samedi 5 février 2011

La syntaxe française du XVIIeme siècle par HAASE.


Nous découvrons à chaque billet du blogue de Pierre Bouillon, ici, l'évolution de notre langue française à travers l'étude des huit éditions du dictionnaire de l'Académie française. Je dois reconnaître que c'est la période du "Grand siècle" qui m'intéresse le plus car c'est à cette époque que les changements ont été les plus audacieux tant pour ce qui est du vocabulaire que de la syntaxe. C'est cette dernière qui est étudiée dans l'ouvrage que je vous propose aujourd'hui à la vente.

La France était, au XVIIe siècle, la plus grande puissance démographique et militaire de l'Europe. De plus, le pays était gouverné avec autorité par des fortes personnalités : Henri IV, puis Richelieu, Mazarin et Louis XIV, qui domina son époque pendant plus de cinquante ans. Imposé par les souverains, le français était dorénavant considéré à égalité avec ce qu'on croyait être alors comme les trois "langues du bon Dieu": L'hébreu, le grec et le latin…


Le puissant cardinal Richelieu créa l'Académie française en 1635, qui fut chargée de faire un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique, et de prendre soin de la langue. Les tâches de l'Académie française ont été fixées en 1637. Elle devait nettoyer le français des "ordures" qu'il avait contractées dans la bouche du peuple et sa fonction principale était de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à la langue française. Il s'agissait essentiellement de privilégier la langue parisienne aux dépends des patois provinciaux et régionaux qui étaient légion ou des langues comme le breton… Breizh rannvro a adsavo he fenn dizale !


Les langues régionales de France perdirent tout prestige dans le nord, sans disparaître pour autant, mais les élites locales passèrent toutes au français, et l'aristocratie du sud fit aussi des efforts en ce sens. Placée entre les mains des habitués des salons et de la cour de Louis XIV, la langue littéraire finit par être celle du monde élégant et cultivé, c'est-à-dire 1 % de la population ! Son vocabulaire s'enrichit mais son orthographe fut simplifiée. Quant à la phrase, elle se raccourcit dès le début du règne de Louis XIV. On délaissa les longues phrases guindées de Corneille, ce que je regrette car le temps d'exprimer une idée alambiquée vous donnait le temps de réfléchir à vos propos… Dans la grammaire, on promulgua la disparition du S du pluriel dans la prononciation, lequel reste, depuis, uniquement un signe orthographique.


En ce siècle d'organisation autoritaire et centralisée, ce sont les grammairiens qui façonnèrent la langue à leur goût. Les spécialistes de la langue de l'époque préconisaient l'usage d'un vocabulaire "élégant". Tout comme les sujets de Louis XIV, les mots furent regroupés par classes. Le vocabulaire ne comprenait que les termes permis à l'"honnête homme" et s'appuyait sur la tradition du "bon usage" de Claude Fabre de Vaugelas (1585-1659), le plus célèbre de tous les grammairiens. Celui-ci publia en 1647 les Remarques sur la langue française qui l'on littéralement rendu immortel… Fait à noter, il fallut près de trois siècles à l'Académie pour publier sa grammaire, c'est-à-dire en 1935. La syntaxe française du XVIIeme siècle de Haase qui lui est adossée arrive, elle aussi, bien tard…


Terminons par les propos de l’empereur Charles Quint (1500-1556), polyglotte, qui disait en parlant des langues de l'Europe : "Je parle anglais aux commerçants, italien aux femmes, français aux hommes, espagnol à Dieu et allemand à mon cheval " C’est peut-être une blague, mais elle nous permet de constater que l'esprit des langues n'a pas tellement changé depuis cette époque... Pierre

HAASE A. Syntaxe française du XVIIeme siècle. Nouvelle édition traduite et remaniée par M. Obert avec l'autorisation de l'auteur. Ouvrage couronné par l'Académie française. PARIS 1935. Exemplaire broché non coupé, format in-12, IX- 448 pp. Bon état. 15 € + port

6 commentaires:

pascalmarty a dit…

Ah, la syntaxe ! Si elle n'existait pas, je me serais volontiers chargé de l'inventer. Mais peut-être pas à moi tout seul, car c'est vrai qu'elle recèle parfois bien des subtilités.
Quant à celle du XVIIe, elle a une saveur bien à elle (au fait, avez-vous remarqué toutes les affinités qui peuvent exister entre langue et cuisine ?).
Il y a quelques années j'avais osé fabriquer un faux conte de La Fontaine. Mais effectivement en me fiant plus à l'odeur qu'à la science. Ce bouquin serait parfait pour vérifier si mon intuition avait quelques fondements.

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Vous pourriez vous jeter dans l'arene jusqu'à le mettre en ligne pour que tout le monde en profite. Tant qu'on y est.
A cette grande heure du partage sur internet et du respect de la langue, un exercice de style est une gageure.
Bien à vous.
sandrine

Pierre Bouillon a dit…

Bonsoir Pierre,
Veuillez me garder ce livre. Merci pour le lien vers mon blogue.
Pierre B.

Pierre a dit…

Il est à vous, Pierre. D'ailleurs, je me doutais que si vous ne l'aviez pas, il vous intéresserait. Se munir d'un coupe papier pour la lecture ;-))

Wall a dit…

Le Vaugelas est assez génial à lire, je l'ai trouvé passionnant! J'ai la chance d'en avoir un exemplaire de l'EO à portée de main!

Il y a de nombreux articles qui seraient à ressortir à mon avis, surtout pour les passionnés du français!

Wall

Pierre a dit…

Thank you very much for the praizes that go straight to my heart! You know you have a pretty nickname ?

Friendly. Pierre ;-))