jeudi 5 janvier 2012

Prévost-Paradol. Un grand libéral, un visionnaire, un homme d’honneur …

Lucien-Anatole Prévost-Paradol (1829-1870), professeur de littérature française, rédacteur au Journal des Débats, critique et polémiste n'était âgé que de 36 ans lorsqu'il fut élu à l'Académie en 1865. Les conditions dans lesquelles s'était faite cette élection soulevèrent alors de vives critiques. Il y survécu ! Quand il fut reçu par François Guizot, il se rallia à l'Empire libéral, fut nommé ministre plénipotentiaire aux États-Unis et se tira un coup de revolver dans le cœur en apprenant la déclaration de guerre Franco-prussienne. Il n’y survécu pas !


Son suicide passa inaperçu avec les préparatifs du conflit. C’est son œuvre visionnaire La France nouvelle , éditée en 1868, qui lui assure aujourd’hui une belle renommée car il y annonçait de façon prémonitoire la guerre redoutée avec l’Allemagne. Le succès de cet ouvrage, très-grand dès l’origine, revient à la sagacité inquiète de l’auteur. Dans un chapitre, il passe en revue les gouvernements qui se sont succédé en France depuis 1789 et constate, avec leur chute, nos échecs en quelque sorte périodiques. Dans un autre, il rassemble, sans les comprendre, les signes les plus apparents de la décadence d’un peuple. Et dans le dernier, enfin, qu’il appelle de l’Avenir, il mesure les forces de l’Allemagne unie et calcule les chances inégales de la France d’emporter la victoire dans un conflit.


Ne pouvant résoudre le problème de l’avenir, il se suicida… Reconnaissons aussi, qu’après l’épopée mexicaine de Napoléon III, le français n’était pas accueilli à bras ouvert de l’autre côté de la mare.


M. Prévost-Paradol avait accepté le poste de ministre de France ; il y fut nommé, le 12 juin ; il partit, le 1er juillet, pour s’y rendre. La veille, au Corps législatif, le principal organe du gouvernement déclarait en termes exprès « qu’à aucune époque le maintien de la paix en Europe ne lui avait paru plus assuré, et que, de quelque côté qu’il portât ses regards, il ne voyait aucune question irritante. » C’était bien avec cette confiance que M. Prévost-Paradol s’était embarqué pour l'Amérique. La politique et les affaires disait-il à ses amis, allaient lui laisser des loisirs ; il comptait les employer à poursuivre, sur cette grande et singulière nation, les études admirablement faites en son temps par M. de Tocqueville, mais auxquelles trente-cinq nouvelles années, dans la vie d’un peuple si prompt à développer sa puissance, exigeaient impérieusement, selon lui, qu’il fût donné une suite.


Mais, tandis que le navire portait le ministre aux Etats-Unis dans le salon du La Fayette, la guerre éclate. Prévost-Paradol avait bien songé par moments à cette guerre ; il l’avait même annoncée dans la France nouvelle, mais idéalement en quelque sorte et dans le vague indéterminé du temps ; il ne l’attendait certainement pas à si courte échéance. Il tombera foudroyé, le 19 juillet. Il ne voulait sans doute pas connaitre Sedan….


Je vous propose, aujourd’hui, de retrouver cet auteur dans sa cinquième édition (1868) de la France Nouvelle [immédiatement à la suite de l’originale] et à travers une excellente biographie faite par Alfred Aubert dans une édition de 1931. Une bonne façon de comprendre l’histoire de la France… Pierre


Prévost-Paradol (Lucien-Anatole). La France nouvelle. Paris Michel Levy frères, 1868. Broché in-8 de 419 pages sur papier sans rousseurs. Très bel état. 26 € + port

AUBERT (Alfred). Un grand libéral. Prévost-Paradol. Sa vie, son œuvre, son suicide. Paris Bibliothèque Charpentier, 1931. Fasquelle éditeur. 2dition complète en un volume. Broché in-8 de 192 pages. Belle gravure en frontispice. Très bon état. 14 € + port

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Faut-il le compter comme victime de guerre? Sa veuve a-t-elle touché une pension ?
Je retiens de cette chronique intéressante que les académiciens étaient jeune à l'époque, alors qu'aujourd'hui ce n'est plus le cas et ce n'est pas Philippe Gandillet qui rattrappe la moyenne !!
Textor

Anonyme a dit…

J'adore le "sarcastisme" de Textor !

Nadia

Pierre a dit…

Je viens de faire une recherche rapide. Il me semble que l'Académicien le plus jeune en ce moment a 62 ans (Amin Maalouf). Soit à peine 5 ans de plus que Ph Gandillet...

A ce propos, quelques lecteurs sont surpris de ne pas trouver le nom de ce dernier dans la liste des Académiciens. Certains pourraient même douter de sa présence, c'est normal ! Il faut savoir que Ph Gandillet est le seul membre de l'assemblée à occuper, à vie, un siège vacant. C'est une âme errante... Pierre

calamar a dit…

Philippe Gandillet a 57 ans, certes, mais depuis quelle République ?

Pierre a dit…

Plutôt la troisième, en effet ! Pierre