mercredi 25 janvier 2012

La Jérusalem délivrée, par Le Tasse, édition de 1814. Ecrasons les infâmes !

La Jérusalem délivrée (La Gerusalemme liberata) est un poème épique écrit en 1581 par Le Tasse, retraçant un récit (fiction) de la première Croisade, au cours de laquelle les chevaliers chrétiens menés par Godefroy de Bouillon combattent les Musulmans (Sarrasins) afin de lever le Siège de Jérusalem. Le poème raconte la désunion et les échecs des chrétiens et leur victoire finale. Voici le scénario d'un des chants (les autres sont à l'unisson) : Sophronie, une chrétienne de Jérusalem, s'accuse d'un crime pour empêcher le massacre des Chrétiens par un roi musulman. Pour la sauver, son amant Olinde s'accuse à son tour, et chaque amant plaide pour sauver l'autre... Des intrigues dans le plus pur style chevaleresque, vous le constaterez !


La vie de l'auteur de ce best-seller de l'époque, Le Tasse (1544-1595), a suscité l’intérêt de bien des artistes. Génie précoce, il s’oriente vers la poésie au désespoir de son père, et s’attache à la cour d’Este à Ferrare. Son caractère ombrageux, son souci maladif de la perfection poétique et une probable fragilité psychologique (délire de persécution, auto-accusation d’hérésie…) lui valurent d’être enfermé, comme fou, à l’hopital Sant’Anna, de 1579 à 1586. La Jérusalem délivrée fut publiée une première fois, à son insu, en 1580.


Dans la littérature européenne, La Jérusalem Délivrée occupait il y a encore peu de temps une place des plus importantes. Et pourtant, les qualités dominantes de ce poème épique, celles qui révèlent bien la nature du génie du Tasse et qui le font passer alors au rang des classiques, à la fois appréciés par le peuple mais aussi par les gens cultivés, ces qualités ont été oubliées... Le nom de l'auteur est resté gravé dans nos mémoires grâce aux nombreuses interprétations qu'en ont faits les peintres jusqu'au 19eme siècle, mais de là à le lire, il y a un fossé que le temps risque de creuser. C'est ainsi !


Ici, le héros, c'est, en principe, Godefroy de Bouillon, chef de la Première croisade. Et le point culminant de l'épopée, c'est, bien entendu, la prise de la Cité Sainte. Vous constaterez que cela n'est qu'une apparence.


Le Tasse achève le tout dans sa trente-et-unième année et les ennuis commencent alors pour lui. Tout d'abord, il n'a pas le courage d'obéir à son instinct, qui lui dicte de publier telle-quelle La Jérusalem Délivrée. Pris de scrupules, il envoie son manuscrit à plusieurs libraires de ses amis en assurant ceux-ci de son désir d'entendre leurs critiques et d'adopter leurs suggestions, à moins, bien entendu, que lui-même ne parvienne à les convertir à ses vues.


Le résultat ne se fait pas attendre : Tout en s'accordant avec admiration sur le côté épique du poème, chacun émet des réserves qui sur l'intrigue, qui sur le titre, qui sur le ton moral de l'ensemble, qui sur certaines scènes, etc ... L'un souhaiterait une régularité plus classique, l'autre plus de romanesque. Un troisième laisse entendre que l'Inquisition ne tolèrera pas l'attirail surnaturel qui encombre l'oeuvre et le quatrième réclame des coupures dans les passages pourtant les plus charmants, comme les amours d'Armide, de Clorinde et d'Erminie… Il ne faut donc jamais écouter les éditeurs si l'on veut être publié !


L'ouvrage que je vous propose à la vente aujourd'hui est dans une fort belle présentation, sur beau papier et illustré de nombreuses gravures sur acier à pleine page. Il ravira le lecteur comme le simple possesseur ou l'amateur éclairé.


Écrasons les Infâmes ! Telle était la devise d'une Chanson de Croisade de Thibauld de Champagne. Plaise à Dieu que l'avenir nous épargne, au Nigeria comme dans tout le Moyen-Orient musulman, qu'il ne vienne à l'idée des extrémistes des deux bords religieux de se ranger derrière cette ancienne bannière honteuse… Pierre


TASSE, LE (Torquato Tasso). Jérusalem délivrée, Poème traduit de l'Italien. Nouvelle édition revue et corrigée, enrichie de la vie du Tasse. Bossange et Masson, 1814. 2 volumes in-8. Reliure pleine basane racinée, roulette encadrant les plats, dos lisse orné de motifs, fleurons et filets dorés, page de garde en papier coloré, toutes tranches dorées, filets sur les coupes. Portrait en frontispice et 19 planches hors texte. Tome I : [4ff], xcij, 328 pp,[1f bl]. Tome II : [4ff], 376 pp.[1f bl]. Bon exemplaire sur beau papier sans rousseur bien complet du portrait et des planches hors texte. Petits défauts de reliure. 75 € + port

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