vaisseau comme Pierre Loti, son contemporain, fut un écrivain promoteur d’une méthode d’éducation physique naturelle, "l’hébertisme".

D'abord lieutenant de vaisseau, il devient directeur des exercices physiques dans la marine en 1910. En 1913, il est nommé directeur technique du Collège d’athlètes de Reims construit par le marquis Melchior de Polignac, ami de Coubertin. Il définit le sport comme « tout genre d'exercice ou d'activité physique ayant pour but la réalisation d'une performance et dont l'exécution repose essentiellement sur l'idée de lutte contre un élément défini, une distance, un danger, un animal, un adversaire [...] et par extension contre soi-même ».


Pour Georges Hebert, l’idéal esthétique du corps est le corps grec, c’est un idéal de santé et de beauté. Le but de l'auteur est de transformer le corps, par les pratiques et exercices qu'il prône dans ses livres, en statues grecques. Personnellement, j'ai essayé, ça marche…


C'est à l'occasion de ses voyages que l'enseigne de vaisseau Georges Hébert a l'occasion de constater la valeur athlétique des gabiers et indigènes. " Quoi ! Ces corps magnifiques, souples, agiles, adroits, endurants, résistants, n'avaient pas eu d'autre maître de gymnastique que les nécessités de la vie dans la nature ? ". De cette illumination naît sa méthode naturelle d'éducation physique. Encore fallait-il y penser...


Dans son ouvrage " Muscle et beauté plastique " paru en 1919 (c'est l'édition originale que je vous propose), Georges Hébert développe à propos de la femme ses théories sur la gymnastique naturelle. Il critique non seulement l’usage du corset mais aussi l’inactivité physique imposée aux femmes. " S’exercer, se développer, c’est, pour la femme, un véritable affranchissement, à la fois physique et moral. Au point de vue physique, certains maux qu’elle croit inhérents à son sexe disparaissent radicalement. C’est un des effets les plus caractéristiques, un des résultats les plus rapides de l’entraînement. Dans les périodes considérées généralement comme critiques (?), et dont la durée alors est considérablement abrégée (?), la femme entraînée n’est nullement affaiblie et elle pourrait fournir sans danger les efforts les plus violents ".


" Au point de vue moral, un changement complet de mentalité s’opère en elle. En même temps que sa force, elle prend conscience de sa valeur. L’obligation où elle se trouve, pour produire du travail physique, de calculer toutes sortes d’efforts, exerce sa volonté et développe son énergie, ainsi que les qualités d’action nécessaires à la lutte pour la vie. Elle acquiert ce don précieux : la confiance en soi. "


Vous constaterez que Georges Hébert cherche ses exemples de perfection esthétique soit dans les statues de l’antiquité gréco-romaine, soit chez les primitifs*. Derrière le discours libérateur s’affichent les préoccupations eugénistes de l'époque. Seules des femmes pleinement développées physiquement pourront mettre au monde des enfants sains et complets physiquement, capables de régénérer la race et d’affronter les combats qui se préparent... Pierre

* A l'heure où il est interdit d'écrire "Mademoiselle", je ne suis pas certain que ce terme de "primitifs" utilisé par l'auteur soit , lui aussi, autorisé. On pourrait avantageusement le remplacer par la courte locution "individus ancestraux qui n'existent plus depuis la fin des colonies"


HEBERT (Georges). L'Éducation physique féminine. Muscle et Beauté plastique. Paris, librairie Vuibert. Edition originale, 1919. Format in-8. Broché illustré de nombreux clichés et de nombreux dessins (78 planches photographiques et 58 figures dans le texte). Excellent état intérieur. Des usures sur la couverture. Vendu

9 commentaires:

pascalmarty a dit…

En 1919 le corset n'avait plus longtemps à vivre. C'est en 1906 que Paul Poiret a lancé les premières robes qui l'abandonnaient.
En 1906 aussi, Adolphe Appia découvre la gymnastique rythmique de Jaques-Dalcroze (ça évoque pas mal les dames en train de gambilloner en tenues pseudo-helléniques en début d'ouvrage), et ça lui inspire des espaces scéniques, uniquement constitués de plateaux à différentes hauteurs, de gradins et de plans inclinés qui, rejoignant les conceptions de Craig, ouvriront la voie à un renouvellement définitif du décor de théâtre. Celui-ci, échappant à son statut de simple décor devant lequel se déroule l'action, accédera petit à petit à celui de scénographie, c'est-à-dire l'art de faire fonctionner l'espace dans le temps.
Comme quoi la gymnastique mène à tout…

Nadia a dit…

Moi, perso, le corset, je viens d'y renoncer... je laisse tout tomber désormais.

Pierre a dit…

Nadia, cet aveu de sincérité nous va droit au cœur ;-))

Si je peux faire quelque chose pour vous soutenir... Pierre

Anonyme a dit…

Cette définition du sport me paraît précise comme un syndrome pathologique et me rappelle celle du tic, mouvement involontaire, spasmodique, localisé, pouvant reproduire en l'augmentant dans sa fréquence ou son amplitude un mouvement physiologique adapté à un but fonctionnel. En retirant "involontaire" ça colle presque, on a la définition du toc.
Ouf ! En suivant ces critères le football n'est pas un sport !

Jean-Michel

Pierre a dit…

En indiquant aux femmes qu'elles pouvaient faire du sport, Herbert doit être considéré comme un précurseur de la libération féminine. En leur indiquant qu'elles pouvaient faire du football, les instances sportives modernes ont indiqué à ces mêmes femmes qu'elles pouvaient maintenant être les égales de l'homme.

Cela promet ;-)) Pierre

Nadia a dit…

Pierre, file dans ta chambre !!!

Pierre a dit…

C'est l'égale de l'homme dans la médiocrité qui m'inquiète ! Pierre

Textor a dit…

Quand on voit les top-models dénichés par Hebert pour illustrer son ouvrage, on se dit qu'il était temps que les femmes se mettent au sport !

Anonyme a dit…

En effet, les sangles abdominales présentées par ces jeunes femmes n'appartenaient pas aux canons de l'époque.
L'erreur funeste, source de toutes les incompréhensions, est d'entendre "égalité" et de comprendre "identité".

Jean-Michel